Nom d'utilisateur:
Mot de passe:

Se souvenir de moi

S'inscrire
Recherche:

Essai Lahouari Addi- "Le nationalisme arabe radical et l'islam politique..."

Date de création: 04-02-2019 11:52
Dernière mise à jour: 04-02-2019 11:52
Lu: 1423 fois


VIE POLITIQUE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-ESSAI LAHOUARI ADDI- « LE NATIONALISME ARABE RADICAL ET L’ISLAM POLITIQUE.... »

Le nationalisme arabe radical et l’Islam politique. Produits contradictoires de la modernité.Essai de Lahouari Addi. Editions Barzakh, Alger 2017.800 dinars,287 pages.

Un ouvrage dont le contenu est le fruit d’ enseignements dispensés et d’ un projet de recherche portant sur les régimes politiques  du monde arabe et sur les deux grandes idéologies à forte mobilisation populaire : le nationalisme radical et l’islamisme. Deux idéologies politiques jumelles et rivales, portées toutes deux , à des époques différentes , par la même énergie populaire de contestation de l’ordre politique

Une analyse qui fait appel à l’histoire pour situer les événements fondateurs, mais reposant principalement sur la sociologie politique à travers le concept de représentation qui fonde la légitimité de l’ordre politique rêvé ou désiré.

 En quelques décennies, le nationalisme arabe radical (mené généralement  par des élites « républicaines », souvent militaires et avec des emprunts  -qui remontent aux courants libéraux de la fin du XIXè siècle -  ,au niveau de leur grammaire idéologique à l’idéalisme allemand, et au niveau de leur rhétorique du « socialisme arabe » au marxisme révolutionnaire) est passé  du triomphe (en Egypte, en Irak, en Algérie, en Syrie, au Yémen, en Libye) au déclin. Tout cela face à des monarchies dont les intérêts politiques convergeaient avec ceux des puissances occidentales ; et monarchies encourageant, déjà à partir des années 70 , l’expansion de l’islamisme utilisé comme une arme idéologique. La hausse des prix des hydrocarbures depuis 1973 allaient vite enrichir et transformer les dites monarchies en véritables puissances régionales.....soutenant les rebellions, prenant ainsi leur revanche sur des régimes qui ,quelques années auparavant, les accusaient de trahir les peuples arabes.

Le « retour de manivelle » est brutal, pour presque tous : épuisement ou mort du nationalisme arabe radical certes, mais permanence du populisme de type autoritaire, s’exprimant désormais à travers l’islam politique qui ambitionne de réaliser les objectifs du nationalisme arabe radical en appliquant et/ou voulant appliquer – bien souvent en dehors de ses terres et par tous les moyens , même les plus violents , une  Chari’a mal interprétée.

Beaucoup de questions surtout liées à l’avenir des pays arabes. Pas mal de réponses apportées ou de pistes dégagées  par l’auteur.......qui revient, une fois de plus, en fin d’ouvrage, à l’idée de « régression féconde »  car, dit-il, « le problème est que, sans eux (les islamistes), il n’y aura pas de transition démocratique du fait même de leur poids électoral ». Une idée qui ne tient pas (plus)  compte, me semble-t-il, des immenses dégâts, de toutes sortes,  causés , ces dernières années et aujourd’hui encore, par l’ « islamisme politique »....assurément défendu en raison de la grande méfiance, pour ne pas dire plus, à l’endroit de l’ « autoritarisme militaire ».....et qui ne tient pas compte des changements de comportements sociétaux observés ces toutes dernières années. Une idée qui confond religiosité ambiante et mimétismes comportementaux changeants et islamisation durable.

 

 

 

L’auteur : Professeur de sociologie (Iep de Lyon) , ancien chercheur associé au Crasc d’Oran......auteur de plusieurs publications consacrées à l’Afrique du Nord et l’islam politique.....ainsi que du désormais « fameux » concept de « régression féconde »....sur laquelle il revient 

Extraits : « Depuis la moitié du XXè siècle, les pays arabes sont en attente d’un changement qui leur apporterait progrès et sécurité. Hier, c’étaient les nationalistes qui promettaient de réaliser cette attente ;aujourd’hui, ce sont les islamistes » (p 20), « Un secteur public est certainement une nécessité dans des pays sous-développés où le capital privé est porté à la spéculation et faiblement présent dans l’industrie. Il n’est cemendant efficace ou rentable que si la justice est indépendante du pouvoir exécutif pour éviter qu’il soit le lieu de la prédation, du gaspillage et de la corruption » (p 61), « Les sociétés musulmanes n’ont pas réalisé que l’individu est né et qu’une nouvelle morale est à inventer , basée non pas sur la raison et la justice, mais sur la conscience et la liberté » ( p 152), « L’islamisme  est un populisme......qui présente des similitudes avec le nationalisme arabe radical ou avec les populismes d’inspiration marxiste, fondés sur les utoppies révolutionnaires qui fascinent les masses populaires dans des périodes de crise économique et sociale » (p 200)

Avis :Une approche analytique et critique apportant indéniablement des éclairages (des clés ?) utiles pour comprendre (et affronter ?) la société « arabe » embourbée dans le nationalisme radical d’hier et l’islamisme politique d’aujourd’hui.

Citations : « Une nation n’est pas seulement un territoire avec des frontières géographiques protégées par des militaires ;c’est surtout l’espace d’une société civile qui aura désacralisé la politique, sécularisé le droit et affirmé son autonomie par rapport à l’Etat dont les dirigeants rendent des comptes à leurs électeurs dans un système pacifique d’alternance électorale «  (p 25), « Le modèle populaiste est marqué par une contradiction majeure : la sphère de la production et de l’échange, à vocation privée , est publique, et la sphère de l’Etat, à vocation publique , est privatisée » (p 63), « La politique, ce ne sont pas que des idées et des projets qui attirent l’opinion, ce sont aussi des ressources matérielles qui créent un rapport de force disqualifiant les idées des concurrents » (p 107), « Etant une ressouce du nationalisme, la religion divise parce qu’il y aura toujours une personne-ou un groupe de personnes – qui se sentira plus proche de Dieu que les autres » (p 115), « L’islamisme n’est ni l’expression d’un retour du religieux, ni d’un schisme ;c’est un mouvement socioculturel et politico-idéologique répondant à la déstructuration des sociétés musulmanes, suite à leur insertion dans la modernité qu’elles subissent et dont elle ne maîtrisent pas les dynamiques » (p 138), « Plus la réalité est dure, plus le rêve susceptible d’y échapper est magique » (p 191), « L’idée que la puissance de l’Etat est d’abord intellectuelle ne peut pas être comprise par un militaire pour qui l’avenir des nations se décide par les armes » (p 278), « Si le nationalisme radical a militarisé la politique, les islamistes ont politisé la religion pour délégitimer leurs adversaires « (p 278)