HISTOIRE- BIBLIOTHÈQUE
D’ALMANACH-RÉCITS CONTRIBUTEURS-« MOHAMED BEN AHMED DIT COMMA NDANT
SI MOUSSA »
Mohamed
Ben Ahmed dit commandant Si Moussa. .Recueil
de récits historiques de contributeurs. Ennadar
Editions, Oran 2017, ????
dinars, 177 pages.
Durant l’occupation coloniale, il était instituteur
, il était à l’aise matériellement, il était solidement positionné dans
la ville d’Oran ,il parlait d’égal à
égal avec des personnalités qui avait un rayonnement national (Ferhat Abbas,
Ahmed Francis, Cheikh Brahimi, Hocine Lahouel, Benyoucef Benkhedda....) , il n’était pas ce que l’on appelait un militant
de base ou un mécène politique . Une
véritable figure singulière dans la
mesure où cet homme ne déployait pas ses
activités politiques en fonction d’un plan de carrière. D’ailleurs, il a
transité par plusieurs formations politiques (Djamaïat
El Oulama de Ben Badis en
1940 et il fut un des dirigeants de la première médersa El Falleh
fondée en 1938 à Oran , Udma
en 1947 , Mtld en 1952 , Fln en 55 , Aln en 56) ce qui
démontrait l’existence d’un esprit libre et d’un refus du sectarisme.
Avril 1956 : il quitte la ville et
rejoint le maquis Aln....Un long parcours débuté
d’abord sous les ordres d’un jeune officier « sévère, peu communicatif et
doué d’un sens aigu de la discipline et de l’organisation »......Lotfi. Sa
fille, Fatima –Zohra, onze ans , est alors assassiné à
sa sortie de l’école Pasteur de M’dina J’dida ( 25
mai 1957) à Oran par les gardes territoriaux. Sous le nom de guerre de
« Mourad », il dirigera un « commando » qui deviendra assez
vite fameux par ses exploits et redouté par l’ennemi. Le quotidien
français « Le Monde » avait
publié des articles où le nom du Commandant Mourad était largement cité. La
bataille du Djebel Amor qui dura toute une semaine
(début octobre 56) reste encore dans les mémoires. 1959 : il est
commandant et il rejoint les armées de l’Aln aux
frontières. Il y deviendra commandant des forces armées à la frontière Est
(Tunisie). Juillet 61....démission de l’état-major conduit par Boumediène ,
le commandant Moussa est nommé , par B. Benkhedda,
Chef d’état-major de l’Aln. Une décision qui ne sera
jamais appliquée....Boumediène ne commente
pas.....mais on note qu’ « il a empêché bien des officiers de l’Ouest
d’accéder au grade de colonel ! »
L’Indépendance...il implante un maquis dans
l’Ouest du pays (« pour combattre le régime de Ben Bella-Boumediène » et aucun lien organique avec le Ffs.....sinon
l’appartenance au Cndr ) . Arrêté en 63 et condamné à mort. Libéré en 1965. Il se
retire de la vie politique , faisant savoir que
« le socialisme bureaucratique est une voie sans issue , une source de
corruption ....» .Trop imprégné de culture démocratique , de
convictions républicaines , de modernité et de libéralisme . Pas du tout porté pour les dictatures populistes.Un
insoumis mais un légaliste (par
conviction et poar culture) .
Aucune
fascination pour le pouvoir et son exercice. D’ailleurs ,
il n’a demandé- sous la pression d’amis-
son « attestation communale » qu’en 1993, pour assurer un
minimum de protection sociale à son épouse s’il venait à disparaître....et
c’est seulement en 2001 qu’il a obtenu un logement décent ( A noter que A.
Bouteflika l’a toujours apprécié ..déjà durant la
guerre de libération...surtout pour sa fine
intelligence et son franc-parler). « Un homme coriace
et ferme, un résistant à toute épreuve, intraitable » (Mohamed Belaroui)
Il décèdera en 2004 à l’âge de 84 ans, après
une longue maladie. Un « héros oublié »....mais une vie bien remplie
et dont beaucoup se souviennent avec respect et admiration, certes pour ses
exploits, ,
mais avant tout pour son amour et sa
défense de la Liberté sous toutes ses formes ..dans
la dignité.
Les Auteurs :
B. Benachour, B. Mediène,
L. Addi, M. Belaroui, Boualem Bessaih, A. Bessaih, A. Bousselham, Rahal R. , Ghedider M, Cherfaoui
M......et plusieurs autres témoignages. Photos et documents en annexe.
Extraits :
« Il était idéaliste, c’est sûr » (B. Benachour,
p 14), « Pour lui, le seul moyen d’accéder à une fonction de pouvoir passe
par le jeu démocratique et les compétitions électorales et des valeurs et
l’éthique des temps de guerre deviennent des valeurs et une éthique citoyennes » (B. Mediène,
p 17), « Il est porteur d’une conduite politique basée sur des principes
de collégialité, de démocratie et de modernité » (B . Mediène, p 35), « Sa force dans le dabt
et dans l’analyse, c’est qu’il ne voit pas le monde d’en haut ;il le voittoujours d’en bas, comme s’il habitait toujours son Hamri natal » (L. Addi, p
38), « Un des rares baroudeurs instruits, démentant cette image qu’un
intellectuel est peu porté à l’action » (L. Addi,
p 39), « Après le congrès de Tripoli, les changements importants étaient
intervenus aux frontières. Ils furent l’œuvre d’un jeune officier, le
Commandant Moussa. Chargé de l’intendance, il avait fini par mettre de l’orde là où il régnait le désordre » (Ferhat Abbas . p 131. Extrait de « Autopsie d’une guerre »)
Avis : « La
vie de Moussa est un sujet de thèse universitaire en histoire, tant elle est
riche en enseignements sur la génèse du système
politique algérien » (L. Addi). Mais attention à
la mise en page , et il y a même un
« cahier » en double (p 83 à 95) .
Citations : « L’Algérie n’aurait pas dû opter pour le régime du parti unique
et pour le socialisme qui n’était qu’un subterfuge de l’armée pour
gouverner » (Mohamed Ben Ahmed dit commandant Si Moussa, cité par L. Addi, p 45) « Boumediène
avait succombé à l’exercice du pouvoir confondant l’Etat avec l’administration.
Il n’avait aucune idée de ce qu’est un Etat de droit.Pour
lui, la séparation des pouvoirs de Montesquieu est une idée réactionnaire
destinée à affaiblir le pouvoir révolutionnaire » (Mohamed Ben Ahmed dit
commandant Si Moussa, cité par L. Addi, p 46)