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Roman Amar Ingrachen- "Le temps des grandes rumeurs"

Date de création: 06-02-2019 12:38
Dernière mise à jour: 06-02-2019 12:38
Lu: 1224 fois


POPULATION – BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN AMAR INGRACHEN- « LE TEMPS DES GRANDES RUMEURS »

Le temps des grandes rumeurs. Roman de Amar Ingrachen. Editions Frantz Fanon, Alger 2016, 600 dinars, 146 pages

A vrai dire, il n’y a pas d’histoire.....mais plutôt les états d’âme d’un héros perdu dans une ville capricieuse, dans un pays descendant aux enfers, entouré d’hommes d’affaires hypocrites, de politiciens véreux, de gouvernants dictatoriaux, de citoyens  déçus, déchus, perdus dans un climat de terreur et de panique , l’université « bordélique », la défiance généralisée, la perte de confiance en soi.....tout cela sous l’œil et les matraques vigilantes du « dieu » de pays et de ses barbouzes. Qui voient dans toutes les autres couleurs que le noir et le blanc, des préludes à des coups dEtat.

Le héros est un narrateur qui raconte le tout, ses mésaventures y compris : son arrestation , l’emprisonnement et les menaces, Zineb l’étudiante, Mehdi, l’intello assassiné (dans des « conditions obscures »), Salim le « graffiteur », Malek (un ancien berger djelfaoui dépossédé de ses troupeaux ) le marchand à la sauvette , Adel et sa soeur Sylvie ,les descendants de pieds-noirs et dont le père engagé totalement et très tôt pour l’indépendance du pays   .....tous défenseurs des droits de l’homme, tous des « damnés de la terre » , critiques virulents mais décidés et sincères   de la révolution « confisquée », de l’autoritarisme et des « infections capitalistes » , souvent arrêtés  et emprisonnés, toujours menacés....Tous, faisant partie d’une ville et d’une société ayant vécu des « crises et des traumatismes très puissants » . A l’être humain ne reste (« peut-être ») que la parole ,... pour « dire ce qui fait mal », pour « tout dire de ceux qui font du mal », « tout dire, l’inutile, l’impossible »...pour éviter de «  vivre, de mourir ou de disparaître dans le silence ».. 

L’Auteur :Né en 1986.  Diplômé en Lettres modernes,  journaliste, il a coordonné un ouvrage collectif (Editions Frantz Fanon, 2016), « Quelle transition démocratique pour quelle Algérie ? ».

Extraits : « Le temps , ça vous casse toujours deux fois.La première en vous traînant dans les marécages de l’éternité. La deuxième, en vous jetant ,comme une vilaine bouchée de salive, dans le néant » (p 34), « A Alger, Dieu est partout, sauf dans les cœurs »( p 53), « L’Algérie, un pays où le poids de l’histoire est trop lourd. Un pays où le prix de la paix est si cher » (p 65)

Avis : Un livre de colère.....à l’image de la toute  nouvelle vague d’écrivain (d’à peine la trentaine et moins de la cinquantaine) . Une envie folle d’un « autre monde », une « autre vie »  .Tous les tabous sont descendus en flammes . Sans pitié ! Un livre pas facile à lire, car parfois l’écriture est (trop) recherchée.... ce qui en fait l’originalité......Mais à  cœur vaillant, rien d’impossible !

 Citations : « Les grandes bâtardises de l’histoire se cachent derrière les vertus, le talent, l’art et le génie » (p 7), « Chaque jour nouveau est une nouvelle vie dans une ville » (p 10) , « Le printemps ne se crée pas sur les murs. Il se crée dans les cœurs » (p 48), « Les politiciens sont tous des arbres . Ils donnent de l’ombre ,mais pas des fruits.Leur bois peut quelquefois être utile. Leur utilité est donc dans leur destruction » (p 52) , « Le froid du passé se garde dans les cimetières, mais sa chaleur , c’est dans le corps des hommes et des femmes qu’elle se réfugie » (p 77),  « Debout,  bien assis, mal assis, le bar est le seul endroit où les gens semblent être contents de la place qu’ils occupent «  (p 87), « La dictature, c’est l’abstraction métaphysique, mystique, juridique et politique du ridicule. Et le ridicule n’a pas d’identité . La seule qu’on en sache est qu’il ne tue que rarement «  (p 89)