VIE POLITIQUE-
BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- RECIT BENJAMIN STORA ET ZAKYA DAOUD- « FERHAT
ABBAS.... » (publiée in magazine LE CAP, n°31)
Ferhat Abbas,
une autre Algérie. Récit historique de Benjamin Stora et Zakya Daoud. Casbah
Editions, Alger 1995 (
Paru chez Denoël- Paris en 1995) 429
pages, 660 dinars
Y a pas
photo! Ce bonhomme là est un Monument de notre Histoire contemporaine. Une
histoire qui, pourtant , a connu bien de héros: des
guerriers, des bandits de grands chemins, des mystiques, des stratèges, des
baroudeurs, des discoureurs, des emballés, des “têtes brûlées”…..mais rarement
un héros aussi “éclaté” et ausi éclatant que Ferhat
Abbas.
Eclaté parce
qu’il s’est trouvé , hasard et nécessité de l’histoire
conjugués, bataillant au dedans et au dehors, sorte d’Algérien nouveau avant
l’heure , étrange produit de l’intrusion étrangère dans un monde déjà riche en histoires.
Il a tout
fait, tout essayé, tout sacrifié pour tout traverser: de l’idéalisme
républicain dans sa jeunesse (avec l’Udma) à
l’engagement révolutionnaire (mais toujours républicain) de la maturité à 57
ans avec le FLN/ALN. D’habitude, c’est
l’inverse que l’on voit . Et, toujours libre
“politiquement” malgré les “surveillances” et les “piques” des “jeunes” ….
Déroutant monsieur qui reste encore à découvrir.
Seul (ou
presque car , il a eu la chance extraordinaire d’avoir une
compagne et épouse extraordinaire), il eut le courage de ne pas participer à
une réunion du CEE dès qu’il eut appris l’assassinat par les hommes de Boussouf (et en présence de celui-ci, il fallait le faire à
l’époque!) , de Abane Ramdane…et
, c’est ce dérapage monstrueux , découvert bien tard et qui n’a pas encore
livré tous ses secrets, qui a poussé, sous la pression de Ferhat Abbas, à
former un vrai gouvernement…et , donc, d’élargir la direction de la Révolution.
Ce qui,
peut-être, ne lui fut pas , ne lui fut jamais,
pardonné.
Face aux
exaltés et aux fanatiques, il n’avait pas sa langue dans la poche : ne
disait-il pas à Bentobbal et à Benaouda “…vous finirez par créer autant d’Algérie qu’il y a de
colonels….”
Prémonitoire,
il a prévu la fin des idéologies…et il a prédit que “..le
régime (algérien) fabriquera des robots,
des opportunistes, des courtisans”
Engagé, il
ne pouvait “vivre sans créer” et, ne pas servir sa patrie lui était
insupportable. De ce fait, le vieux lion n’a pas raté sa sortie, fin 1985, à 86
ans, sa mort éclipsant le congrès du Fln qui interrompit ses travaux pour une
minute de silence.
Une
phrase à retenir : ”
Assurer le pain du peuple est certes un objectif principal. Lui assurer cet
autre pain qu’est la liberté de pensée et d’expression est également un bien
précieux”.
. A
lire. A
relire même si on peut trouver à redire sur certaines étapes ou certains
commentaires. L’esprit républicain et démocratique est une affaire de
sensations mais aussi d’expériences. S’imprégner de l’esprit abbasien, aujourd’hui, c’est espérer de l’avenir.