VIE
POLITIQUE- OPINIONS ET POINTS DE VUE- SAïD BOUTEFLIKA-
OPINION TAYEB BELGHICHE/EL WATAN
(c) par Tayeb Belghiche/El Watan, samedi 16 mars 2019
1999.
Abdelaziz Bouteflika est désigné à la tête de l’Etat. Les Algériens
connaissaient le fringant ministre des Affaires étrangères, un homme ouvert
avec lequel la presse avait le contact facile. A l’époque, il emmenait de temps
en temps dans ses déplacements son jeune frère Saïd, laissant supposer qu’il
éprouvait une grande affection pour lui.
Devenu
Président cette année-là, le locataire d’El Mouradia
l’appellera immédiatemet à ses côtés, lui accordant
une place privilégiée comme conseiller et des pouvoirs exorbitants non écrits,
qu’on découvrira au fil du temps. Une grande dame, très liée à l’époque à la
famille, nous a adressé cette mise en garde : «Méfiez-vous de Saïd.
C’est un
être foncièrement méchant. Il va faire mal.» L’homme, effectivement, donne
l’impression d’être introverti, ne regardant jamais les gens en face et avare
de mots. On dit que le pouvoir corrompt. Saïd Bouteflika en est l’exemple type.
Son aîné
lui ayant sans doute donné les pleins pouvoirs, il s’est mis à se comporter
comme un «tyranneau» décidé à mettre toute l’Algérie à sa botte et manifestant
un mépris sans vergogne à l’égard des Algériens, allant jusqu’à dire : «Ce
peuple ne mérite pas mon frère.» Il terrorisait tout le monde, généraux,
ministres, Premiers ministres, personne n’osait le contredire.
Il s’est
même vu succéder à Abdelaziz. Heureusement que les lois ont empêché que ce
projet néfaste, ce complot n’aboutisse. Le Président n’a jamais cherché à
freiner son comportement ravageur, allant même jusqu’à l’encourager avec le
dessein inavoué de mettre l’Algérie à genoux, à défaut de la dompter.
Saïd
Bouteflika a été néfaste au pays à plus d’un titre.
C’est
surtout lui qui a encouragé la corruption, laquelle s’est développée tel un
cancer qui a ravagé le corps social. La lâcheté des gouvernants a fait qu’il
était le seul maître à bord, allant jusqu’à se mêler de politique étrangère et
d’affaiblir notre diplomatie avec, pour conséquence, une atteinte indiscutable
à la sécurité nationale.
Les voix
qui le contredisaient étaient rapidement étouffées. Il avait droit de vie et de
mort sur les PDG et éprouvait un malin plaisir à protéger les véreux, sur
lesquels sans doute il exerçait du chantage, et qui sont devenus des
milliardaires.
Comme sont
devenus des milliardaires des hommes d’affaires inconnus jusque-là et qui,
l’appétit venant en mangeant, se sont mis à s’ingérer dans les affaires
politiques du pays. Comme cette famille avec laquelle il se serait associé et
qui aurait des accointances avec Israël. Ou comme cet Ould
Kaddour, condamné pour espionnage au profit d’une
puissance étrangère et qui se retrouve à la tête de Sonatrach
après sa libération.
N’est-ce
pas là un autre exemple qui prouve que les Bouteflika voulaient anéantir
l’Algérie ? Saïd exerçait également un chantage fiscal sur les hommes
d’affaires qui ne finançaient pas la campagne électorale de
Abdelaziz, s’il ne les ruinait pas purement et simplement. Le journal El
Watan en connaît quelque chose.
Saïd a
exercé des pressions sur les annonceurs pour qu’ils ne nous donnent pas de
publicité et s’est même permis de nous interdire l’accès à un nouveau siège
édifié avec les deniers de l’entreprise.
S’il avait
le pouvoir, il aurait certainement poussé à la confrontation et fait couler le
sang pour casser la révolution pacifique qui émerveille le monde entier depuis
le 22 février. Les Algériens ne se trompent pas lorsque durant les
manifestations ils dénoncent en premier lieu Abdelaziz et Saïd Bouteflika pour
les malheurs causés à l’Algérie.
On se
demande où se cachent aujourd’hui les larbins qui faisaient des éloges
indécentes à fakhamatouhou et à sa famille. Ont-ils
peur et se disent-ils peut-être que l’heure de rendre des comptes approche ?