POPULATION- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-
ETUDE FATIHA LOUALICH- « LA FAMILLE A ALGER.... »
La famille à Alger. XVIIè et XVIIIè siècles. Parenté, alliances et patrimoine.
Etude de Fatiha Loualich (Préface de Bernard
Vincent). Said
Hannachi, Editions Média-Plus, Constantine, 2017 ( Editions Bouchène, France, 2016)
, 423 pages, 1 500 dinars
Elle a consulté plus de quatre mille actes concernant Alger – couvrant , de
manière inégale certes, la période allant du XVIè
siècle au milieu du XIXè siècle - et elle a exploité
plus de deux mille qui ont été examinés d’une manière exhaustive, répertoriés
et classés dans un ordre thématique (principalement le fonds ottoman d’Alger,
la série el-mahakim shar’yya)
.
Tout s’est centré sur Alger, alors , à la fin du XVIè
siècle, Cité d’au moins 60 000 habitants , ville-port ouverte sur la mer,
et donc l’une des plus grandes villes méditerranéennes du temps , constituant
un impressionnant kaléidoscope social, avec une série de milieux
« communautaires » ou professionnels : ulémas, khodja, raïs, janissaires, maçons, Turcs ,
Andalous .... dont
la solidarité est renforcée par l’endogamie. Cependant, nous dit le préfacier
(Bernard Vincent qui a encadré l’auteure dans sa recherche), bien des facteurs
et en premier lieu les aléas démographiques ont brisé les lignées
, et les nombreuses vagues d’immigration ont favorisé un réel brassage
social . Les signes abondent à travers les alliances matrimoniales entre
Algérois de souche et janissaires ou fonctionnaires turcs qui ne sont pas
rares. D’ailleurs , l’auteure a relevé des legs opérés
par les Turcs en faveur de la Grande Mosquée ou de Sidi Abderrahmane, le saint
patron de la ville .
Certes , la recherche s’est axée sur Alger et
d’aucuns pourrait arguer qu’Alger ne reflète pas réellement la société
algérienne et n’en serait pas représentative....et , que pour bien étudier la
société algérienne, il faut le faire à partir des villes de l’intérieur. Or,
pour l’auteur la réalité est tout
autre : c’est à partir d’Alger qu’on peut faire une histoire sociale de
l’Algérie car, « c’est à partir
des archives d’Alger (bien tenues) qu’on peut le mieux étudier le local et le
global, tout en considérant que chaque localité se distingue par ses
particularités , ses détails, l’histoire de chaque ville étant le reflet des
sources qu’elle a produites ».Mais, les archives d’Alger ne reflètent pas
uniquement le local car on y retrouve des traces de l’ensemble des villes et
provinces : « C’est le local dans sa dialectique du
global »
Première partie : l’exploitation d’une partie importanate
des archives, les actes de mariage et de répudiation, de demandes de divorce,
des inventaires après décès et des successions.
Deuxième partie : l’analyse et l’exploitation des résultats des
différentes enquêtes menées pour aborder le patrimoine sous ses multiples
aspects
Troisième partie : l’étude des consultations et des fatàwa
délivrées par l’instance judiciaire
Enfin , la conclusion reprenant les différents
résultats et les conclusions partielles des différents chapitres et parties
Et, des annexes très riches.
L’ Auteure : Professeur
à l’Université d’Alger. Elle a publié plusieurs articles dans diverses revues
sur l’Algérie durant l’époque Ottomane
Extraits : « Alger, capitale du pays, est une
ville marquée par la coexistence de plusieurs groupes sociaux. Cette
diversité a fortement influencé la
population dès le début de la période ottomane » (p 29), « Au niveau
des mahakim, chaque rite avait le quotidien à gérer
avec des pics d’intensité. La mahakma hanafite avait
une activité prenante avec un rythme assez intense d’enregistrement des biens habus, la totalité des fondateurs ayant opté pour ce
rite. La mahakma
malékite, quant à elle, devait affronter les pénibles péripéties des
successions et les tracas des partages » (p 352)
Avis : Destiné aux spécialistes ,
aux descendants et aux mordus de
l’époque.
Citations : « Les sociétés ouvertes qui
accueillent des populations venant d’horizons divers laissent peu d’espace pour
la fermeture et le cloisonnement social » ( p 30) « Le nom contribue
à créer la personne sociale et fonctionne comme un signe de classe » (p
41), « L’acquisition d’un bien est un acte d’investissement, un
placement ; sa transmission constitue un acte de transcendance du temps.
Opter pour une forme de transmission, c’est choisir la dimension humaine qui
devra le mieux caractérieser l’acte. En effet, la
transmission n’obéira pas uniquement au bon gré ou aux désirs des contractants.
Le collectif encadre, bloque, entrave ou oriente les gestes et les
actes » (p 169)