HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-
RECUEIL ARTICLES MOHAMED SAID- « AMAR OUZEGANE.... »
Amar Ouzegane. Le révolutionnaire heureux.
Recueil d’articles, préfacé par Mohamed Said. Editions Alem El Afkar,
Alger 2016, 231 pages, 530 dinars.
L’auteur n’y va pas par quatre chemins. Dès sa préface, il raconte qu’encore
adolescent, lorsqu’il entendait parler, dans le milieu familial, de Amar Ouzegane,
le nom était accompagné d’épithètes pas toujours sympathiques pour
l’époque : Communiste, athée, mécréant......C’était avant la guerre de
libération. Plus tard, il apprendra, « incidemment », son engagement
dans les rangs de la Révolution armée.....
Un homme mal compris, donc mal jugé ? aujourd’hui
encore (de toutes façons, c’est une manie bien de chez nous !) ....par des
gens qui restent aggripés
à des périodes de vie spécifiques imposant bien souvent certains engagements.
Amar Ouezgane, né en 1910 (et décédé à Alger en mars
1981) , et dont le grand-père paternel est mort les
armes à la main aux côtés de Hadj Mohamed Mokrani,
est un des rares Algériens ayant eu,
alors, la chance de fréquenter l’école coloniale et d’achever le cycle primaire
(ce qui était , pour l’époque une prouesse tant les difficultés étaient nombreuses).
Il s’était engagé assez tôt dans le
combat politique . Porteur de télégrammes à 13 ans, à
16 ans, il était déjà secrétaire des Jeunesses syndicalistes des Ptt, puis
membre des Jeunesses
Communistes....fondant même un journal, « L’œil des Ptt » qui
se vendait clandestinement. L’époque où l’Emir Kahled
est exilé, sans retour, en Orient et où le Parti communiste (Pcf) « dénoncait tous les réformistes, qu’ils fussent musulmans ou
européens, qui ne soutenaient pas la cause de l’indépendance » (M. Kadache, 2003) . A partir de 1946,
son franc-parler, ses désaccords avec les dirigeants communistes français et
les Algériens « béni-oui-oui », ainsi que son attachement à la
religion et sa défense de l’Islam (« sa mère était membre d’une société
secrète maraboutique »)
l’amenèrent peu à peu à se retirer des responsabilités politiques....et
à rejoindre, quelques années plus tard ,
la rédaction du « Jeune Musulman » (organe des jeunes de
l’Association des Oulémas musulmans d’Algérie) fondé alors par le jeune Ahmed
Taleb Ibrahimi. Ce sont donc ses chroniques,
études et articles qui sont présentés
....dont le contenu nous montre un « nationaliste authentique »
(Gilbert Meynier).
Une révélation (p 151. Extrait d’un long article sur « Abdelkader, le
Chevalier de la foi », 30 janvier 1953) ) :
« Au lendemain de la deuxième guerre mondiale,son
épopée avait inspiré le thème d’un film...L’auteur du scénario était américain,
le réalisateur italien et l’acteur choisi algérien.....le Gouvernement général
a refusé de laisser tourner le film »
L’Auteur : Un des
premiers journalistes de la télévision nationale, ancien directeur d’Echaâb, ancien Dg de l’Aps,
ancien directeur de la Communication aux Affaires étrangères, ancien
ambassadeur, ancien ministre de la Communication, président d’un parti
politique.
Extrait : « Le lecteur est en présence d’un
homme révolutionnaire, nationaliste, unioniste, serein dans sa foi, fier
de ses origines, mais animé d’un puissant sentiment de révolte contre l’injustice et la discrimination »
(p 16)
Avis : Plus d’une soixantaine d’articles et
d’échos dont une quizaine de grands papiers (sur
36 numéros parus entre le 6 juin 1952 et le 30 juillet 1954). Un autre style,
certes, de son temps, mais un engagement révolutionnaire décidé...sur bien des
questions....d’actualité....comme le berbérisme par exemple ....comme l’Islam
libre et tolérant....
Citations : « C’est
la mission noble de nos historiens que de défricher le terrain, à la recherche
des matériaux encore enfouis dans les cerveaux des survivants
. Se taire, c’est accepter de
léguer aux générations présentes et futures une histoire sans témoins,
incomplète et falsifiée. C’est permettre à d’autres, sans rapport, de la faire
à notre place et de transformer leurs affabulations en vérités officielles.
L’histoire n’est pas un conte de fées » (Préface, p 32), « Le fait
d’avoir été lucide en 1954 en rejoigant les rangs du
Fln , en terminant mon activité révolutionnaire en beauté comme ministre dans
l’Algérie indépendante, me suffit pour le jugement de l’Histoire....je suis
vraiment un révolutionnaire heureux » (Amar Ouzegane,
p 29, extrait de son unique ouvrage, « Le Meilleur combat »),
« Un défaut essentiel dont ces jeunes doivent se débarasser ;
le culture trop excessive du passé ,..même le plus glorieux » ( Amar Ouzegane, p 2019, extrait
d’un article publié dans « Le Jeune Musulman » n° 9, 31 octobre
1952)