ECONOMIE- ETUDES ET ANALYSES-
CROISSANCE ALGERIE 2019- CLASSEMENT COFACE
La Compagnie française
d'assurance pour le commerce extérieur (Coface) a estimé, mardi 5 février 2019, à Paris, que la croissance de l'Algérie
reste «modérée» en 2019, tout en maintenant, pour la troisième année
consécutive, la note «C» dans son guide annuel des risques pays. Classée
depuis 2009 à la catégorie A4, l'Algérie a reculé d'un cran en 2016, pour être
classée, à partir de janvier 2017, dans la catégorie «C».
Cette
catégorie classe les pays où les perspectives économiques et financières sont
très incertaines, l'environnement des affaires comporte d'importantes lacunes
et la probabilité moyenne de défaut des entreprises est élevée. En Afrique du
Nord, l'Algérie est classée avec la Tunisie, qui a perdu une catégorie, à la
troisième place derrière le Maroc (A4) et l'Egypte (B). Derrière elles,
viennent la Mauritanie (D) et la Libye (E) en raison de la crise. Sur les 48
pays africains évalués, elle partage la 15e place avec l'Angola, le Burkina
Faso, le Cameroun, le Djibouti, l'Ethiopie, le Gabon, la Guinée, le Niger, le
Nigeria, l'Ouganda, le Congo (RD), le Sao-Tomé-Et-Principe, la Tanzanie, le
Togo et la Tunisie. Dans son «Guide Risques Pays & Sectoriels 2019»,
présenté lors de son 23e forum, la Coface a estimé que la croissance de l'économie
algérienne restera «modérée» en 2019, relevant que l’augmentation du cours du
pétrole a permis à l'économie algérienne de reprendre de l’allant en 2018. «Les
recettes d’exportations d’hydrocarbures, qui représentent 93 % des volumes
exportés, se sont accrues, allégeant la pression sur les recettes budgétaires,
permettant, ainsi, à l’Etat de poursuivre sa politique de soutien à
l’activité», a expliqué cet organisme d'assurance du commerce extérieur, notant
qu'a contrario, les volumes exportés ont baissé au cours de l'année, à cause du
recul de la production.
Légère diminution du
déficit public
Cette dernière, a-t-on souligné, reste «pénalisée» par le «manque
d’investissement et l’arrivée à maturité des champs», ajoutant qu'afin de
répondre à ces enjeux, le gouvernement devrait mettre en place une nouvelle loi
pétrolière qui serait effective en 2019 et qui aura pour objectif d’attirer les
investissements étrangers. La Coface évoque également la diversification des
sources et modes de production avec le développement de l’offshore et
l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels, estimant que ça «devrait
permettre au secteur de retrouver un nouveau souffle». Cependant, a-t-elle
relevé, en dépit d’un marché pétrolier qui devrait rester «favorable» aux exportateurs
d’hydrocarbures, l’activité algérienne «devrait légèrement ralentir en 2019».
«L’Etat devrait bénéficier de marges de manœuvre budgétaire supplémentaires,
mais (...) ces dernières seraient axées sur des mesures sociales. Les
transferts sociaux devraient en effet augmenter, ce qui soutiendrait la
consommation des ménages, mais les dépenses d’investissements publics devraient
marquer le pas», a-t-elle fait remarquer, considérant que le ralentissement de
l’économie hors hydrocarbures, notamment des secteurs fortement dépendants de
la dépense publique et un climat des affaires «peu favorable», «devraient
continuer à pénaliser l’investissement privé». Concernant
la politique budgétaire du gouvernement, le rapport a considéré que
l’amélioration de la conjoncture pétrolière «a favorisé une légère diminution
du déficit public en 2018, qui devrait se poursuivre en 2019». Pour cet
organisme, les dépenses de fonctionnement et les transferts sociaux (notamment
en soutien des familles), «devraient augmenter au détriment des dépenses
d’équipement», ajoutant que la dette publique devrait augmenter en conséquence,
«mais elle restera majoritairement domestique». «Le recours à l’endettement
extérieur reste pour le moment exclu par les pouvoirs publics», a-t-on affirmé,
relevant que le déficit courant s’est «nettement contracté» en 2018. Par
ailleurs, la Coface a estimé que les réserves de change «continuent de
s’éroder, mais à un rythme moins rapide, prévoyant une augmentation des IDE,
«notamment grâce la nouvelle loi d’investissement dans le secteur pétrolier».
Parmi les points forts de l'économie algérienne, la Coface cite les importantes
réserves de pétrole et de gaz, le potentiel dans les domaines des énergies
renouvelables et du tourisme et la situation financière extérieure solide (très
faible endettement extérieur, importantes réserves de change). Parmi les points
faibles, elle évoque, entre autres, la forte dépendance aux hydrocarbures, le
taux de chômage des jeunes «élevé», le poids «excessif» du secteur public, les
lourdeurs bureaucratiques, les faiblesses du secteur financier et un
environnement des affaires «problématique».
Croissance mondiale : des
perspectives « assombries »
Malgré le maintien d'un rythme soutenu en 2018, la «multiplication d'embûches»
a commencé à ralentir la croissance mondiale en fin d’année, au point
d’assombrir les perspectives pour 2019, a estimé hier à Paris la Compagnie
française d'assurance pour le commerce extérieur (Coface). «Malgré de très
nombreux obstacles sur son passage (risques politiques divers et variés, forte
volatilité des cours des matières premières, contraintes d’offre dans les
économies avancées, pour ne citer qu’eux), la croissance mondiale est parvenue,
en 2018, à maintenir un rythme aussi soutenu qu’en 2017 (3,2 %). Mais la
multiplication de ces embûches a commencé à la ralentir en fin d’année, au
point d’assombrir les perspectives pour l’année qui débute (3,0 %)», a expliqué
la compagnie dans son «Guide Risques Pays & Sectoriels 2019», présenté lors
de son 23e forum, soulignant que l’ampleur de ce repli paraît «modeste», mais
est «suffisant» pour que le risque de crédit des entreprises augmente.
Le prix du baril de Brent
atteindra 75 dollars en moyenne
La Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur (Coface) prévoit
dans son évaluation de l'économie mondiale que le prix du baril de Brent
atteindra 75 dollars en moyenne en 2019, soit un niveau «similaire» à celui de
2018. Dans son «Guide Risques Pays & Sectoriels 2019», présenté mardi 5
février à Paris lors de son 23e forum, la Coface reconnaît cependant que
l'exercice de prévision est «d'autant plus difficile», au moment où la
volatilité des cours a nettement augmenté depuis le début du 4e trimestre 2018.
Pour elle, le niveau d'un prix à 75 dollars est «suffisant» pour éviter à de
nombreux pays exportateurs de pétrole de «devoir couper dans leurs dépenses
publiques afin de compenser de moindres recettes liées aux matières premières»,
relevant que l'accord de l'Opep sur la réduction de
la production pour contenir les prix a été respecté par la Russie et l'Arabie
saoudite.