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Mémoires Abdelhak Brerhi- "Itinéraires...."

Date de création: 06-03-2019 18:36
Dernière mise à jour: 06-03-2019 18:36
Lu: 1153 fois


VIE POLITIQUE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- MEMOIRES ABDELHAK BRERHI – « ITINÉRAIRES.... »

Itinéraires. De l’Université à la Politique  (Tome I) . Essai et mémoires de Abdelhak Bererhi .   Necib Editions, Alger ( ??) 2017 (indication de l’imprimeur), 1300 dinars, 674 pages.

Il faut le reconnaître, il a été un des plus brillants universitaires, tout particulièrement avec un passage à Constantine qui avait permis à la toute nouvelle Université de devenir un exemple d’innovations et d’audace , d’être le « premier jalon de la Réforme ».  Il est vrai que, durant « les années de boue »,  tout était à alors à construire, avec des décideurs fournissant, heureusement,  largement, les moyens car cherchant à élargir leurs bases populaires, tout particulièrement celles des intellectuels et des étudiants. 

Ministre (de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique) , avec Chadli Bendjedid, dans le premier gouvernement,  après le décès de Houari Boumediène, il a fait bouger bien des lignes, devenant presque un enfant gâté du pouvoir . Il est vrai que, « parrainé » par Mohamed Seddik Benyahia d’abord, puis  par Mohamed Salah Yahiaoui (qui l’avait « récupéré » au Fln lorsque le Président Boumediène avait estimé qu’il fallait « rénover » le parti devenu un banal « appareil bureaucratique)  et proche (grâce à son dynamisme et à son niveau) de bien d’autres décideurs (Mehri, Messadia, Belloucif ...), il avait réussi à résister aux assauts répétés de certains autres qui , trouvant qu’ « il en faisait trop », ne lui voulaient certainement pas que du bien (dont le ministre du Plan devenu par le suite  Premier ministre, A.Brahimi).

Peut-être en raison de sa carrière sportive (footballeur) , il est nommé.....à la Jeunesse et aux Sports. Une voie de garage ? Il n’y demeura que peu, les évènements d’Octobre (le ministère se trouvant dans « l’œil du cyclone » lors de l’occupation par les islamistes des places publiques dont celle du Premier mai) et la suite bouleversant la donne politique du pays.

Heureusement , le système a l’art de vite (et bien) « récupérer » ses « intellectuels » . Ambassadeur , pardi !  La diplomatie est une autre expérience. Puis , c’est, brusquement , en 1992, le rappel au pays et un « placard » de cinq années....Le reste (désignation ,par le président L. Zeroual, au Conseil de la nation)  est fait d’une démission (car ne supportant pas la « main de fer » de Bachir Boumaza qui, avec l’arrivée au pouvoir de A. Bouteflika, s’était durcie encore plus )  en compagnie d’autres membres, dont Salah Boubnider et le Commandant Azzedine) . Un autre combat pour une plus vraie vie démocratique (création du Ccdr)  ....et , un autre tome annoncé !

L’auteur :Né à Ain Beida en 1940, footballeur ayant joué à l’Usmk puis au Mca puis à l’Omse, docteur en Médecine, recteur de l’Université de Constantine, deux fois ministre (Enseignement supérieur puis Jeunesse et Sports) durant la présidence de Chadli Bendjedid, Ambassadeur (Indonésie et pays proches ), membre du Conseil de la nation –tiers présidentiel- duquel il démissionne en 2001, membre du Ccdr , alors présidé par Salah Boubnider....militant sans cesse contre l’intégrisme et le terrorisme islamiste....

 Extraits : « J’ai toujours été un Homme libre, engagé pleinement dans ses convictions , sans calcul et sans peur » (p 45), « Le mauvais départ fut pris dès l’indépendance, avec la fameuse phrase : « nous sommes arabes, arabes, arabes ! ». Provocatrice, démagogique et irresponsable , cette assertion fut à l’origine de beaucoup de tourments que connut l’Algérie, avec un pouvoir qui occulta notre amazighité originelle réduisant notre identité à l’islamité et à l’arabité  » (p 114) .

Avis : Une autobiographie « positive » et  une réflexion bien souvent critique. Très riche en informations sur le parcours – assez complexe - de l’auteur . Un long passage sur le Printemps berbère alors qu’il était ministre. Un témoignage et une version   intéressantes (et il y  en a !) bien que..... Ouvrage très utile aux jeunes chercheurs qui veulent savoir comment les choses s’organisaient et se faisaient avant.....mais informations (beaucoup d’ annexes avec des reproductions de textes parfois illisibles et beaucoup trop de photos..) trop nombreuses et trop détaillées et bien mal présentées , à chaque fin de chapitre, donnant un  air de « remplissage » !

Citations : «  Le système de parti unique imposait une pensée unique, une langue unique et, sporadiquement, une médiocrité unique « ( Pr Youssef Nacib, préface,  p 13) , « Tout engagement dans la vie repose , pour être effectif, sur les  4 R : Les racines, la rigueur dans tous les engagements, la rationalité, conséquence logique d’un esprit rigoureux, la respectabilité vis-à vis d’autrui »  (p 25) , « Dans un système fermé, on ne démissionne pas, on est « appelé à d’autres fonctions  ! », débouchant souvent sur une retraite anticipée , procédé de plus en plus en vogue ces dernières années » (p 102), « De façon schématique, il existe trois catégories d’intellectuels : Les intellectuels honnêtes, engagés dans la lutte pour des idées........les intellectuels « organiques » qui servent sans état d’âme un pouvoir, un régime, un système.......et la pire des catégories, celle des intellectuels « déférents », ceux qui vendent leur âme au diable ....... Il y a, aussi,  une quatrième catégorie, celle des « intellectuels faussaires »... » (p 102), « Autiste, aveugle et sourd (....) le pouvoir a toujours agi sous la pression des évènements , dans l’urgence du moment, sans vision prospective, se résignant à des mesures tronquées et superficielles » (p 121) , « L’Université est un baromètre de référence d’un pays, son miroir et son observatoire »  (p 621), « Sans humanisme, sans culture, une société aussi développée technologiquement fut-elle, sera une société  sans repères, sans éthique, sousmise à toutes sortes de dérives «  (p 630)