CULTURE-BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI
FERIEL BOUATTA- « ISLAMO-FEMINISME..... »
Islamo- Féminisme.Des
femmes relisent les textes religieux Essai de Feriel
Bouatta. Koukou Editions ,Cheraga-Alger 2017 . 500
dinars, 119 pages
Oxymore ? C’est le rapprochement de deux mots qui semblent
contradictoires. Il en va ainsi du féminisme islamique....Et pourtant !Car, ce’est tout le combat choisi
par les femmes en terre d’Islam (et, aussi, de plus en plus , au sein des communautés implantées en
Occident chrétien) : relire le texte religieux en le contextualisant
pour légitimer la revendication d’un statut égalitaire.Non
pas la seule équité mais bel et bien l’égalité ! Un combat qui a pris de
l’ampleur avec les indépendances (au début des années 60) lorsque les pouvoirs
en place , généralement celui de mâles, oubliant les luttes menées côté à côte contre le
colonialisme, ont commencé à promulguer des lois inspirées de la Chari ‘a
imposant ainsi le référentiel religieux pour régenter les rapports
hommes/Femmes dans la société . Presque partout, la femme se retrouve donc en
état d’infériorité juridique. Des
exceptions : Atatürk, il y a de cela très longtemps et Bourguiba en
Tunisie....... La « Révolution islamique » des Ayatollahs en Iran ,
la guerre « sainte » contre le communisme en Afghanistan, la volonté
de puissance , bien visible, de la version salafiste
du wahhabisme saoudien , le recul du
modèle laïc turc (devenu résolument islamo-conservateur ces dernières années ) , la mondialisation (auquels
j’ajouterai la perception déformée ou incomplète de l’Islam et de ses pratiques
par bien des médias occidentaux) feront
le reste ...
Mais, tout cela ne va pasécourager les
« féministes »...que l’on retrouve, d’un côté comme de l’autre –et
c’est un phénomène pas si curieux que ça -
défendant et/ou luttant selon plusieurs stratégies : radicale
(comme celle des Moudjahidate algériennes et leurs
« filles » )
réclamant l’application des droits universels humains..... ;
conciliante (comme celle des Iraniennes) réclamant , tout en restant dans le
registre religieux, une lecture des textes et des dits sacrés plus souple, plus clémente à l’égard
des femmes.....Mais, globalement toutes réclament la « justice des
genres »,, c’est-à-dire l’égalité
(des droits) et non plus seulement
l’équité ( une concept défendu par les islamistes qui renvoie à la
complémentarité hommes-femmes) .
L’Auteure : Née à Alger en 1986. Doctorante en sociologie (Université de Louvain la
neuve/Belgique).
Extraits : « Une autre différence entre
les féministes des deux pays (Algérie et Maroc) : les Marocaines sont
plutôt dans la recherche du consensus avec le pouvoir politique et les
instances religieuses, alors qu’en Algérie, il s’agit plus d’affrontement, d’opposition
déclarée face au pouvoir en place » (p 26), « Le principe des
islamistes algériens, formés à l’école des Frères musulmans d’Egypte, est
simple : frapper l’imaginaire des laissés-pour-compte par la diffusion de
l’utopie politico-religieuse qui fait rêver les « déclassés », en
leur proposant un système dans lequel il y aurait une solution à tous les maux
et où chacun trouvera sa place. Leurs premiers boucs émissaires et victimes ont
été d’emblée les Algériennes » (p 34),
Avis :Un travail de recherche universitaire qui résume
assez bien une situation bien complexe
et devenue bien compliquée à cause des discours -surtout ceux des islamistes-
radicaux.
Citations : « La mondialisation
propage la réislamisation dans ses propres terres et au sein des communautés
musulmanes en Occident. Enjeu central, les femmes » (p 29) ,
(on constate que) Dans pratiquement tous les pays musulmans, les pouvoirs en
place ont essayé de composer avec le
courant islamiste, mais (que) finalement ils ont tété dépassés » (p 42),
« Il faut parler de féminismes islamiques au pluriel. Comme pour les
autres types de féminismes, les positions des féministes islamiques sont
locales, globales, diverses, multiples et en constante évolution » (p 56)