RELATIONS INTERNATIONALES- BIBLIOTHÈQUE
D’ALMANACH- ROMAN CANESI & RAHMANI- « VILLA TAYLOR »
Villa Taylor. Roman de Canesi & Rahmani. Editions Anne Carrière, Paris 2017, 363 pages,
2 900 dinars
D’habitude, les ouvrages (les romans, tout particulièrement écrits à deux –
mis à part les couples bien soudés- sont rares et ne sont pas réussis, chaque
intervenant pouvant avoir des frémissements différents face aux situations décrites .
Il faut donc croire que nos deux auteurs sont sur la même « longueur
d’ondes ».
L’histoire , au départ, est assez simple. Mais,
elle se complique par la suite.
Au départ, il y a Diane de Verneuil, une belle « golden girl »,
encore jeune, « executive woman
» , directrice (à succès) d’une banque
parisienne . Une vie de « jet-setteuse »
parisienne menée tambour battant et brûlée (selon son rythme et ses
désirs) par les deux bouts. A cause
d’une enfance pleine de zones d’ombre ?
Elle a grandi à Marrakech dans une grande villa devenue célèbre car
fréquentée par de grands noms européens de la politique ,
de la culture et des arts de l’époque (coloniale) : Winston Churchill, F.
Roosevelt, Y. Saint Laurent, C. Chaplin, Forbes....et bien d’autres encore.
Orpheline de père et de mère, elle vit avec sa grand-mère maternelle et de
serviteurs (indigènes, bien sûr) , tous
bien silencieux sur le passé d’une résidence qui a l’air chargé de bien des drames.Car la mère a , un jour, mystérieusement
disparu...laissant une résidence fastueuse péricliter dans la tristesse
généralisée.
C’est , donc, à la mort de la grand-mère, toute une
quête assez laborieuse pour retrouver la mère « effacée » des
mémoires.
Grâce à une jeune et beau notaire, lui-même ayant une vie chargée de
mystères, elle remontera le temps et ,allant de surprise en surprise, elle se
réconciliera avec un passé qu’elle pensait douteux.....et elle retrouvera ses
origines (d’Européenne française , elle découvrira que son vrai père est un
marocain musulman, ancien serviteur, devenu l’amant de la maman) comme
d’ailleurs Selim , le notaire qui dit avoir découvert , lui, le Marocain, fils
de musulman, que sa mère était de confesson juive)
Sa vie connaîtra alors un autre cheminement, plus apaisé.....Sa banque
aussi ! Quant à la villa Taylor, elle ne sera pas vendue aux rapaces de
l’immobilier.
Les Auteurs : Un Algérien et un Français. Le premier,
médecin anésthésiste et le second médecin dermatologue,
tous les deux en permanence, témoins, en direct, de douleurs humaines . Déjà auteurs, ensemble
, de deux romans dont le premier , en 2006, « Le Syndrome de
Lazare » (sur l’arrivée du sida en
France) a été adapté au cinéma par André Téchiné, sous le titre « Les
Témoins » . Le second livre, « La douleur du fantôme » a été
édité en 2010.Leur troisième , « Alger sans
Mozart » a été édité par les Editions Dalimen
(Alger) en 2013 (Médiatic du jeudi 8 octobre 2015)
Extraits : « Mieux vaut un chagrin d’amour dans
une Jaguar que dans un train de banlieue » (p 21), « Aujourd’hui, les noces sont de
papier ; qui songerait à broder des Kleenex ou des nappes
jetables ? » (p 83)), « Les bijoux sont de l’argent mort,
inutile. Les rivières de diamants portent mal leur nom. Pétrifiées, elles ne
coulent jamais et n’irriguent aucune terre » (p 94)
Avis : Un roman d’amour parcouru de perturbations et
d’interrogations ; l’héroïne , comme son
amoureux, étant à la recherche de sa mère et de ses origines. Mais, aussi, un
livre d’amour pour....le Maroc (à travers Marrakech) .....un pays présenté calme, accueillant, tolérant, ouvert sur
les cultures et les religions du monde, dynamique économiquement. Quoi de mieux
comme outil promotionnel ?A l’opposé d’
« Alger sans Mozart »
Citations : « Les souvenirs lestent, ils n’aident
jamais » (p 38), « « La terre, la vraie, c’est celle des
souvenirs » (p 167), « De nombreux politiques sont adeptes de la
théorie du nénuphar : ils glissent avec élégance à la surface des eaux en passant
d’une feuille à une autre, d’un maroquin à un autre. Leur pied effleure le
végétal, on le voit frémir à peine » (p 187), « Les politiques sont
des serial killers engagés dans une implacable chasse
à l’homme. Tuer l’autre, le rival, ils consacrent leur vie à ça » (p 188),
« Les retraités occidentaux sont plus riches au Maroc, alors ils s’expatrient.Nos pays délocalisent tout, même les
vieux » (p 216)