POPULATION- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH-
ESSAI DIANE SAMBRON- « LES FEMMES ALGÉRIENNES PENDANT LA
COLONISATION »
Les Femmes algériennes pendant la
colonisation. Essai de Diane Sambron (préface de Jacques Frémeaux).
Casbah Editions, Alger2013, 351 pages, 850 dinars.
Qu’à donc voulu montrer ou démontrer l’auteure –dont on ne peut nier la
rigueur scientifique – en traitant un tel sujet ? Que la France, à
partir d’un certain moment - tout
particulièrement avec l’arrivée du général de Gaulle au pouvoir durant la
guerre d’indépendance- a fait preuve d’une « volonté émancipatrice (des
femmes musulmanes d’Algérie) ».....à travers un réformisme, certes prudent, en
matière de statut, mais tout de même assez novateur , surtout s’il est comparé
avec ce qui était pratiqué auparavant
(sous couvert de « respect des us et des coutumes
locales » , et des « exigences de la foi musulmane ») par
les colons et les partisans de la « séparation » des sociétés, pour
ne pas dire d’un « apartheid » ne disant pas son nom. Les propositions ou mesures de changement
venaient donc très tard, trop
tard....d’autant qu’elles étaient manifestement intéressées, très largement
inspirées par le cinquième bureau et l’action psychologique de l’armée
d’occupation. Par ailleurs, face aux « mesures », il y avait , d’abord et avant tout , un combat (et une
opposition) – mené par le Fln/Aln- de tout un peuple
pour sa liberté , la liberté de tous les Algériens, les femmes y compris.
Le reste – dont la « mise à mort » du « droit colonial »-
est une toute autre histoire...qui a commencé d’ailleurs à être écrite par les
femmes algériennes elles-mêmes........face aux multiples centres de pouvoir et
moments conservateurs, aux considérations politiciennes, et face aux tendances religieuses
traditionnalistes.
L’Auteure : Journaliste, puis enseignante
(lettres/histoire...) , ancienne membre du bureau de
l’Association « Coup de soleil » de George Morin, Docteur en Histoire
moderne et contemporaine , spécialiste du Maghreb et du droit des femmes. Elle
est, déjà, auteur d’un premier ouvrage : « Les femmes musulmanes
pendant la guerre d’Algérie, 1954-1962 » édité (Ed. Autrement) à Paris en
2007. L’ouvrage présenté est la réécriture d’une thèse de 771 pages , intitulée « la politique d’émancipation du
gouvernement français à l’égard des femmes musulmanes pendant la guerre
d’Algérie » , soutenue en octobre 2005 à l’université de Paris-Sobonne, Paris IV et dirigée par le préfacier .
Extraits : « A la fin du XIXè
siècle, les Européens procèdent à une distinction entre Arabes et
Kabyles » (p 18), «Dans l’ensemble du bassin méditérranéen , les
structures sociales et les mentalités patriarcales sont anciennes et
prégnantes. La rive Nord, depuis l’antiquité, a
connu la diffusion du christianisme, le rive
sud, plus tard, la diffusion de l’islam. Pourtant, toutes deux ont vu se
développer et se généraliser le modèle de la famille patriarcale. L’élaboration
de leurs droits respectifs a revêtu le même caractère de méfiance à l’égard de
la femme » (p 21), « Le début des « événements » d’Algérie
puis l’enlisement dans la guerre incitent le gouvernbement
à hâter les réformes. Les femmes sont aussi perçues, dans cette période, comme
une force sociale susceptible de faire basculer l’opinion musulmane en faveur
de l’Algérie française » (p 61)
Avis : Une étude académique, sérieuse, (donc un
ouvrage parfaitement inutile pour le grand public algérien , féminin ou
autre) qui (dé-)montre seulement que le
colonialisme français et ses animateurs ont
toujours été en retard d’une « évolution »....car trop fermés politquement et aveugles culturellement.
Citations : « Il y a plusieurs niveaux de
liberté. Le désir de travailler à l’émancipation des individus peut coïncider
avec la volonté de refuser à un peuple ses droits à la souveraineté ;
c’est la tendance de toutes les dominations d’idéologie occidentale .
Le cas de la guerre d’Algérie illustre ce thème à merveille » (Jacques Fréeaux, préface, p 7), « Face à l’échec de
l’assimilation et à l’impossiblité d’exclure de la
citoyenneté l’immense majorité de la population d’Algérie, le gouvernement
décide d’octroyer la citoyenneté, dans le maintien du statut local (.......).
Cependant l’accès à la citoyenneté des musulmans ne leur confère pas pour
autant l’égalité politique » p 63) , « Brutalement , le déclenchement
de la guetre met en lumière les lacunes de
l’intégration des musulmans de l’Algérie coloniale, les inégalités et les
disparités socio-économiques et politiques » (p 66), « L’émancipation
de la femme pendant la guerre d’Algérie répond à des objectifs à court terme de
l’action psychologique » (p
111), « Si les évolutions
statutaires de la femme furent favorablement reçues par une part non négligeable
de l’opinion publique musulmane, cela ne signifait
pas pour autant une allégeance à la France : la majorité des femmes
s’exprima en faveur de l’indépendance lors des référendums sur
l’auto-détermination » (p 271)