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Récit Mohamed Freha -"Oran, 1937-1962....."

Date de création: 07-04-2019 18:40
Dernière mise à jour: 07-04-2019 18:40
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HISTOIRE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- RÉCIT MOHAMED FREHA- « ORAN,1937-1962..... »

Oran, 1937-1962. Une ville témoigne.Récit historique de Mohamed Freha . Ennadar Editions (Présenté par Bouziane Ben Achour et Noredine Khib Chibani) ,  Oran 2017, ???? dinars, 190 pages.

D’emblée, le lecteur est plongé dans la lutte . Avec une chronologie des événements à partir de Juillet 1937......qui nous décrit un meeting tenu dans un garage (rue de Tlemcen) animé par .....Messali Hadj qui a tracé les nouvelles lignes du nouveau parti politique ....1939.....1941.....1er mai 1945.....8 mai 1945 (47 enfants orphelins des victimes de la répression aveugle colonialiste  : 40 garçons et 7 filles  pris en charge par des familles oranaises aisées)....Avril 1949 et la fameuse attaque de la Grande Poste (Place de la Bastille) ,   par un commando de l’Os : 3 millions de billets emportés (selon la presse de l’époque)....... Février 1950 et la grève des dockers en solidarité avec le peuple vietnamien ......Août 1954 : création, d’une cellule du Crua par Hadj Ben Alla et Boussouf...et, enfin ,  le 1er Novembre 54  avec l’attaque programmée (mais avortée)  de la  poudrière d’Eckmül où étaient entreposées des armes , par un commando dirigé par Cheriat Ali Chérif , l’auteur du premier coup de feu à Oran, qui , arrêté, sera guillotiné le 28 janvier 1958 . Premier martyr de la guerre de libération nationale : Zeddour Brahim Belkacem (arrêté le 2, relâché puis arrêté de nouveau le 5 novembre et porté disparu). François Mitterand, alors ministre de l’Intéreur viendra à Oran, le 10 novembre.......Peine perdue, la Révolution était en marche. La branche armée du Fln comptera, dès le début de l’année 1956, plus de 450 membres  répartis en cellules de quinze personnes chacune . Oran va ainsi vivre au rythme de la lutte et des attentats , de la clandestinité, des arrestations, de la torture (tout particulièrement dans les fermes isolées :dont celles de Sid Cara , des Bendaoud, Sarsaillon, Boutlélis, Roux, Colins, Chollet...) , des grèves , des offensives, des condamnations , des emprisonnements et des meurtres, des exils ,  des manifestations, des exécutions extra-judiciaires et collectives ,  des incendies monstres (ex : incendie du port d’Oran , 25 mars 1962 qui dura trois jours) .....mais , aussi, en raison d’une très forte population  d’origine européenne, avec une idée en tête, la politique de la « terre brûlée » à défaut du  « partage » du pays (en tentant de « vider » Oran  de sa population musulmane)  D’où  les exactions d’extrémistes  et d’ultras : kidnappings de prisonniers ou de malades dans les hôpitaux , lynchages de simples citoyens et plasticages de domiciles et de magasins par « La Main rouge » , la « Faf » et   l’ « Oas », celle-ci créée en juin 1961....bien souvent sous les ordres des militaires et officiers félons, déserteurs, dont des généraux (ex : Jouhaud, Gardy...) ....encouragés par des prêcheurs de violence comme l’Evêque  Lacaste et le Rabbin Eskinazi et , comme toujours dans ces moments-là, des gangsters (Georgopoulos, Dubiton, Gonzalès, Molina, Charles et Claude Michelleti...) qui , profitant de la confusion, feront la « tournée » des banques avant de se réfugier en Espagne et en Amérique latine avec leurs magots)  .

L’Indépendance. Oran en fête  se souvenant des martyrs. Et, cela duira jusqu’au 5 juillet 1962.  Des dizaines, des centaines, des milliers,  ...et bien d’autres disparus. Ainsi, en février 1965, on a retrouvé au lieu-dit « Le Rocher », dans la périphérie d’Oran, 350 squelettes dans un puits à un jet de pierre d’une caserne militaire.La ville compte plus de cent cinquante femmes assassinées par l’Oas entre décembre 1961 et juin 1962......dix-sept adolescentes disparues, plusieurs dizaines d’européens tués par l’Oas et les ultras ( surtout des communistes et des européens libéraux dont on a si peu parlé jusqu’ici : Me Thuveny en 1959.....voir une liste  indicative , p  188)....30 condamnés à mort  guillotinés (à la prison civile, p 189)  et 12 autres  fusillés (à Canastel, p 190) ...

 

L’Auteur : Mohamed Freha, un « infatigable arpenteur de la mémoire de la cité de Sidi-el Houari, sa ville natale », « soutenu , encouragé , conseillé et assisté moralement » par   Bouziane Benachour, Tahri Djillali, Noredine Khib Chibani, Soufi Fouad, Douaidi Amal, Cherfaoui Mohamed, Benhalima Mohamed, Taouche Benaouda, Sahri Fadila et Bourehia Lazerag.

Extrait : « Ce document.....tend à mettre un terme aux détracteurs qui veulent nier ou minimiser le rôle majeur et décisif des martyrs du Mouvement national avant et pendant la guerre de libération dans la ville d’Oran et ses environs « ( Mohamed Freha, p 14) ,

Avis : Un ouvrage historico- documentaire utile et pédagogique pour compléter ses connaissances sur l’histoire de la ville d’Oran . Une initiative à dupliquer dans les autres villes et (gros) villages du pays.....afin de monter et de démontrer que la Révolution algérienne a été ,  aussi, et peut-être surtout, animée et supportée par les populations algériennes citadines....qui l’ont payé assez cher...et auxquelles , mis à part celles Alger et de sa Casbah, on n’a pas encore assez rendu justice.  Vivement des « Freha » partout !

Citation : « Evidemment, ce qui s’est passé, il y a plus d’un demi-siècle, semblera , aux yeux du jeune Algérien (.....), dans la « galaxie » Algérie de ce 21è siècle, comme des « histoires » d’un autre âge » (N. Khib Chibani, p 10)