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Essai DIane Sambron- "Les femmes algériennes pendant la colonisation"

Date de création: 07-03-2019 19:12
Dernière mise à jour: 07-03-2019 19:12
Lu: 1146 fois


POPULATION- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- ESSAI DIANE SAMBRON- « LES FEMMES ALGÉRIENNES PENDANT LA COLONISATION »

Les Femmes algériennes pendant la colonisation. Essai de Diane Sambron (préface de Jacques Frémeaux). Casbah Editions, Alger2013, 351 pages, 850 dinars.

Qu’à donc voulu montrer ou démontrer l’auteure –dont on ne peut nier la rigueur scientifique – en traitant un tel sujet ? Que la France, à partir d’un certain moment -  tout particulièrement avec l’arrivée du général de Gaulle au pouvoir durant la guerre d’indépendance- a fait preuve d’une « volonté émancipatrice (des femmes musulmanes d’Algérie) ».....à travers un réformisme, certes prudent, en matière de statut, mais tout de même assez novateur , surtout s’il est comparé avec ce qui était pratiqué auparavant  (sous couvert de « respect des us et des coutumes locales » , et des « exigences de la foi musulmane ») par les colons et les partisans de la « séparation » des sociétés, pour ne pas dire d’un « apartheid » ne disant pas son nom.  Les propositions ou mesures  de changement  venaient donc très tard,  trop tard....d’autant qu’elles étaient manifestement intéressées, très largement inspirées par le cinquième bureau et l’action psychologique de l’armée d’occupation. Par ailleurs, face aux « mesures », il y avait , d’abord et avant tout , un combat (et une opposition) – mené par le Fln/Aln- de tout un peuple pour sa liberté , la liberté de tous les Algériens, les femmes y compris. Le reste – dont la « mise à mort » du « droit colonial »- est une toute autre histoire...qui a commencé d’ailleurs à être écrite par les femmes algériennes elles-mêmes........face aux multiples centres de pouvoir et moments conservateurs, aux considérations politiciennes,  et face aux tendances religieuses traditionnalistes. 

L’Auteure : Journaliste, puis enseignante (lettres/histoire...) , ancienne membre du bureau de l’Association « Coup de soleil » de George Morin, Docteur en Histoire moderne et contemporaine , spécialiste du Maghreb et du droit des femmes. Elle est, déjà, auteur d’un premier ouvrage : « Les femmes musulmanes pendant la guerre d’Algérie, 1954-1962 » édité (Ed. Autrement) à Paris en 2007. L’ouvrage présenté est la réécriture d’une thèse de 771 pages , intitulée « la politique d’émancipation du gouvernement français à l’égard des femmes musulmanes pendant la guerre d’Algérie » , soutenue en octobre 2005 à l’université de Paris-Sobonne, Paris IV et dirigée par le préfacier .

Extraits : « A la fin du XIXè siècle, les Européens procèdent à une distinction entre Arabes et Kabyles » (p 18), «Dans l’ensemble du bassin méditérranéen , les structures sociales et les mentalités patriarcales sont anciennes et prégnantes. La rive Nord, depuis l’antiquité, a  connu la diffusion du christianisme, le rive sud, plus tard, la diffusion de l’islam. Pourtant, toutes deux ont vu se développer et se généraliser le modèle de la famille patriarcale. L’élaboration de leurs droits respectifs a revêtu le même caractère de méfiance à l’égard de la femme » (p 21), « Le début des « événements » d’Algérie puis l’enlisement dans la guerre incitent le gouvernbement à hâter les réformes. Les femmes sont aussi perçues, dans cette période, comme une force sociale susceptible de faire basculer l’opinion musulmane en faveur de l’Algérie française » (p 61)

Avis : Une étude académique, sérieuse, (donc un ouvrage parfaitement inutile pour le grand public algérien , féminin ou autre)  qui (dé-)montre seulement que le colonialisme français et ses animateurs ont  toujours été en retard d’une « évolution »....car trop fermés politquement et aveugles culturellement.

 

Citations : «  Il y a plusieurs niveaux de liberté. Le désir de travailler à l’émancipation des individus peut coïncider avec la volonté de refuser à un peuple ses droits à la souveraineté ; c’est la tendance de toutes les dominations d’idéologie occidentale . Le cas de la guerre d’Algérie illustre ce thème à merveille » (Jacques Fréeaux, préface, p 7), « Face à l’échec de l’assimilation et à l’impossiblité d’exclure de la citoyenneté l’immense majorité de la population d’Algérie, le gouvernement décide d’octroyer la citoyenneté, dans le maintien du statut local (.......). Cependant l’accès à la citoyenneté des musulmans ne leur confère pas pour autant l’égalité politique » p 63) , « Brutalement , le déclenchement de la guetre met en lumière les lacunes de l’intégration des musulmans de l’Algérie coloniale, les inégalités et les disparités socio-économiques et politiques » (p 66), « L’émancipation de la femme pendant la guerre d’Algérie répond à des objectifs à court terme de l’action  psychologique » (p 111),  « Si les évolutions statutaires de la femme furent favorablement reçues par une part non négligeable de l’opinion publique musulmane, cela ne signifait pas pour autant une allégeance à la France : la majorité des femmes s’exprima en faveur de l’indépendance lors des référendums sur l’auto-détermination » (p 271)