POPULATION- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-
ESSAI AHMED ZITOUNI- « ÉLOGE DE LA BELLE-MÈRE..... »
Eloge de la belle-mère, à l’usage des
gendres et belles-filles soucieux de préserver la paix de leur ménage. Essai de Ahmed Zitouni. Editions Frantz Fanon, Tizi
Ouzou 2016. 185 pages, 600 dinars
Côté jardin, toujours dans le désordre : Notre
Sainte Mère l’Eglise, la mère patrie, la mère de Dieu, la mère du vinaigre, la
grand-mère, la ,mère Tape-dur, la mémère, la mère supérieure, la mère
adoptive, la maison mère, la belle-mère, la dure-mère, la fille-mère, la mère Machin-Chouette, la mère-grand, la mère de famille, la
bonne mère, la joie d’être mère, la mère l’Oye, la reine mère, la mère gigogne,
la mère poule, la mater dolorosa, la mémé, la mamma,
la maman...
Côté ....cave , dans le désordre :
petite mère, mère dénaturée, mauvaise mère, marâtre, belle –doche, puis
se contempler en virago, carne, carogne, dame de la halle, dragon,
forte-en-gueule, gendarme, grenadier, grognasse, harengère, harpie, poison,
poissarde, pouffiasse, rombière, maritorne, mégère,
...tricoteuse....avorteuse...
Le registre des appellations populaires est
inépuisable. Des mères de toutes catégories, il y en eut.....Mais, si pour les
mères la part est assez belle, pour les premières, la part semble maudite.....et
presque toute la littérature existante ne leur réserve aucune gloire. Les
grandes oubliées et lorsqu’elles sont citées ou écvoquées,
c’est bien plus pour démerter. Quelques pages en
catimini, deux ou trois lignes jetées à la hâte. La belle –mère reste
donc globalement frappée d’indignité littéraire, interdite de séjour sur
les couvertures des livres.... Elle est la clandestine de
toujours ».....quand elle n’est pas décrite sous son plus mauvais jour
Un sondage (en France) datant de la fin des années 80...... avait « découvert » que 80 % des gendres et des
brus pensaient que la belle-mère est « un agent hautement perturbateur ».....50 % des brus
estimaient que c’est « une vraie peau de vache » et 20% que c’est
« un pot de colle »......Heureusement, 80 % des gendres avaouent avoir de binne relations
avec leurèbelle-mère
L’Auteur : Né
en 1949 à Saïda. Ecole normale (Oran puis Alger). Enseignant de maths. Sciences
Po’ Aix en Provence. Ecrivain vivant dans le sud de la France
, auteur de plusieurs ouvrages (romans et essais)
Extraits : « La
solitude. Cette misère des êtres supérieurs, cultivée depuis comme une fleur
rare. Unique, parce que choisie et non subie » ( p
23), « A ma connaissance, Mussolini est le seul chef d’Etat qui
demanda la main de sa femme en menaçant sa future belle –mère d’un révolver.
C’est aussi l’un des rares privilégiés à avoir fait exécuter son gendre . Ce qui explique son aversion pour la
belle-mère... » (p 51), « Si la contraception est affaire de femmes,
de mères et de belles-mères, elle n’est guère le souci dominant des hommes.
D’ailleurs, la plupart d’entre-eux songeaient plus à
rendre les femmes enceintes qu’à leur éviter de le devenir : n‘était-ce
pas la preuve vivante d’une virilité qu’il fallait sans cesse confirmer ? »
(p 101)
Avis : Un livre bien
écrit (avec un –trop ?- grand souci d’un exercice de style réussi) , dans lequel on trouve du sérieux et beaucoup d’humour. A
lire........par les brus et les gendres, pour mieux connaître leur autre
« maman ». Déconseillé aux belles-mères susceptibles et/ou
acariâtres.
Citations : « Le
dictionnaire est une maison dans laquelle on entre pour s’informer et de
laquelle on sort sournoisement déformé » (p 32) , « Et si l’histoire
de l’humanité n’était pas l’histoire de la lutte des classes, mais celle de la
lutte des sexes » » (p 53), « On ne naît pas femme, on ne naît
pas mère, on naît encore moins belle-mère, on le devient » (p 53) ,
« Qu’est-ce qu’un couple, sinon deux individus qui se débattent entre deux
fantômes : ce qui reste de leurs mères, le noir miroir de leur
inconscient » (p 84)