INFORMATIQUE- DOCUMENTS ET TEXTES
REGLEMENTAIRES- LANCEURS D’ALERTE- ACCORD UE
Qualifiés par certains de Don Quichottes des
temps modernes, les lanceurs d’alertes subissent de fortes pressions politiques
et surtout judiciaires de la part des États et des grandes multinationales aux
pratiques douteuses.
L’Union européenne vient d’enregistrer un pas en avant dans la
protection des lanceurs d’alerte en concluant un accord dans la nuit de lundi
11 mars 2019, une première, ont rapporté les agences de presse. Même
si l’accord est provisoire, il constitue une victoire pour les lanceurs
d’alerte qui dénoncent les infractions liées à l’évasion fiscale, à
l’exploitation illégale ou abusive des données personnelles, aux violations des
règles de la concurrence commerciales, etc. “Nous avons obtenu un champ
d'application large pour protéger ces personnes”, s'est réjouie l'eurodéputée
française Virginie Rozière (Socialists
and Democrats -S&D, gauche) lors d'une conférence
de presse à Strasbourg.
La rapporteure du texte y a vu “une avancée majeure
pour notre démocratie”. Avec ce texte, encore provisoire, doivent être mis en
place des “canaux sûrs” pour que des individus puissent signaler, en interne ou
publiquement, des infractions au sein d'une entreprise ou de l'administration,
sans craindre des représailles. Il s'agissait de l'un des principaux points de
blocage.
Certains pays, dont la France, voulaient que la révélation d'informations se
fasse d'abord en interne au sein de l'organisme en cause, puis, si nécessaire,
publiquement. L'ONG Transparency International a
salué “un jour historique pour les lanceurs d'alerte”. Pour l'heure, les
lanceurs d'alerte, qui révèlent de manière désintéressée un délit ou une menace
pour l'intérêt général, sont très inégalement protégés selon les pays. Ils
seront désormais préservés des procédures judiciaires, mais aussi des
rétrogradations, intimidations ou suspensions de leur contrat de travail. “Ces
règles contribueront ainsi à la lutte contre la fraude, la corruption,
l'évasion fiscale des entreprises et les atteintes à la santé publique et à
l'environnement”, a réagi Frans Timmermans, vice-président de la Commission
européenne. Les nouvelles règles concernent notamment la fraude fiscale, le
blanchiment de capitaux, les marchés publics, la sécurité des produits et du
transport, la protection environnementale, celle des consommateurs, des données
à caractère personnel et la santé publique, selon le Parlement européen.
Les États membres pourront étendre ces règles à d'autres domaines. Les domaines
de la défense et la sécurité de l'État, ainsi que les informations classifiées,
restent exclus des possibilités de signalement, a précisé Virginie Rozière. En avril 2018, la Commission européenne, qui a
dans l'UE le pouvoir de proposer des lois, avait présenté un projet de
directive visant à protéger les lanceurs d'alerte après une série de scandales,
Dieselgate, LuxLeaks,
Panama Papers ou encore Cambridge Analytica.
Ce texte a ensuite fait l'objet de négociations avec les deux colégislateurs, le Parlement européen et le Conseil
représentant les États membres. Cet accord provisoire doit désormais être voté
à la fois par le Conseil et par le Parlement européen, ce qui devrait avoir
lieu avant les prochaines élections de fin mai. Une fois le texte adopté,
chaque État membre devra alors le transposer en droit national.