CULTURE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI
ABDELMADJID KAOUAH- « DIWAN DU JASMIN.... »
Diwan du jasmin meurtri. Une anthologie
de la poésie algérienne de graphie française. Essai de
Abdelmadjid Kaouah. Chihab
Edtions, Alger 2016,
1 600 dinars, 366 pages
Il était temps qu’un homme de lettres algérien répare un grande injustice
commise à l’endroit de la poésie nationale.....l’oubli ou la marginalisation . Tout d’abord en présentant plus d’une
centaine de poètes algériens, hommes et femmes,
s’exprimant en langue (graphie) française.De Noureddine Aba , Kateb Yacine , Mohammed Dib , Boualem
Khalfa , Bachir Hadj Ali et Malek Haddad à Hamid Skif , Jean Sénac, Anna Gréki et Assia Djebbar en passant par Zhor Zerari, Henri Kréa, Jean Pellegri, Lazhari Labter et Mostefa Lacheraf . Des
hommes et leurs œuvres !Réhabilités ? non,
ils n’ont en pas besoin tant leurs écrits restent, aujourd’hui encore , pour les plus « anciens », inscrits dans
les mémoires et pour les plus jeunes rythment les sentiments et les rêves
....tous dressant , dans les nuits d’un monde en perpétuel (r-)évolutions,
« le fanal des certitudes ». En 1957, Albert Memmi annonçait que l’esentiel de la littérature maghrébine serait en langue
arabe tandis que celle de langue française serait vouée au dépérissement.....Il
a reconnu par la suite qu’il était allé trop vite en besogne puisqu’elle connaît , aujourd’hui plus qu’hier, une vitalité
insoupçonnée. Parallèlement à une littérature de langue arabe (et très bientôt
de langue amazighe) dont de beaux fruits commencent à être récoltés.
Le roman a déjà écrit son histoire...la poésie aussi :
D’abord , une littérature profondément imbriquée dans un combat historique
déjà avec Jean Amrouche, puis Ait Dajfer,
puis Jean Sénac, puis Dib et Feraoun et
Mammeri et Kateb Yacine........avec même une prédominance de l’expression
poétique. Poésie de de la contestation, de la
protestation et de résistance ! Ensuite , après
l’Indépendance, une poésie du « mal de vivre et de la volonté
d’être ». Enfin, hélas, ces dernières décennies, avec le début d’un cycle
tragique avec des poètes assassinés (D’abord Sénac en 1973 , puis Tahar Djaout, puis Lâadi Flici, puis Youcef Sebti), une
littérature retournant à l’exil....pour toujours mieux créer.
L’Auteur : Né en décembre 1950 à Ain Taya
(Alger) . Maîtrise de Lettres modernes.
Journaliste-chroniqueur littéraire (presse....dont Révolution africaine,
Horizons.... et radio des deux rives), poète (« poésie discrète,
suggestive, ,limpide, amoureuse, belle que l’exil a
rendu quelque peu amère » selon A. Cheurfi),
auteur de plusieurs publications et essais sur la poésie algérienne .
Extrait : « Le poète s’est érigé successivement
en porte-parole de l’asservissement et de l’insurrection d’un peuple dans le
contexte colonial, en partisan de l’espérance post-indépendance
se défaisant de la rhétorique du réalisme socialiste, en redresseur de torts au
regard des perversions de l’homme nouveau dans la jeune république, en
perturbateur du discours dominant autant qu’en annonciateur de vérités à venir,
enfin en justicier désarmé condamnant sans
appel l’innommable infamie intégriste » (Hamid Nacer-Khodja, préface, p 10), « Le verbe a rythmé avec
constance les peines et les drames, les catastrophes ainsi que les allégresses,
les jubilations et les heures festives de l’Algérie » (A. Kaouah, liminaire, p 13)
Avis : Une anthologie certes incomplete
(« Une anthologie est toujours une œuvre personnelle et de parti
pris » » écrit en préface Hamid Nacer-Khodja) , tant la poésie
algérienne d’expression française
est « une Somme, un
Parcours, un Vertige » difficile à saisir.....pour le lecteur....mais pas
totalement pour l’auteur.Livre de chevet des
insomniaques et des rêveurs !
Citations : « Journal de bord d’une patrie en
mouvement, journal intime d’une identité d’homme, telle est la dualité porteuse
de la poésie algérienne » ( Hamid Nacer Khodja, préface, p 10),
« En Algérie, non seulement des poètes eurent à rendre compte de leur
œuvre mais aussi de leur vie. Poètes brimés, poètes escamotés, poètes exilés,
poètes assassinés, autant de stations d’un long supplice » ( p 18) « Poésie et Résistance apparaissent
comme les tranchants d’une même lame où l’homme inlassablement affûte sa
dignité « (Jean Sénac, 1957, p 45)