VIE POLITIQUE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- RECUEIL DE
TEXTES ,COLECTIF- « DEFIS DEMOCRATIQUES.... »
Défis démocratiques et affirmation
nationale. Algérie 1900-1962. Recueil de textes, réunis par Afifa Bererhi, Naget Khadda, Christian Phéline, Agnès Spiquel, Chihab Editions, Alger 2016, 1600 dinars.
Ni nouveau procès, ni justification rétrospective d’un système
aujourd’hui révolu de longue date (mais qui reste encore assez présent dans les
esprits, même chez les plus jeunes) , voilà donc un ouvrage qui veut contribuer
à une connaissance plus profonde des rapports établis entre colonisateurs et
colonisés.... à travers la longue durée de leur
« coexistence ».
Ce sont ,donc, des regards croisés qui sont offerts
au lecteur, des regards qui parfois ne partent pas du même point de vue, chacun
des auteurs (et ils sont nombreux) ayant une expérience différente , voire
opposée. Heureusement, tous l’abordent avec une exigence partagée d’objectivité
critique .
Il y a, comme auteurs, trois générations, des chercheurs de spécialistés et de convictions diverses :
Celle à l’œuvre à partir des années soixante-dix.....dont plusieurs membres
avaient compris que l’on ne peut complètement « décoloniser
l’Histoire » sans explorer la dimension d’anthropologie sociale et
culturelle de la colonisation.
Celle qui, vingt ans plus tard, a repris le flambeau en dépassant les
mythologies partisanes et en approfondissant l’histoire sociale aux multiples
registres.
Celle enfin des tout jeunes chercheurs qui s’attachent depuis peu à
documenter des sujets souvent neufs et à explorer de nouvelles sources en
Algérie comme en France
Donc, peu de vieilles barbes ! Cela se voit d’ailleurs même en
politique, bien plus en France qu’en Algérie. Il est vrai que les traumatismes
du « colonisé » , même si les causes
remontent à bien loin (exemple des
massacres de 45)sont bien plus graves que chez le colonisateur...mis à part son
départ précipté , encore bien mal analysé et très mal
expliqué. A chacun ses nostalgiques et ses revanchards.....et ses historiens
« périmés ».
Six grandes parties : Ouvertures (la formation et la formulation
de l’identité nationale algérienne, le
discours national algérien ) / Lieux et
rencontres ( le Cercle du Progrès d’Alger, les Rencontres de Sidi Madani en
1948, 1956 et l’ « Appel à la trêve civile » , les Centres sociaux /
Hommes et métiers (les postiers, la vaccination dans la Casbah d’Alger, les
avocats indigènes, les instituteurs et les enseignants , les compétitions
de cyclisme) / Feuilles libres (Etudes
sur la presse...des oulémas-journalistes du M’zab,
messaliste, libérale, communiste) / Mots et images (Taos Amrouche,
les écrivains algériens, la littérature algérienne de langue française, Mostefa Lacheraf, cinéma et Histoire) / Mobilisations (La
République du Rif, les Mosquées, l’abbé Scotto , Me Poppi,
Porot, Fanon, Mandouze, l’Ugema et l’Unef) / Contrechant
(une analyse de Nedjma par Mireille Djaïder)
Les Auteurs : Ils
sont 27 auteurs de textes , pour la plupart tous des
universitaires......dont Bedjaoui Ahmed, Denise Brahimi, Omar Carlier, Christiane Chaulet
Achour, Alice Cherki, Mireille Djaïder,
Hassane Remaoun, Marie-Joëlle
Rupp, Aissa Kadri, Naget Khadda,
Henri Teissier, Dominique Wallon, Mourad Yellès......
Extrait: « Le futur ne peut se concevoir sur la
simple négation de ce qui lui préexiste, surtout lorsqu’il s’est agi d’une
colonisation de peuplement ayant imprimé sa marque pendant plus de cent trente
années. Ce serait ignorer la complexité des emprunts, interférences, échanges
qui, même s’ils furent pour l’essentiel imposés par la force, ont alors façonné
dans la durée le tissu socioculturel du pays » (Avant-propos, p 12)
Avis : Un (riche, très riche, trop
riche) ouvrage qui « se veut (...) une pierre de balisage sur « les
chemins qui montent ». En regardant en face le passé, on verra, peut-être , plus clair. Bien que l’on sache que la
« libération de l’Histoire » n’est pas une mince affaire. Ni une
affaire des seuls politiques ou
d’anciens combattants, ni même des seuls historiens. ...mais de culture ,
d’ouvertures sur le monde...et de temps
Citation : «Elle (l’Algérie) peine encore à fédérer ses
forces vives autour d’un projet commun qui fasse destin ;en
partie , sans doute, parce que la construction de son unité nationale s’est
élaborée sur l’utopie d’un retour aux sources qui éradiquerait la
« parenthèse » coloniale » (avant-propos, p 12)