POPULATION- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH-
ROMAN CHAWKI AMARI- « LE FAISEUR DE TROUS »
Le Faiseur de trous. Roman de Chawki Amari. Editions Barzakh, Alger
2007. 550 dinars, 138 pages.
Le Sahara. Entre Laghouat, Tam, Adrar
, Bordj Badji Mokhtar
, Illizi et Djanet. L’Agaggar. Le Tidikelt, le
Tassili N’Ajjer . Le désert. Les routes, la grande
route sans fin ...parsemée de trous. Le soleil. La chaleur. Le désert.
Mais aussi , des hommes. Ils y vivent. Ils vont et
viennent. Pour fuir on ne sait trop quoi. Pour retrouver quelque chose d’autre.
De l’humanité peu-être ? De la solitude et le
calme, peut-être ? Ils y espèrent en tout cas.
Et ils sont, ne vous y fiez pas, nombreux. On
les croise souvent . Ce sont ces personnages que l’auteur décrit : Aissa
et Moussa les cantonniers qui passent leur temps, dans la bonne humeur, (c’est leur mission sacrée) à boucher les
(maudits, car destructeurs des amortisseurs et des pneux
des véhicules ) trous de la grande route.....mais
seulement les trous de leur wilaya. Trabelsi , le routier qui essaie de commercialiser tout et rien
....tout heureux de savoir qu’il lui était née une fille. Yassina,
la « restauratrice » , propriétraire d’un
« café » au milieu de nulle part
et sa protégée et compagne, l’encore
belle Rimiti (surnommée ainsi en raison
de 3 – ou ,peut-être, 4 ou bien plus -
mariages au compteur et une ribambelle de gosses éparpillés) , Ammi Fota , un vieux retraité de la Sonelgaz
(femme morte et cinq enfants partis en Europe), vieil intellectuel
francophone, devenu gérant de camping
( !?), Lakhdar,
le jeune gendarme toujours en patrouille et
toujours taciturne, pensant
certainement à Guelma sa ville natale, Afalawas le
beau Targui de Tazrouk, le village habité le plus haut d’Algérie...et
toujours énervé contre l’Etat « qui est partout mais qui semble être
contre tout ».Et, il y a Akli, venu du Nord , troueur impénitent, creusant et creusant encore des trous.
Des petits, des moyens et des grands. Des verticaux et des horizontaux.
Cherchant sous le sable de l’histoire.
Cherchant sans cesse des restes de
civilisation(s) proto-berbères et/ou sahariennes, la région supposée en être le berceau et le carrefour .Que sont-elles
devenues, mises à part les peintures rupestres et quelques rares tumulus.A
-t-il trouvé le secret ? Ou,
a-t-il trouvé qu‘il n’y a rien à trouver ? Questions restées sans réponse comme
d’ailleurs pour les autres destinées humaines rencontrées.Le
Sahara est si grand....et seul ce qui est liquide (eau, gaz, pétrole)
intéresse tous les autres « troueurs ». D’ailleurs, il finira restaurateur....à
Oran .Spécialisé dans les mets.....
sahariens.
L’Auteur : Né en
1964, géologue de formation, caricaturiste,
illustrateur et journaliste-chroniqueur (Chronique « Point
Zéro »/ El Watan-quotidien)......connu et
reconnu pour son talent et son impertinence . Auteur
de romans ,
de recueils de nouvelles, de récit...
.... Plusieurs ouvrages collectifs
Extraits : « Quest-ce qu’un dromadaire sinon le contraire d’un trou ?
Une grosse bosse, c’est un trou à l’envers. Inversez un dromadaire et posez-le
par terre. Ça fera un gros trou dans le sable. Ou pas. » (p 9)
Avis :
Une narration nonchalante mais
magique qui fait découvrir et aimer le Sahara
Citations : « On
aime les femmes quand elles sont filles et on les déteste –à moins qu’on soit
fou d’elles- quand elle sont femmes « (pp16-17) ,
« Il suffit de voir la carte du Sahara, aucune route ou presque n’est
orientée est-ouest, elles sont toutes nord-sud. On n’échange pas avec ses
voisins, mais avec ses contraires. Ceux du Nord quand on est du Sud » (p
40),