HISTOIRE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH-
RÉCIT MOHAMED FREHA- « ORAN,1937-1962..... »
Oran, 1937-1962. Une ville témoigne.Récit historique de Mohamed Freha . Ennadar
Editions (Présenté par Bouziane Ben Achour et Noredine
Khib Chibani) , Oran
2017, ???? dinars, 190 pages.
D’emblée, le lecteur est plongé dans la lutte . Avec une chronologie des événements à partir de
Juillet 1937......qui nous décrit un meeting tenu dans un garage (rue de
Tlemcen) animé par .....Messali Hadj qui a tracé les
nouvelles lignes du nouveau parti politique ....1939.....1941.....1er
mai 1945.....8 mai 1945 (47 enfants orphelins des victimes de la répression
aveugle colonialiste : 40 garçons et 7
filles pris en charge par des familles
oranaises aisées)....Avril 1949 et la fameuse attaque de la Grande Poste (Place
de la Bastille) , par un commando
de l’Os : 3 millions de billets emportés (selon la presse de l’époque)....... Février
1950 et la grève des dockers en solidarité avec le peuple vietnamien ......Août
1954 : création, d’une cellule du Crua par Hadj
Ben Alla et Boussouf...et, enfin , le 1er
Novembre 54 avec l’attaque programmée (mais avortée) de la poudrière d’Eckmül
où étaient entreposées des armes , par un commando dirigé par Cheriat Ali Chérif , l’auteur du premier coup de feu à
Oran, qui , arrêté, sera guillotiné le 28 janvier 1958 . Premier martyr de la
guerre de libération nationale : Zeddour Brahim Belkacem (arrêté le 2, relâché puis arrêté de nouveau le 5
novembre et porté disparu). François Mitterand, alors
ministre de l’Intéreur viendra à Oran, le 10
novembre.......Peine perdue, la Révolution était en marche. La branche armée du
Fln comptera, dès le début de l’année 1956, plus de 450 membres répartis en cellules de quinze personnes chacune . Oran va ainsi vivre au rythme de la lutte et des
attentats , de la clandestinité, des arrestations, de la torture (tout
particulièrement dans les fermes isolées :dont celles de Sid Cara , des Bendaoud, Sarsaillon, Boutlélis, Roux,
Colins, Chollet...) , des grèves , des offensives, des condamnations , des
emprisonnements et des meurtres, des exils , des manifestations, des exécutions extra-judiciaires et collectives , des incendies monstres (ex : incendie du
port d’Oran , 25 mars 1962 qui dura trois jours) .....mais , aussi, en raison
d’une très forte population d’origine
européenne, avec une idée en tête, la politique de la « terre
brûlée » à défaut du
« partage » du pays (en tentant de « vider »
Oran de sa population musulmane) D’où
les exactions d’extrémistes et
d’ultras : kidnappings de prisonniers ou de malades dans les hôpitaux ,
lynchages de simples citoyens et plasticages de domiciles et de magasins par
« La Main rouge » , la « Faf » et l’ « Oas »,
celle-ci créée en juin 1961....bien souvent sous les ordres des militaires et
officiers félons, déserteurs, dont des généraux (ex : Jouhaud,
Gardy...) ....encouragés par des prêcheurs de
violence comme l’Evêque Lacaste et le Rabbin Eskinazi et
, comme toujours dans ces moments-là, des gangsters (Georgopoulos,
Dubiton, Gonzalès, Molina,
Charles et Claude Michelleti...) qui , profitant de
la confusion, feront la « tournée » des banques avant de se réfugier
en Espagne et en Amérique latine avec leurs magots) .
L’Indépendance. Oran en fête se souvenant des martyrs. Et, cela duira jusqu’au 5 juillet 1962. Des dizaines, des centaines, des
milliers, ...et bien d’autres disparus.
Ainsi, en février 1965, on a retrouvé au lieu-dit « Le Rocher », dans
la périphérie d’Oran, 350 squelettes dans un puits à un jet de pierre d’une
caserne militaire.La ville compte plus de cent
cinquante femmes assassinées par l’Oas entre décembre
1961 et juin 1962......dix-sept adolescentes disparues, plusieurs dizaines
d’européens tués par l’Oas et les ultras ( surtout
des communistes et des européens libéraux dont on a si peu parlé
jusqu’ici : Me Thuveny en 1959.....voir une
liste indicative , p 188)....30 condamnés à mort guillotinés (à la prison civile, p 189) et 12 autres
fusillés (à Canastel, p 190) ...
L’Auteur : Mohamed
Freha, un « infatigable arpenteur de la mémoire
de la cité de Sidi-el Houari, sa ville natale », « soutenu
, encouragé , conseillé et assisté moralement » par Bouziane Benachour,
Tahri Djillali, Noredine Khib Chibani,
Soufi Fouad, Douaidi Amal, Cherfaoui
Mohamed, Benhalima Mohamed, Taouche
Benaouda, Sahri Fadila et Bourehia Lazerag.
Extrait : « Ce
document.....tend à mettre un terme aux détracteurs qui veulent nier ou
minimiser le rôle majeur et décisif des martyrs du Mouvement national avant et
pendant la guerre de libération dans la ville d’Oran et ses environs « ( Mohamed Freha, p 14) ,
Avis : Un
ouvrage historico- documentaire utile et pédagogique pour compléter ses
connaissances sur l’histoire de la ville d’Oran . Une
initiative à dupliquer dans les autres villes et (gros) villages du pays.....afin
de monter et de démontrer que la Révolution algérienne a été
, aussi, et peut-être surtout,
animée et supportée par les populations algériennes citadines....qui l’ont payé
assez cher...et auxquelles , mis à part celles Alger et de sa Casbah, on n’a
pas encore assez rendu justice. Vivement
des « Freha » partout !
Citation : « Evidemment,
ce qui s’est passé, il y a plus d’un demi-siècle, semblera ,
aux yeux du jeune Algérien (.....), dans la « galaxie » Algérie de ce
21è siècle, comme des « histoires » d’un autre âge » (N. Khib Chibani, p 10)