COMMUNICATION- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-
ETUDE F.ZOHRA GUECHI-« LA PRESSE ALGERIENNE DE LANGUE ARABE.... »
La presse algérienne de langue arabe,
1946-1954. Enjeux politiques et jeux de plumes.Etude de Fatima Zohra Guechi (Préface de Daho Djerbal) . Editions Midad University Press, Constantine
2009, puis 2013. 500 dinars (Découvert et acquis chez un bouquiniste), 377 pages .
Cent cinquante titres (de presse écrite nationale ou « indigène »)
en français, soixante sept en arabe ou bilingues sont parus entre 1847et 1939
en Algérie sous domination coloniale (Mohamed Nasir, 1980.....et voir aussi le
travail effectué par Zahir Ihaddaden
qui a soutenu en 1978 une thèse sur « l’Histoire de la presse
« indigène » de sa naissance à 1930 » ).......Plus de cinquante
titres parus de 1943 à 1962 dont presque
la moitié en arabe ou bilingue......Et, la recherche reste encore à faire,les archives restant difficiles d’accès , les
collections étant parfois incomplètes ou
inexistantes...C’est peut-être tout cela qui rend encore plus intéressante l’étude menée par
F-Z Guechi qui a préféré , pour plus d’efficacité ,
se limiter à une période bien précise (1946-1954) , certainement la plus
« parlante » car politisée (au début de l’année 1946, la presse de
langue arabe paraissant en Algérie ne comptait que deux
titres.... « Al Najah » et « Al Balagh Al Djaz’iri ») car annonciatrice de grands bouleversements socio-politiques....et se suffire d’un champ linguistique
auparavant assez ignoré, celui de la presse écrite de langue arabe
.
Tout d’abord , comme il sied à toute thèse, il y a une analyse quantitative
avec la présentation de titres représentatifs ou emblématiques du paysage journalistique de l’époque : la
presse de l’Association des Ulémas (« Al Basa’ir »,
« Al Shu°la », « Al Abkariya », « Ifrikiya
al shamaliya »),
les journaux d’obédience Mtld (« Al Maghrib Al Arabi »,
« Al Manar », « Sawt Al Jaza’ir », « Sawt Al Sha°b ») , la presse du Pca
de juillet 1946 à septembre 1955 (« Al Jaza’ir
Al Jadida ») , celle de l’Udma de septembre 1944
à 1949 (« Egalité des Hommes, des Peuples et des Races » , « Al Watan » ), et ....bien sûr, la presse d’obédience
administrative (on y retrouve les
journaux se réclamant du cheikh Al’Uqbi comme
« Al Islah », « ‘Asa Musa »,
« Al Dda°wa » ou
« Al Dda°i », « Shabab
Al Muwahidine » , « Al Lliwa »
et « Al Qabas ».........et les autres comme
« Al Murshid », « Sawt
Al Masjid »....)
Sur vingt trois titres, onze étaient des organes poltiques
dont sept des porte-parole de partis. Pas de quotidiens, périodicité peu fréquente , durée moyenne de vie très courte, petits et
moyens formats, pagination réduite, présentation technique sobre mais belles
calligraphies , tirage faible.....
Ensuite , il y a l’analyse thématique et
rédactionnelle assez fouillée...débouchant sur la découverte –à la veille du 1er
Novembre 1954- d’un haut degré de conscience de l’élite (car , c’est surtout
une presse d’opinion mettant l’accent sur la formation politique du
« citoyen » et du lecteur) ) et sa ferme conviction dans la victoire
des aspirations du peuple algérien.
L’Auteure : Enseignante Universitaire (Université de
Constantine puis Université d’Alger-Faculté des sciences politiques et de
l’Information) ayant soutenu sa thèse, en français (Paris II-Créteil) sur le
sujet en octobre 1982 sous la direction de feu le professeur Ageron. Ouvrage soumis à l’Opu en
1984 qui avait alors estimé que le travail était publible..........mais
en arabe .
Extraits : « L’histoire de l’Algérie
contemporaine a été trop souvent écrite à travers le prisme des luttes politiques »
( Daho Djerbal, préface, p
7), « La presse algérienne ,née
sous le régime colonial , fut marquée par le sceau de la domination jusqu’en
1962 (p 11)
Avis : A rechercher, à trouver et à lire absolument pour découvrir que la
presse nationale et le journalisme authentiquement algérien–et
leurs combats - ne datent pas d’aujourd’hui. Incontournable pour les étudiants
en journalisme et en sciences politiques.
Citations : « La dichotomie entre la langue
vernaculaire, la langue d’enseignement et la langue dans laquelle paraissent la
plupart des ouvrages académiques a produit une rupture telle que le savoir a
fini par laisser la place à l’opinion non documentée » (Daho Djerbal, préface, p 8) , « Si l’attitude de la presse
est tributaire du milieu social qui la dirige, elle l’est aussi des conditions
de fabrication, de rédaction et des moyens financiers et techniques dont elle
dispose » (p 12)