HISTOIRE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH-
ESSAI GABRIEL CAMPS- « LES BERBÈRES... »
Les Berbères. Mémoire et identité. Essai de Gabriel Camps (préface
de Salem Chaker, professeur à l’Inalco-Paris,
spécialiste de linguistique berbère). Editions Barzakh, Alger2007 (1ère publication,
Editions des Hespérides, 1980) . 351 pages, 750 dinars
Pour le préfacier, Salem Chaker, l’auteur, Gabriel
Camps, grâce à son œuvre scientifique –synthétisant près d’un demi –siècle de
recherches sur le monde berbère « qu’il a parcouru en tous sesn, à travers les temps, les lieux et les
disciplines » - a « indiscutablement ouvert une nouvelle ère,
une nouvelle approche de l’histoire et des faits de culture, sur la longue
durée »
Bien sûr, sur le sujet, des noms restent, encore aujourd’hui, des références
obligés : Hanoteau, Masqueray,
René Basset, Stéphane Gsell et bien d’autres, auquels
on ajoutera Mouloud Mammeri , Salem Chaker, Hachi S.....et, bien sûr, bien avant eux , Ibn Khaldoun.
Avant Camps, la recherche , « à l’exception de quelques très rares francs-tireurs
isolés dont les travaux n’étaient pas exempts de grandes
fragilités », tous les savoirs « sont caractérisés par la
fragmentation et l’étanchéité entre les périodes historiques et entre les
disciplines » .D’où l’impression désagréable (car , à mon avis,aux conséquences malheureuses sur l’interprétation de
notre société) d’une étanchéité assez
marquée avec des « compartiments » étrangers les uns des autres,
juxtaposant une série de « mondes disjoints ».
L’Afrique du nord (et l’Algérie) , pour abonder
dans le sens de Salem Chaker, ne s’est pas constituée
sur un vide humain ou a , à chaque fois, d’un seul coup, sans transition ou
continuité , totalement renouvelé son
environnement humain....et linguistique .
Ni linguiste, ni berbérisant au sens étroit du
terme, ni ethnologue de formation, surtout préhistorien et protohistorien,
Camps a, dans une approche des relations entre langue, culture et société , re-construit le savoir sur les Berbères sur la base de la
continuité et l’unité gépographique du monde Berbère.
Bref ! Les Berbères sont là, avec leur langue et leur culture, depuis longtemps , depuis les temps préhistoriques . Et,
« derrière et à côté de tus les apports extérieurs, puniques, latins, arabo-musulmnas....il y a toujours et partout le même fil
conducteur : le Berbère, la langue berbère ».
Un sommaire assez riche : Les origines (antiques et modernes) , des peuples à côté de l’histoire (temps
protohistoriques, antiquité, moyen-âge), les dominations étrangères et les
acculturations, le Berbère et le divin , la permanence Berbère (l’écriture
libyque, les tifinagh, l’art, le pouvoir, la vie soiciale...)
L’ Auteur: Né en Algérie en
1927, décédé en 2002, Gabriel Camps a consacré sa vie à l’étude des Berbères.
Professeur émerite de l’Université de Provence, il a
occupé de hautes fonctions scientifiques en Algérie et en France. Préhistorien
et protohistorien, il était le plus grand spécialiste de l’histoire des
Berbères et il avait créé , à ce titre, l’
« Encyclopédie berbère » dont il a dirigé la publication jusqu’à sa
mort (vingt-huit volumes).
Extraits : « Rares
sont les peuples comme les Berbères dont les origines ont été recherchées avec
autant de constance et d’imagination. Dès la plus haute Antiquité, des récits
circulaient dans les milieux savants et chez les mythographes sur les origines
des habitants de l’Afrqiue » (p 35) ,
« L’histoire du Maghreb n’est
souvent , pour les auteurs, que l’histoire des dominations étrangères.
Elle n’est que la succession des maîtres d’un moment (.....). Cette vue
coloniale de l‘Histoire est aujourd’hui dépassée (....). En bref, à toutes les
époques, les Berbères sont les oubliés de l’Histoire » (
p 151), « Il fallait distinguer l’islamisation de l’arabisation. De
fait, la première se fit à un rythme bien plus rapide que la seconde. La Berbérie devient musulmane en moins de deux siècles alors
qu’elle n’est pas encore entièrement arabisée treize siècles après la première
conquête arabe » (p 187), « Le chiisme avait ses bases en Orient, et
cependant ce fut le Maghreb qui assura son triomphe » (p 257),
Avis :Un
ouvrage « qui remet les Berbères au centre de l’histoire et de la culture
de l’Afrique du Nord ». Une référence pour qui veut s’informer à une
source sérieuse (scientifique) sur le peuple berbère que nous sommes et notre identité , à travers les âges. .....Il concerne t.o.u.s les Algériens
Citations :
« L’Histoire a horreur des simplifications, surtout lorsqu’elles sont
abusives et prêtent aux siècles passés des conceptions politiques
actuelles » (Salem Chaker, préface, p 28), « La formation de la
population berbère , ou plus exactement des différents
groupes berbères, demeure une question très controversée parce qu’elle fut mal
posée. Les théories diffusionnistes ont tellement pesé depuis l’origine des
recherches que toute tentative d’explication reposait traditionnellement sur
des invasions, des migrations, des conquêtes , des
dominations. Et, si les Berbères ne venaient de nulle part ? »
(p 51), « Il existe une permanence berbère dans laquelle baigne
l’ensemble nord-africain (....). C’est elle qui fait l’originalité du Maghreb à
la fois dans le monde arabe et dans le monde africain » (p 269) , « L’une
des principales raisons de la faiblesse des Etats en pays berbère, réside dans
les règles ou l’absence de règles de transmission du pouvoir.....Le modèle
politique ainsi proposé est une anarchie équilmibrée
( » (pp 315 et 322), « A vrai dire, le commun des mortels, dans la
société berbère traditionnelle, ne se soucie guère des grands problèmes politiques
et encore moins de définir une philopsophie du
pouvoir. Ce qui compte le plus, en premier lieu , est
de s’insérer pleinement dans le mileiu familial, dans
son çoffs, son village, sa fraction... » (p
323), « Le Berbère a le nez chatouilleux ....Pour ne pas perdre la
face, l’individu consentira des sacrifices inouïs, sa famille supportera les
pires privations » » (p 326)