TRAVAIL- SECURITE- SECURITE SOCIALE 2019
L’aggravation des déficits de la CNR est due
essentiellement à la croissance «modérée» des recettes de cotisations,
notamment durant la période 2015-2018 avec un taux de couverture des dépenses
par les recettes, qui est passé de 81% en 2014 à 56% en 2018, mais la situation
demeure «extrêmement précaire» selon Le
DG de la CNR (jeudi 7 février 2019) qui a
également imputé cette situation à l’évolution «effrénée» des dépenses avec un
taux annuel moyen de 18% entre 2010 et 2018, en raison notamment de la
revalorisation annuelle des avantages de retraite, des augmentations salariales
substantielles en 2012, avec des effets rétroactifs jusqu’à 5 ans et
l’augmentation massive des départs en retraite avant l’âge légal. Selon lui les
dépenses annuelles de la CNR dépassent les 1.200 milliards de DA, tout en
rappelant les périodes «dures» qui sont à la source de la situation actuelle.
Évoluant dans une courbe «ascendante», les difficultés ont commencé, selon lui,
à peser en 2014 pour connaître un véritable creux en 2015. «En 2016, nous
avions comptabilisé 300.000 dossiers de départ à la retraite. Le déficit
financier était de l’ordre de 336,8 milliards de dinars, pour atteindre plus de
479,1 milliards en 2017, puis les 560 milliards de dinars en 2018.
L’équilibre financier de la caisse ne peut se faire que si 5 employés cotisent
pour 1 retraité. Chose qui n’est pas le cas actuellement, puisqu’il existe 43%
des salariés qui ne sont pas déclarés à la Sécurité sociale», a-t-il détaillé.
Cependant, le DG de la CNR n’a pas manqué de souligner que la détérioration de
la situation financière de la Caisse depuis plus de 5 ans a conduit les
pouvoirs publics à engager une «réflexion de fond» sur le régime de retraite
des travailleurs salariés, en vue «d’améliorer» ses comptes financiers à moyen
et long terme, et «d’en assurer» la viabilité.
«Cette réflexion a notamment abouti à l’abrogation de l’ordonnance 97-13, à
compter du 1er janvier 2017, et à l’instauration d’une contribution de solidarité
(taxe douanière) au taux de 1% applicable aux opérations d’importation de
marchandises mises à la consommation en Algérie, en vue d’augmenter les
ressources financières de la CNR», a-t-il expliqué, se félicitant au passage
que la baisse des départs à la retraite, depuis l’abrogation du dispositif de
la retraite anticipée, allège les charges sur cette caisse et lui accordera un
équilibre financier pour «les années à venir».
«Avec des départs à la retraite estimés à moins de 80.000 l’année
écoulée, le déficit actuel de la caisse s’élève à 600 milliards de DA. Pour le
combler, nous avons bénéficié, dans le cadre de la loi de finances pour 2019,
d’un prêt à payer en deux tranches sur une période de 20 ans de la part de
l’État», a noté M. Mellouka, qui annonce que ce
montant ne devrait pas chuter, cette année, mais plutôt augmenter. Les
premières estimations font état de 610 milliards de DA à la fin de 2019.
Le DG de la Caisse nationale des retraites a tenu par ailleurs à rappeler, aux
membres de la commission, les différentes aides octroyées à la CNR, pour
pouvoir verser les pensions et les allocations aux retraités, et déclaré, à ce
propos, que l’ampleur des déficits, leur aggravation et leur persistance durant
la période (2015-2017) «ont nécessité le recours à la solidarité inter-Caisses»
et à «l’intervention de l’État», à travers une contribution «exceptionnelle»
pour l’année 2018 d’un montant de 500 milliards de DA, faisant référence à
l’article 110 de la loi de finances de 2018.
Interrogé en marge de cette rencontre sur la stratégie de la Caisse pour
subvenir, à l’avenir, à ses besoins, Slimane Mellouka
a fait savoir que la CNR est en train de penser à mettre en place d’autres
taxes ou impôts, pour avoir des recettes supplémentaires. «Nous sommes en train
de renforcer le contrôle pour récupérer les dus en matière de cotisation dans
le cas des impayés, des sous-déclarés pour lutter aussi contre l’informel afin
de renflouer les caisses», a-t-il assuré, imputant cette période «critique» au
nombre des cotisants qui est de 2 travailleurs pour un retraité, au lieu de 5
travailleurs pour un retraité. Le DG de la CNR est revenu également sur le
texte de loi en cours d’élaboration permettant aux ressortissants algériens
établis à l’étranger et désirant cotiser pour bénéficier, à l’avenir, d’une
retraite, et précisé que ce dernier sera soumis à qui de droit pour être
examiné. «Dès qu’il sera finalisé, il entrera en application dans les meilleurs
délais», a-t-il conclu.