DEFENSE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-ROMAN SAID
OUSSAD- « LE TEMPS DE MOURIR »
Le temps de mourir. Roman de Said Oussad. Editions Frantz Fanon, Tizi
Ouzou, 2017. 158 pages, 600 dinars
La vie de deux journalistes, le rédacteur- narrateur et un photographe de
presse, durant la période la plus noire
(ou la plus rouge de sang) du pays. A Oran, alors que le terrorisme battait son plein, visant
tout ce qui pensait, écrivait ou contestait, tout ce qui avait un stylo, ou un
cartable, ou une cravate.....et pour ce
qui concerne les femmes, ne portait pas
le foulard ou avait le « malheur » d’être jeune et attirante.
A l’extérieur de la ville (et cela était
visible à travers presque tout le pays), les massacres se suivent, nombreux et
sauvages....Une barbarie incroyable, si irréaliste qu’elle ne manquait pas
d’entraîner les plus naïfs des observateurs (dont les journalistes) sur le chemin de la confusion et du
« qui tue qui ? ».
C’est cette curiosité intellectuelle, naturelle et consubstantielle
à une profession qui se respecte, qui a entraîné notre « héros » à
accepter d’interviewer un terroriste, certes redoutable mais sur le chemin de
la « repentance ». Un cheminement théoriquement facile à imaginer
(tout particulièrement après la descente de plusieurs bières dans des lieux de
désespoir et d’échecs, des bars mal-famés.....et la
lecture d’articles sur les « escadrons de la mort » ) , mais un
chemin qui va se transformer en cauchemar.......Car, il n‘y a pas que des terroristes en voie de
repentance....il y a , aussi, des « exterminators »,
toujours à la recherche de vierges , de gorges à trancher et d’être humains à
tuer .....la religion servant
, en fait, d’alibi.
Un chemin cauchemardesque qui mènera l’un à
la mort (crise cardiaque tant les émotions sont fortes) et l’autre à l’asile psychiatrique
. Et, la guérison n’est pas pour demain .Suivez mon regard !
L’Auteur :
Né en 1968 à Ain Témouchent. Licence lettres françaises (1993). Journaliste
(« Liberté »)......et « premier journalsite
algérien à interviewer un terroriste »
Extrait : « Oran
respirait la peur des attentats à la bombe. Les morts tombaient plus vite que
n’étaient creusées les tombes et l’espoir, une denrée aussi rare que des
vierges dans un bordel » (21)
Avis : Noir, c’est
noir ! Mélange de souvenirs , de
mémoires et de documentation.....la fin étant la partie la plus réussie, car
correspondant le plus ou le mieux au
genre roman .
Citations : « Rien
n’est blanc. Rien n’est noir. Tout est nuance. La vie est nuance et le Diable y
habite » (p 30), « La proximité de la mort exacerbe la libido, tout
comme le jeûne » (p 88).