VIE POLITIQUE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH-
ROMAN ANYS MEZZAOUR – « ENTENDU DANS LE SILENCE »
Entendu dans le silence. Roman de Anys
Mezzaour. Casbah Editions, Alger 2018, 700 dinars,
203 pages
Lui, c’est Amir....un jeune Algérois, abandonné
par sa mère et adopté (par une
enseignante de lycée), informaticien de formation.....avec du génie en plus .Il
est recruté par une entreprise ; une « start-up » d’informatique
assez ambitieuse, très ambitieuse, travaillant dans le plus grand secret sur un
logiciel pouvant contrôler les flux de tous les
réseaux sociaux et influencer les contenus (dont ceux des services de
sécurité et la totalité de l’intranet).
Elle, c’est Melissa, fille de diplomates
français en poste en Algérie, ayant fréquenté le lycée Bouâmama
(comme Amir sans qu’ils ne se
rencontrent). Elle vit désormais à Paris, des cours à Sciences Po’,
chérie par ses parents , ne manquant pas de moyens,
boîtes de nuit et salons chics.....tout en
flirtant avec les idées de
gauche, car elle était au courant de sa situation tout en l’exécrant. Ne militait-elle pas au
sein de la section communiste à Sciences Po ‘ ?
Elle part se « ressourcer » en
Tunisie, tout en travaillant comme animatrice dans un grand hôtel.
Quel hasard ! Amir est, lui aussi, en
vacances (dans le même grand hôtel) pour une semaine .........une semaine
offert par ses patrons car il a réussi à produire le fameux logiciel
Ils se rencontrent.......et c’est le coup de
foudre .......ou plutôt une étrange attirance l’un pour l’autre.
La suite relève du roman policier avec des
enlèvements, des poursuites, des menaces, du chantage, des coups de
feu.......En fait, un immense complot.....s’approprier le fameux logiciel pour
créer le chaos, la guerre généralisée et la prise de pouvoir .....au niveau mondial.
La fin, c’est l’échec de la tentative .....grâce à Amir et à Melissa (et à son père, l’Ambassadeur
français à la retraite, toujours bien introduit), l’arrestation des
comploteurs. Bien sûr, on eut droit à quelques combats entre pays (dont l’un
entre la France et l’Algérie)....
Attendez, ce n’est pas fini.........car
effectivement, il y eut complot.......et cela remonte à loin, durant la
décennie rouge.....avec le viol d’une jeune fille par des terroristes. Heureusement, tout est bien qui finit bien...........sous
le soleil de Rio
L’Auteur :Né
en novembre 1996 à Alger. Premier roman en 2013 :début
d’une trilogie, « Le lien des Temps » : 2015 puis 2016. A
introduit le genre de la fantasy dans la production algérienne . Prix L’ivrEscQ du
jeune écrivain algérien en 2014. Actuellement, étudiant en relations
internationales à Lyon (France)
Extraits : «Il était dos au mur. Et il voulait l’argent. Il lui permettrait de
sortir à tout jamais de la pauvreté........Il s’apprêtait aussi à trahir la
confiance qu’avait placée en lui son patron. Encore un pêché selon les
préceptes de l’islam. Pouvait-il se permettre de risquer l’enfer pour une
meilleure vie sur terre ? » (p 91)
Avis :Une histoire « tirée par les cheveux » mais un
roman-fiction peut se permettre cet écart , l’essentiel étant d’être bien
écrit. Un genre qui manquait au paysage éditorial.....une littérature de
loisirs appelée à beaucoup de succès......A lire les pieds dans l’eau et la tête dans les
nuages ou, aussi, par les « fans » du complotisme.
Pour bien comprendre la fin, bien lire et bien retenir le début .Et, surtout
–si vous n’avez pas de dictionnaire - ne pas trop s’appesantir sur les extraits
(nombreux ) de chansons en anglais
Citations : « Comment faisaient les autres pour être heureux ? Peut-être
qu’ils ne l’étaient pas. Les pauvres se plaignaient de leur misère. Les riches
se plaignaient de leur opulence. Certains n‘avaient pas quoi se mettre sous la
dent ni un toit pour dormir. D’autres rompaient avec leur copain à bord d’une Ferrari au centre de Paris. Oui,
il faut de tout pour un monde » (pp
51-52), « Nous ne sommes peut-être
pas les meilleurs en football, mais s’il y a une chose que nous savons
faire et pour laquelle nous avons de la sympathie de tous les peuples, c’est
résister » (p 129), « Il n’y a pas de plan concerté pour manipuler
les individus. Il n’y a que l’être humain dans sa plus complexe psychologie,
ses plus fausses perceptions et son plus intense égocentrisme » p 164), «
Internet et les réseaux sociaux ont tué l’expérience du sublime, la
spiritualité et la réflexion. Mais seulement quand ils sont mal utilisés »
(p 166), « Le sang et les idées étaient deux choses différentes, nul ne
pouvait prévoir le résultat de leur mélange » (p 194).