CULTURE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-
OUVRAGE COLLECTIF RABAH AIT MESSAOUD- « ALGERIE ARABE.... »
Algérie arabe. En finir avec l’imposture. (Recueil de textes) Ouvrage
collectif coordonné par Rabah Aït Messaoud, Hand Baïri, Hend Sadi (dessin de
couverture de Hichem Baba-Ahmed, le Hic)
Koukou Editions, Alger 2016, 247 pages, 600 dinars .
Dix-sept textes, longs (comme ceux de Slimane Benaissa,
d’Arezki Metref
et de Kateb Yacine) ou/et courts (comme ceux de Yahia
Belaskri , de Mohia et et de Amin Zaoui) , des textes bien connus ou nouveaux, tous
percutants de vérités, tous d’écrivains
, journalistes, poètes, auteurs de théâtre, de cinéma, chanteurs, enseignants,des femmes et des hommes, des berbérophones et
des arabophones, algériens et marocains......et quelques voix disparues .En
tout dix-neuf personnes. De Kateb Yacine, Jean Amrouche,
Mohia et Amin Zaoui, à Lounis Ait Menguellet ,Yahia Belaskri, Ben Mohamed, Nabile Farès, Abdellatif Chaouite et Arezki Metraf en passant par Simane Benaïssa, Assia Djebbar, Salah Guemriche, Meryam Demnati , Mouloud Zedek et Malika
N’Ath Kaci-Arabi.......
Au départ, une idée bien simple mais géniale émise –en 1985 – par un génie
de notre littérature nationale :Kateb
Yacine . « Alléger « l’Histoire des Berbères » d’Ibn Khaldoun pour en faire un livre de combat ». Une idée
reprise par nos trois mousquetaires de la culture amazighe sous une autre
forme : un livre collectif qui interroge l’identité algérienne d’aujourd’hui
en sollicitant des auteurs de notre temps.
Une interrogation somme toute assez naturelle qui aurait dû, qui aurait pu
venir bien plus tôt de la part de
chercheurs des laboratoires
universitaires algériens , ici même, sur le sol national et non à
l’étranger et dans le calme et le dialogue,
n’eussent été les pesanteurs bureaucratiques et, surtout, les hostilités
politiciennes autoritaristes et « orientales » qui, jusqu’en 90 ,
avaient « verrouillé » le champ de la recherche , de la réflexion et
de l’expression socio-culturelle (et cultuelle) .
Les Auteurs : Militants de longue date pour la culture
amazighe et liés par une amitié de plus de quarante ans
Extraits : « Comme je me suis insurgé contre
l’Algérie française, je m’insurge contre l’Algérie arabo-musulmane. On ligote
un peuple à travers une langue et une religion. Je ne suis ni arabe, ni
musulman. Je suis algérien. Assumons d’abord d’Algérie » (Kateb Yacine,
Interview, Le Monde, 11-12 août 1985, p 15) ,
«...Les Imazighen mettent volontiers sur le compte
des seuls « Arabes »l’oppression millénaire et la négation de l’être berbère.Si cette double accusation n’est pas humainement
fausse, elle est historiquement injuste » (Salah Guemriche,
, p 167)
Avis : Ne pas se fier au titre assez « accrocheur ».
Des textes très, très engagés (celui de Salah Guemriche
est , peut-être , le plus serein) beaucoup plus pour
« éclairer notre avenir », en faveur de la culture amazighe et d’une
interrogation sur l’identité algérienne réelle que contre la culture
arabe.....Plutôt contre une certaine d’ « arabiser »
Citations :
« Si nous ne savons pas encore tous clairemnet
ce que nous voulons, du moins, savons-nous tous ce que nous ne voulons pas
« (Rabah Aït Messaoud, Hand Baïri,
Hend Sadi, p 25) ,
« Une identité est un processus en mouvement, une construction et elle est
en rapport avec l’Autre, celui qui nous tend le miroir. La terre algérienne a
vu nombre de peuples y déferler......Tous ont laissé une part d’eux-mêmes qui
m’a constitué » (Yahia Belaskri, p 41), « Ma mère est une évidence naturelle
et non un article constitutionnel » (Slimane Benaissa,
p 79), « Une langue pour moi, c’est la vie, la nécessité.....Je n’ai
qu’une langue maternelle, de même qu’on n’a qu’une seule mère. C’est le
berbère » ( Arezki Metref,
p 198)