HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-
ROMAN KHALED GRABA- « LE CHEMIN DE
TRAVERSE »
Le chemin de traverse. Roman de Khaled Graba.
Casbah Editions, Alger 2016, 814,95 dinars (+ 14,95 : bienvenue à la
nouvelle Tva) dinars, 150 pages
C’est le roman de la Kabylie « heureuse »( !?)
à la veille de la Révolution armée, mais ceci
personne ne le savait. Tout juste le pressentait-on à l’appoche du 1er Novembre. Ainsi, le geste de Idir, 25 ans à peine,
se débarassant, d’un bon coup de fusil bien
ajusté, de Bob le garde-champêtre , un Algérien
« pourri » jusqu’à l’os, faisant
régner la terreur est , peut-être , le signe annonciateur du grand soulèvement.
Il est vrai qu’il avait, par le passé, fréquenté l’école coranique du coin et
même l’école publique, rattrapé par les besoins de la famille en main-d’oeuvre agricole. Il est vrai qu’il avait connu
–en tant qu’apprenti couturier - Alger et la misère des « réfugiés » à la Casbah,
entassé dans des chambrettes san aération. Il est vrai qu’il avait assisté,
tout petit, à un meeting de Messali Hadj. Il est vrai
qu’il était parti en France ramener son père, malade et brisé par la dure vie
d’émigré .Il est vrai, qu’il avait assisté, juste avant sa mésaventure avec
Bob, en route pour Akbou afin de vendre les produits
de sa récolte de tabac (interdite par la colonisation qui en avait le monopole)
, par hasard, dans un refuge de montagne , à une sorte de « réunion »
de trois personnes assez étranges....préparant un « coup »....et qui
, déjà, parlaient d’une échéance toute proche
Pas si heureuse que ça , la Kabylie sous la
colonisation. N’empêche. Il y avait,
tout de même , une certaine vie, faite de labeur
ininterrompu, sur des morceaux de terre chiches mais suffisants pour survivre.
Il y avait le village et son
organisation millimétrée vivant au rythme des anciens , de la dignité et de l’honneur.....avec une révolte qui
couve, qui couve.
C’est l’histoire, donc , des Ath Ourlane de Thagouts, un village haut perché .....déjà
créé après une révolte, ce qui est tout dire. Trois frères en fuite, trois
clans...qui, au fil du temps ont donné des « hommes », fidèles , encore une fois, au rendez-vous de l’Histoire.
L’Auteur :Né en 1946, à la
Casbah d’Alger, mais une bonne partie de son enfance au village de Kalâa Nath Abbas (une citadele abritant le tombeau de Mohamed El Mokrani) . Diplômé de l’Ena, une
longue carrière dans la Fonction publique...et une retraite bien méritée ,partagée entre Alger et le village natal.......avec
, au bout, ce roman.
Extraits : « Cela se passe ainsi dans nos
montagnes austères. Les sentiments sont souvent tus ; ils s’expriment
seulement dans les actes, froidement. Jamais d’effusion dans le propos ou dans
le geste » (p 25) , « C’était (le fusil)
plus qu’un ami fidèle, une partie de lui-même. En ces lieux hostiles, le fusil
était un moyen de défense, mais aussi un symbole. La consécration de la
virilité » (p 115)
Avis : Bien écrit, dans un style simple, peut-être le
style des sexagénaires et plus. Un histoire émouvante
et instructive.....tout particulièrement quand le mode de vie du village et de
ses habitants est décrit de manière méticuleuse.
Citation : « Dès qu’elle cesse d’abriter la
vie, la maison se meurt » (p 56)