HISTOIRE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH-
ESSAI MOHAMMED BOUDAOUD- « LES ARMES DE LA LIBERTÉ.... »
Les armes de la liberté. Algérie : Guerre de libération. Mémoires et
témoignages. Essai de Mohammed Boudaoud, dit Si Mansour (propos recueillis
par Ait Mouhoub Mustapha et Khelaifia
Zoubir. Préface de Daho Dhjerbal) . Editions Rafar, Alger ( ???), 2015, 750 dinars, 198 pages
Des « mémoires vivantes » , un recueil de souvenirs qui ,bien que très lointains,
nous reviennent plus que chauds, nous replongeant dans une aventure humaine
extraordinaire ayant contribué de manière concrète et plus que positive à la
lutte de libération nationale. A travers le vie d’un jeune homme devenu
rapidement adulte en raison des combats pour la liberté qui s’imposaient, on
revit donc , certes ,pas mal de problèmes liés directement à la vie de
l’individu mais surtout la mise sur pied
d’une « industrie » algérienne
de l’ armement , dans des ateliers clandestins basés au Maroc, tout
particulièrement . Il assure même que si Ben Bella ne l’avait pas
« stoppée » après juillet 62, éparpillant les centaines de cadres et
techniciens spécialisés (durement formés sur le tas ou à l’étranger) , elle était la plateforme idéale pour une vériable industrie algérienne de l’armement
Durant la guerre, il fallait , en effet ,
rapidement , sortir des réseaux classiques d’approvisionnement étrangers en
raison des risques encourus, les services d’espionnage français « veillant au grain », surveillant, enquêtant , infiltrant ,
sabotant, assassinant, interceptant……rendant difficile l’arrivée des cargaisons
durement acquises (achetées ou offertes).
L’ouvrage est truffé de petites et grandes révélations, l’auteur ayant
côtoyé nos plus grands : Ainsi, de toutes les « aides » en
armement des pays amis, l’Urss a été (presque ) la
dernière à s’y mettre. Ainsi, Cuba a même envoyé aux combattants des lots de
cigares (on comprend maintenant l’amour immodéré de Boumediène
et de certains autres , pour le cigare cubain !) et de rhum ( ce
dernier, dit-il, et on le croit, échangé
contre des armes avec des Marocains, encore que.....). Ainsi, le soutien des
Marocains a été continu et massif. Ainsi, il fut un des premiers à avoir su (de
la bouche même de Krim Belkacem)
l’assassinat de Abane Ramdane. Il met , aussi, en
exergue, le rôle et l’engagement des militants de la 4è Internationale
communiste. Elle mit ,au service de l’Aln, des ingénieurs et des techniciens qui ont aidé à la
fabrication, entre autres, de la première mitaillette.
On a eu , aussi, des grenades (dont la fameuse grenade
anglaise fabriquée en 1956) , des mortiers, des obus….Ainsi , Rachid
« Casa » n’était pas structuré et il travaillait en franc-tireur,
dépendant d’abord de Boussouf puis de Boumediène .
L’Auteur : Témoin privilégié de la grande aventure
de l’Aln (à travers, entre autres le Malg) au Maroc ….et ailleurs. « Plongé dans la marmite nationaliste
indépendantiste au sortir de l’adolescence » ,
comme l’écrit le préfacier Daho Djerbal , ancien
officier de l’Aln, longtemps responsable du Départemnt armement et logistique ouest du Malg, et, aussi .....frère de
Omar Boudaoud, un des grands animateurs de la Fédération de France
Extrait : « Les tueries du 8 mai 1945 ont
réveillé les consciences, et les élections leur ayant succédé ont quelque part
scellé l’union nationale malgré quelques tiraillements d’une infime
importance » (p 32)
Avis : Valeur littéraire moyenne mais valeur documentaire
inestimable. Même les commentaires de l’auteur sont intéressants
. Nombreux documents d’archives (écrites et photographiques)...et toute
une longue (300)liste des membres de la Direction
logistique Ouest, Dlo.
Citation : « Abane assassiné par ses pairs, la révolution prenait un
autre tournant. Un virage à 180°, où les luttes au pouvoir prenaient le pas sur
les nobles causes tracées dès le déclenchement de l’insurrection armée. Ce
n’était ni plus ni moins qu’un avertissement pour ceux qui s’aventureraient à
contester les pouvoirs d’un groupe restreint d’hommes prêts à tout pour asseoir
leur suprématie » (p 71)