RELATIONS INTERNATIONALES- BIBLIOTHÈQUE
D’ALMANACH- ROMAN JAOUDET GASSOUMA - « CUBANIYA »
Cubaniya. Roman de
Jaoudet Gassouma. Chihab Editions, Alger 2017. 800 dinars, 144 pages.
Le personnage central du roman s’était fait
un devoir de réaliser un reportage sur cette nouvelle notion de résilience vue
par les Cubains, cette propension au système D, ou système C, comme Cubanité.....Cette fameuse Cubaniya
« qui reste unique comme esprit dans le monde par le sens inné du
« contournement » des lois cubaines qui ,
dans le genre surréaliste et bureaucratique, sont un exemple ».
Le
voyage, assurément organisé, d’un groupe de journalistes dont un
photographe « expérimenté » et une consœur un peu
« paumée » (dans un pays
mythifié et longtemps (toujours) fantasmé, pays de Fidel et du Che (El Kho de la Mecque des révolutionnaires ) , pays
de « la victoire ou la mort »
, pays ayant fait face au plus long et au plus dur embargo du monde, pays du
cigare, du « cuba libre » , de
la salsa et de la rumba, du « vieil homme et la mer » .....et des filles, encore des filles, toujours des filles
très, très.... trop belles.
Donc, l’histoire de la découverte du
pays.......avec, au passage,des rencontres , des découvertes, des silences,
des regards éteints, des déceptions mais aussi des rires, de la joie ( ?)
de vivre, de la danse, de la musique...et des rencontres dont la plus heureuse
est celle avec la jeune , la magnifique et l’explosive Yusa
(qui a la chance d’être la fille unique et ô combien gâtée d’un colonel de
l’armée, ce qui, en pays « géré d’une main d’acier », facilite les choses en matière de libertés,
de contacts et de moyens d’hébergement et de
subsistance ). Voilà qui va faire oublier tous les chagrins d’amour récoltés au pays .
Voilà aussi qui va amener le narrateur ,dont on ne
connaît pas le prénom, et dont on peut supposer que c’est une
« partie » de l’auteur ou de son imagination de poète-écrivain
( !?), à raconter le périple en faisant le parallèle avec le pays, avec La
Havane et Alger. Ainsi, on a eu droit à une longue digression sur la situation socio-politique (pp
61- 71)
L’Auteur : Ecrivain , journaliste, plasticien, réalisateur, il a produit plusieurs ouvrages
et a écrit dans de nombreuses revues spcialisées et a participé à la décoration de plusieurs
films. Troisième roman (un premier, « Zorna »
en 2004 (Prix Apulée de Madaure 2005) , aux Editions Chihab, et un
deuxième, « Tsériel ou les yeux de feu » en
2008, aux Editions Alpha )
Extraits : « Cuba
est un programme permanent, un slogan ressassé, des couleurs insistantes, des
paroles répétées, une vie résumée par des discours politiques, interminables,
insistants, pavloviens .Pourtant , aujourd’hui, dans la survivance, l’objectif
du jour reste d’assurer sa pitance coûte que coûte » (p 37), « La
victoire ou la mort », mais de quelle victoire parle-t-on
encore !?......La mort nous l’avons connue, et nous avons même flirté
longuement avec elle, mais la victoire, elle !!!??? »(p 55)
Avis :
Un roman.....de la belle
prose, sur un pays, une ville, un peuple
(et, en filigrane, un système politique ) qui ont su dominer les vicissitudes de la vie
quotidienne, la misère créée par l’embargo, les espoirs perdus, les héros
oubliés...De l’amour, de la nostalgie. Beau et triste à la fois.
Belle couverture avec une (très) belle
photo, signée de l’auteur.Sans commentaire. Tout y
est !
Citations : « Cuba
n’est pas seulement une destination, c’est un fantasme devenu
réalité. D’autres viennent pour le mythe, l’histoire, la révolution, la
nostalgie, les faux-semblants éditoriaux sur ce peuple si enjoué, si gai, qui
résiste malgré tout à tous les embargos » (p 39) , « A-t-on
déjà vu des slogans mettre des vitamines dans l’assiette , des pommes de
terre à éplucher, et du lait dans les bols ? » (p 47) , « Discuter,
partager, s’interroger est un art et, ici, cela reste un exercice difficile,
presque une sorte d’autisme dans un monde de musique » (p 47), « La révolution, pour certaines personnes
, est un tour complet , un départ vers d’autres circonvolutions, modernes,
appliquées. Mais, pour bon nombre d’autres, elle est ,
avec le temps, l’expression d’un tour complet, sur place » (p 50), « La rue appartient içi
à ceux qui se lèvent tard, chômage oblige » (p 74), « Que ce soit en
Algérie, à Cuba ou au Mozambique , une révolution n’est pas évidente, pas du
tout facile. Peut-être laisse-t-elle des enfants, et peut-être laisse-t-elle
des bâtards, qui sait comment les révolutions
vieillissent ? » (p 77) , « Je ne sais
pas s’il est suffisant d’être seul à aimer quand on est deux ? » (p
135)