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Récit Achour Rais- "La boîte et le fusil"

Date de création: 05-03-2019 18:32
Dernière mise à jour: 05-03-2019 18:32
Lu: 1626 fois


HISTOIRE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- RÉCIT ACHOUR RAÏS- « LA BOÎTE ET LE FUSIL »

La boîte et le fusil. Récit de Achour Raïs( préface de Mohamed Karim Tebbal). Casbah Editions, Alger 2018, 700 dinars, 180 pages

 

Naissance de la conscience révolutionnaire......non pas au niveau de l’élite, mais au sein de la classe populaire : celle des habitants de la Casbah d’Alger sous l’occupation coloniale et aux débuts de la guerre de libération nationale. Décrite , au départ, sous forme de pièce de théâtre. Chronique d’une jeunesse mouvementée, tumultueuse, partagée entre modernité (surtout celle des occupants) et authenticité (liée beaucoup plus à l’idée nationaliste), mais aussi une jeunesse souffrante et lasse de la situation de laissée-pour compte créée par la colonisation.

Ce sont donc plusieurs histoires qui se croisent et s’entrecroisent : celle des petits cireurs armés d’une simple boîte (contenant cirage, brosses et chiffons mais appelée, par la suite,  à transporter et à cacher les armes servant aux attentats) ;celle des (petits et adultes) porteurs de couffins des courses des vieilles dames européennes ;   celle des travailleurs, surtout des dockers au contact du monde extérieur et des bateaux accostant au port ; celle des petits commerçants vivant de tout et de rien et pratiquant sans peur le crédit ;  celle des artisans se suffisant de peu ; celle de quelques rares « bourgeois » , plus aristo’ que capitalistes , toujours  accrochés à un certain style de vie ; celle des mauvais garçons et des truands dont les gangs (ceux de « P’tit boxeur », de « Hacène El Annabi », de « Mustapha Hamiche » puis celui de « Al Capone » , celui de  « Said Square », celui de « Faucon ».....) , étaient craints et parfois admirés ; celle des jeunes désœuvrés , « goumènes » (bellâtres) en attente de « coups » ; celle des animateurs de jeux de hasard (cartes ou dés) ; celle des bars et du proxénétisme ; celle , aussi, des indicateurs et autres « collabos » indigènes d’une  police toujours aux aguets.....pour mettre à bas toute tentative de rébellion.....tout en laissant les « Arabes » s’ entre-déchirer et s’entre-tuer. Toute une société vivant presque en vase clos, presque ghettoïsée n’ayant de peu de rapports avec la population d’origine européenne (la population juive mise à part) ......seulement au niveau des marchés (dont « Clauzel » ..), au « Square Bresson » et « Place du gouvernement » .....au stade lors des rencontres phares de foot (surtout entre les clubs « musulmans » et les autres) et dans les salles de cinéma (pas toutes !)......Puis vint la lutte ce libération nationale.....l’organisation de la résistance, le recrutement de combattants,  les combats des militants du Fln contre les agents du Mna, la mise au pas des gangsters et de truands , l’élimination des collabos’.....mais aussi les descentes de police (coloniale) , les arrestations , les pires sévices, la torture à mort , la guillotine....

 

 

 

 

L’Auteur : Formé en art dramatique, diplômé du Conservatoire d’Alger (classe de comédie en langue arabe) étudiant à l’Institut national du cinéma, comédien à la Radio algérienne et au Tna, acteur dans plusieurs films longs métrages , télé-films et feuilletons....et professeur d’art dramatique au conservatoire d’Alger depuis 1978.

Extrait : «  Dans cet Alger des lendemains de la Seconde Guerre mondiale, le chômage, l’exclusion constituent un terreau de choix pour la délinquance sous toutes ses formes. Les jeunes rejetés par le système scolaire, sans emploi ni perspectives, sont en admiration devant ces « durs » (ndlr : les truands) , rêvant de devenir comme eux , être craints et respectés, voir les gens s’écarter de leur chemin à leur passage » (p 51)

Avis : Pièce de théâtre avant de devenir récit ; récit pas assez romancé,  d’une  vie quotidienne « théâtralisé ». Difficile de s‘ y retrouver....car, pour bien d’entre-nous, nous sommes trop  « dedans » (trop près) et pour les plus jeunes, ils seront trop « dehors » et « trop loin ». Bonne nouvelle : Il paraît qu’il y a un film en préparation

Citation« Quand on n’a pas vécu libre, il est difficile d’imaginer l’indépendance » (p 153)