VIE POLITIQUE-OPINIONS ET POINTS DE VUE- IDEE DE CONFERENCE NATIONALE MARS 2019-
FERHAT ABBAS : PRECISIONS
Point de vue (in El Watan, 17 mars 2019)
Rappel à monsieur Lamamra
Par Nassim Abbas , Neveu de Ferhat Abbas
abbas1899@gmail.com
« Dans son
intervention le 13 mars 2019 sur les ondes de la Chaîne 3, M. Lamamra, vice-Premier ministre et ministre des Affaires
étrangères, estimait que «la
conférence nationale serait un héritage de cette magnifique organisation
sur la discussion et l’adoption de la Charte nationale de 1976», il oublia d’ajouter qu’elle fut l’œuvre principalement de M.
Simon Maley, directeur de la revue Afrique-Asie, pour
l’imposer au peuple algérien afin de légitimer le pouvoir personnel.
Funeste héritage, qui mit le peuple devant le fait accompli.
Pour que
les auditeurs aient une compréhension plus juste et audible, il aurait fallu
par honnêteté intellectuelle contextualiser
l’événement. Ironie du sort, c’est le 16 mars 1976 que se sont réunis les
dignes représentants du Mouvement national et acteurs du FLN en lutte
– Ferhat Abbas pour l’UDMA, Benyoucef Benkhada et Hocine Lahouel
pour le PPA/MTLD, ainsi que le cheikh Kheirredine
pour les Oulémas –, ils rejetèrent cette mascarade et lancèrent l’«Appel
du peuple algérien» aux dirigeants de l’Etat, dans lequel ils expriment
le même engagement qui a marqué toute leur vie militante pour
l’avènement de l’Etat de droit, fondé sur les libertés démocratiques, la
préservation de la paix et la construction du grand Maghreb. Ils
furent mis en résidence surveillée et leurs biens confisqués.
Bel
exemple de liberté d’expression ! Cet Appel, dans lequel ils
réclamaient l’élection d’une Assemblée constituante souveraine, seule apte à
voter un pareil document, garde à l’heure actuelle une valeur éminente qui répond en
écho à la «Lettre aux députés» de Ferhat Abbas lors de
sa démission de l’Assemblée constituante
et législative, au soir du 12 août 1963, où fut opéré un coup
d’Etat contre les institutions démocratiques et les libertés, entraînant
le gel de la grande espérance née de l’indépendance.
Ce message
de mars 1976 n’aura pas été vain, car toujours tourné vers la
consécration définitive de la démocratie comme modèle de gouvernance le plus
viable, dont la source est la souveraineté du peuple et l’alternance au pouvoir
comme règle immuable de gestion. Cette évocation pourra contribuer, nous
l’espérons, à éclairer la jeunesse sur un pan de son histoire que l’on
semble vouloir toujours lui cacher et que des chartes, Constitutions écrites
dans les antichambres du pouvoir et officines occultes, nous ont menés
aux impasses et crises actuelles. Abandonnons à jamais ce modèle
d’héritage pour demeurer des hommes responsables, libres et respectueux des
droits et des libertés d’autrui »