CULTURE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- ÉTUDES
DJOHER AMHIS OUKSEL- « L’EXIL ET LA MÉMOIRE.... TAOS AMROUCHE»
L’exil et la mémoire. Une lecture des romans de Taos Amrouche.
Etudes de Djoher Amhis-Ouksel ,
Casbah Editions, Alger, 2017, 320 dinars, 181
pages.
Elle est née en 1913......à Tunis. Elle avait 4 frères dont Jean El Mouhoub ,
le journaliste très connu pour ses œuvres poétiques et son engagement politique
(Durant la révolution algérienne, il a été un interlocuteur du Général de
Gaulle). A 18 ans, elle essaye de préparer l’Ecole normale supérieure (de Saint
Cloud) . Au bout de deux mois, elle abandonne. Premier
livre (terminé en 1939) en 1947 (Editions Charlot-Alger) ,
« Jacinthe noire » . En 40-42, elle se trouve à Madrid et
se marie avrc un peintre. Onze années de vie de
couple.....et des détails dans « Solitude ma mère » . Fin de la guerre. Installation en France. C’est ,aussi, la découverte du chant berbère et la participation
à des festivals et à des concerts : Paris, Florence, Rabat, Tunis,
Dakar...la radio aussi (39-40 à Radio Tunis et Radio-Alger de 1957 à 1963) .
Une carrière prestigieuse, parcourant le monde entier.....pour célébrer
l’Algérie. Des rencontres : A. Breton, J . Allegri, H. Bosco, J. Giono, Kateb Yacine, Aimé
Césaire....Des prix , de disques et des romans : « Rue des
Tambourins » en 1960, « Le grain magique » en 1975, « l’Amant
imaginaire » en 1975 , « le roman d’une véritable souffrrance » ). A titre posthume, en 1995, « Solitude
ma mère », (« Un appel au secours » ). Et, hélas, le décès en 1976 (2
avril) sans qu’elle ait eu réellement et
librement l’occasion de s’exprimer , totalement et
librement (exemple de son invitation suivie d’une « mise à l’écart »
incompréhensible, lors du Festival
panafricain d’Alger. Il est vrai que « Taos bouleverse les codes
culturels. Elle s’affirme dans des œuvres autocentrées sur le moi omniprésent.
Ce sont les romans de la rébellion contre la négation de la femme. Et, au-delà,
c’est « l’appel à la tribu » , et çà, le pouvoir
« socialiste » de l’époque , en pleine phase de consolidation, ne
pouvait l’admettre publiquement) , chez elle, en Kabylie, en son Algérie
berbère natale (et en Tunisie) , sa vraie patrie, un pays qu’elle n’a jamais
cessé de porter avec joie et fierté mais
aussi avec douleur (à travers le désir
de s’approprier son vrai prénom , ce qui renvoie à la quête incessante d’un
équilibre, à la quête de soi et l’affirmation de sa personnalité) toute sa vie,
de son enfance à son décès.
L’ Auteure : Professeur
de lettres françaises , inspectrice d’enseignement ...à la retraite. Une très
longue carrière consacrée à l’éducation, à la formation et à la transmission du
savoir. Et, des publications nombreuses dont des « lectures »
d’œuvres des auteurs algériens célèbres (Mammeri, Dib, Ouary,
Benhedouga, Feraoun...).....ouvrages visant les jeunes lecteurs et, tout
particulièrement, les élèves des collèges et des lycées.
Extraits : « Une femme s’exprime, une femme
ose. On a dit que c’était « une féministe avant l’heure ». On ne doit
pas enfermer Taos Amrouche dans un schéma réducteur.
C’est une femme amazighe, libre mais conditionnée par une société patriarcale
qui efface la voix et le corps des femmes. Comme sa grand-mère, elle
transgresse les codes sociaux et bouleverse une hiérarchie fortement
établie » (p 155) , « Kateb Yacine, dans sa
préface à « Histoire de ma vie » de Fathma Aïth
Mansour Amrouche , écrit : « Il s’agit d’un
défi aux bouches cousues : c’est la première fois qu’une femme d’Algérie
ose écrire ce qu’elle a vécu, sans fausse pudeur et sans détour ». Ainsi,
Taos Amrouche s’inscrit, comme sa mère, dans la
lignée d’écrivaines prestigieuses » (p 157)
Avis :En fait, tous, jeunes et vieux, doivent lire les
« lectures » de Djoher Amhis-Ouksel.....pour mieux aborder les auteurs étudiés et
surtout, pour bien comprendre leur
personnalité......Celle de (Marguerite) Taos Amrouche,
à la vie exceptionnelle (selon Jean Giono) , la
« femme-mémoire , chrétienne par les hasards d’une histoire
douloureuse, ( selon Mohammed Kheir Eddine) étant, objectivement, la plus complexe,la
plus mystérieuse et la plus passionnante.
Citations : « L’acte
d’écriture est une nécessité pour son (Taos Amrouche)
équilibre, pour évacuer cette souffrance accumulée depuis son enfance » (p
72), « Les romans de Taos Amrouche sont des
romans de la passion, de la révolte, du désir de vie, de la démesure qui
mettent en lumière les contradictions d’une jeune femme, victime d’une histoire
qu’elle n’a pas choisie » (p 159)