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Essai André Paul Weber - "La colonisation française..."

Date de création: 07-03-2019 19:08
Dernière mise à jour: 07-03-2019 19:08
Lu: 1116 fois


HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI ANDRE PAUL WEBER- « LA COLONISATION FRANÇAISE... »

La colonisation française en Algérie. Une illusion tragique. Essai de André-Paul Weber (Préface de Aïssa Kadri) . Casbah Editions, Alger 2016, 318 pages, 950 dinars

 

Péché capital initial du colonialisme en Algérie, une illusion tragique fondée « sur le mensonge , la sauvagerie et le mépris ».

A partir de là, indique le préfacier, « tout devient inéluctable et coule, en quelque sorte de source, où tout s’éclaire et s ’explique et où le tomber de rideau est déjà acté » : L’exode des « Européens » d’Algérie (dont une très large partie des Juifs , « assimilés » par le fameux décret Crémieux d’octobre 1870 et qui, durant la guerre contre la France, ont choisi leur camp.......ainsi que des milliers de harkis) mis à part les assez nombreux « Justes », chrétiens, israélites, communistes, libéraux, resté fidèles à leur pays natal et à leurs convictions de liberté, de justice, d’égalité et de fraternité .

D’abord, un mensonge , né avec les fausses justifications pour lancer’ « l’expédition d’Alger » en  1830 ; une entreprise préméditée (en fait , une véritable croisade , colonisation et évangélisation  allant de pair!) depuis bien longtemps.

Ensuite, une sauvagerie , remarquée lors de la « conquête » du territoire visant , publiquement ou hypocritement, à développer une politique de la « tabula-rasa », « où le déni de l’autre, de ses traditions, de ses règles, mœurs et coutumes , vise  sinon à sa disparition, du moins à sa soumission et marginalisation ». Que de massacres ordonnés et/ou perpétrés par des officiers aux noms désormais tristement célèbres : Bugeaud, Saint Arnaud, Aumale, Cavaignac......plus proche de nous  Massu, Bigeard, Aussaresses, Salan, Léger, Challe, Lacheroy, TRinquier ...... Que de projets réussis ou avortés ou reportés pour faire disparaître tout un peuple , déjà dépossédé de toutes ses terres nourricières et poussé à l’exil.  L’Algérie était  devenue le « déversoir de la France et de l’Europe »  et les autorités d’occupation ont tout fait pour importer tous les « déclassés du monde (dont, dit-on , comble du ridicule , pour « remplacer » l’indigène local, des Hindous , des Chimois......).

Enfin,  un mépris d’abord sournois et paternaliste puis sans vergogne (par les autorités et par le colon) , de l’Arabe, l’Indigène musulman , le « melon », le « bicot », le « raton », le « crouillat », la « crouille », la « moukère », toujours tutoyé et toujours servi le dernier lorsqu’il n’est pas servi du tout)   ......dont le point l’expression culminante (réaliste ? clairvoyante ? alibi ? de tout un peu , un peu de tout) déclarée en octobre 1959 (entretien avec Roger Peyrefitte) du général de Gaulle sur la population algérienne . décrite à travers « des turbans et des djellabas » et qui « même savants » sont inintégrables.   Il est vrai qu’il n’avait pas , aussi, une haute idée des pieds noirs.

Et puis, toujours de la rancune : ainsi ,il a fallu attendre , après l’Indépendance, quarante cinq années pour que la France remette à l’Algérie les plans des mines déposées par l’armée française le long des fontières....Entre-temps , l’opération menée par l’Anp était terminée mais combien de morts ?

 

L’Auteur : Universitaire, économiste de formation, Docteur d’Etat , professeur honoraire  d’économie, enseignant et chercheur (Universités de Nancy, Reims , Montréal, Essec...),  il a exercé des fonctions administratives variées au sein d’institutions publiques ( Ministère, Conseil de la concurrence,  , Csa...) . Déjà auteur de deux ouvrages, toujours sur la colonisation française en Algérie

Extraits : «  Tandis que l’Indigène a été exploité, discriminé, méprisé, le colon a été adulé, tout lui a été permis » (p 25), «  Tout au long de ce siècle (XIXè siècle), le, pouvoir colonial a piétiné les engagements qui avaient été les siens. Agissant de la sorte, il n’a pas manqué d’exacerber les sentiments des populations locales » (p 113), « Tout au long de la période coloniale, le discours sera toujours le même. La victoire est pour demain, il suffit pour cela que les effectifs militaires soient adaptés aux situations rencontrées » (p 140), «  Le soldat laboureur tient plus de la mythologie que de la réalité » (p 182), « Comme l’observe très judicieusement Ch.-A Julien, au temps de l’impérialisme triomphant, qui brisait sans pitié ses adversaires, « (....) rares furent les Français de métropole qui mirent leur plume au services des colonisés » (p 226) , « Tout naturellement, le colon pense qu’il relève d’une essence supérieure et il est d’autant plus enclin à le croire que la presse de l’époque l’entretient dans cette croyance. Tel est le contexte dans lequel le mépris colonial prospère « (p 296)

Avis :Ouvrage fourmillant de détails sur les méfaits de la colonisation...., mais aussi sur les quelques « bienfaits ». Ainsi , pour l’auteur, (p 177) se basant sur le fait que «  tout au long de la période coloniale, les musulmans demeureront continûment majoritaires.... » , et grâce aux « progrès médicaux introduits .... »,  « l’affirmation calomnieuse, ici et là véhiculée, voulant que le colonisateur se soit en Algérie livré à un génocide, est infondée. C’est une  falsification de l’histoire ».Une dénégation participant, peut-être sans le vouloir, à la destruction de la réalité ! Il y a aussi des  descriptions assez terrifiantes de la situation de la communauté israélite lors de l’occupation turque.....de  l’hygiène des villes et des populations. On ne sait quoi penser !

Citations : «  L’Algérie fut (...) le déversoir des misères de la France et de l’Europe » ( Aissa Kadri, p 19) , « On ne construit rien de durable sur le mensonge, la sauvagerie et le mépris » (p 23), « Que ce soit en France ou en Europe, la prévention touchant le monde arabo-musulman est « multiséculaire ». Bien après les Croisades, c’est une constante, pour le monde chrétien (....) l’ennemi est mauresque, il importe de s’en méfier au plus haut point » (p 153)