VIE POLITIQUE –PERSONNALITES- MELISSA ZIA, BALLERINE- MARCHES ANTI
5ème MANDAT MARS 2019
(c) www.elwatan/samedi 9 mars 2019
La photo de Melissa Ziad a fait le tour
du monde. Sans déprécier les autres belles images du «hirak»
(mouvement) aux couleurs algériennes accompagnant la formidable marche (du
siècle) irrépressible, implacable et massive.
Contredisant
l’image, fausse pour ne pas dire fake, qu’on voulait
conférer au monde d’une Algérie dirigée par un pouvoir impérieux, grabataire et
crépusculaire. Démontrant qu’il n’y avait rien de risible, pour ceux qui ont
sous-estimé la volonté d’un peuple qui a toujours été digne. Etayant que rien
n’est impossible. Aussi, Melissa Ziad, jeune danseuse
classique et mannequin, en pleine rue Didouche
Mourad, à Alger, au cœur de la marche anti-5e mandat (vendredi
8 mars 2019) , elle est venue signer un instant,
historiquement.
En
plantant le décor, le sien. Elle ne détonne point. Elle rejoint le peuple,
adhère à sa cause et accomplit un geste. Une figure de style, une pirouette,
pas du tout imposée, libre. Mais sortant des sentiers battus. Elle semble
introduire l’emblème national déployé par ses concitoyens : «Voici, mon Algérie, mon pays ! Voilà, mon peuple !» Elle arbore un jean, un perfecto de cuir noir, un haut rouge
garance. Et puis un détail. Elle porte des chaussons de danse pointes. Le port
altier, Melissa Ziad esquisse une délicatesse, une
élégance, une promesse d’un fol espoir… Et puis, cette grâce, cet effet
photogénique et lumineux irradiant un début de soirée à Alger qui ne dort plus,
qui veille (au grain).
L’œil design
de Rania G.
Ce grain,
cette coquetterie, cette subtilité qu’a saisi la photographe Rania G., l’auteure de cette éloquente photo. Il faut dire
que Melissa Ziad, sans le savoir, est entrée dans
l’art du pouvoir, elle lui est rentrée dedans, quoi. Voilà une
Algérienne, une jeune fille, consciente, belle et rebelle, fière de son pays,
qui exhibe et résume tout un mouvement, le «hirak»,
tout un message. Le peuple est une jeunesse qui ne roule pas pour des prunes.
Une
énergie, une force, une vigueur, une modernité, un avenir qui ne sera que
meilleur. Et puis, l’espoir tant célébré par le regretté cheb
Hasni, cette beauté qui sauvera le monde, comme le
dit si bien Dostoïevski. Le soir du 4 mars, Melissa Ziad
avait posté un commentaire : «L’art
subversif est la forme d’art connue par les sociétés lors de périodes
révolutionnaires et destinée à modifier le système en place par l’illustration
de ses défauts ou par la promotion de valeurs différentes, voire antagonistes.
Une alternative au système dominant peut s’exprimer par la créativité
artistique, amorçant ainsi une révolution des modes de pensée. Photo by Rania G. Ranougraphy.»
No
comment ! Du coup, la photo de «La Ballerine d’Alger, d’Algérie», par
analogie, est identique, sans démesure, à celle du «Baiser de Time Square» (un
marin embrasse fougueusement une infirmière à New York en 1945 à l’issue de la
Seconde Guerre mondiale) ou à celle de Robert Doisneau intitulée «Le Baiser de
l’hôtel de ville» (1950). Ainsi, le nom de la jeune photographe, Rania G., est aussi entré dans l’histoire avec celui de
Melissa Ziad.
Interviewée
par notre confrère Salim Mesbah du
Huffpostmaghreb.com, Melissa Ziad commentera ce beau
geste : «Avec ma photographe (Rania G.), on avait décidé de faire une séance shooting dans les rues d’Alger pour marquer ce qui s’y
passe. Elle a eu lieu, après avoir manifesté lors de la marche du 1er mars.
Vers la fin de la manifestation, on a décidé de capter l’instant. Je suis très
surprise par le succès de la photo et par le buzz
qu’elle a suscité sur la Toile.
C’est
incroyable ce qui nous arrive. Avec ma photographe, on n’en revient pas d’avoir
autant de retours positifs du monde entier. Je reçois de très nombreux messages
de la part d’internautes qui m’expriment leur reconnaissance. Pour beaucoup,
cette image représente l’Algérie d’aujourd’hui et le vent de liberté qui
souffle actuellement dans le pays.» Bref,
notre «Prima ballerina
assoluta».