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Récit Allaoua Daksi- "Daksi.A coeur ouvert"

Date de création: 04-02-2019 11:08
Dernière mise à jour: 04-02-2019 11:08
Lu: 1203 fois


HISTOIRE-  BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- RECIT ALLAOUA DAKSI- « DAKSI.A CŒUR OUVERT »

Daksi . A cœur ouvert. Récit de Allaoua Daksi (préface de Yahia Guidoum, Abdelaziz Rahabi. Présenté par Aziz Derouaz). Scolie Editions, Alger 2017. 950  dinars, 309 pages

 

Dur, dur, pour un citadin , dans une ville cosmopolite dotée d’une bonne ambiance, d’avoir 16- 17-18 ou 20 ans , au déclenchement de la guerre de libération nationale.. Encore trop jeune et  pas assez « vieux » pour la lutte armée,  l’école , les études, les loisirs, le sport, avec toujours , au fond de soi, l’irrépressible envie d’en découdre avec l’occupant.....Tous les moyens sont alors bons, surtout lorsque les grands frères ont déjà pris le chemin du maquis......On a donc  la bagarre avec un jeune pied-noir un peu trop arrogant, et surtout toutes les aides possibles apportées aux adultes : distribution de journausx et de tracts , achats de médicaments et de pataugas, transport de documents dans les cartables, liaisons.......

L’appel sous le drapeau est alors l’occasion ......de déserter alors qu’il venait d’être envoyé , avec d’autres appelés, en France. La grande aventure , dans la lutte active et la clandestinité, va lors commencer  au sein de la Fédération de France Fln et en relation avec le réseau Jeanson .......jusqu’à l’arrestation début février 1960 (à 22 ans) .......10 ans de prison ......La Santé puis Fresnes puis le camp de Tholl en France   puis Téfeshoun en Algérie où il rencontrera bien des chefs historiques de la Révolution. Et, toujours, la lutte.

L’Indépendance ! Une toute autre histoire, et un parcours un  peu chaotique ,  victime centrale ou collatérale parfois des  mauvaies humeurs et de  la versatilité des « décideurs » : A la présidence avec Ben Bella, dans la haute administration, au Fln, dans le privé, dans le secteur public économique, dans la création de Fédérations sportives, nationales et africaine.....surtout le hand ball. En définitive, un riche et passionnant parcours effectué par un homme passionné car toujours « engagé » et patriote.

On le relève d’ailleurs dans la structuration de l’ouvrage et dans le style de l’auteur. Des chapitres courts mais denses. Un récit parsemé de réflexions la plupart du temps assez critiques.... de confessions parfois assez intimes (ex de la sexualité  d’après-guerre ou d’après –prison) et des « piques » savoureuses pour le lecteur (mais pas pour la cible) , toujours nommé clairement (ex : Ben Bella usant d’un langage « indécents »  à l’endroit d’un haut fonctionnaire et en présence de témoins.....  Lors de son passage dans le secteur privé, quand certains membres de la famille , son  associé et lui-même sont « passés à la moulinette », pp 183-184.... .....Lors du procès Jeanson, citant le « cran » des uns  dont ( !?)   le Colonel Argoud -  qui a reconnu les exécutions sommaires de prisonniers Algériens -  Vidal-Naquet, Adamov, Claude Simon, Claude Sarraute, Lindon, Maspéro..... et la dérobade ou  la lâcheté des autres dont Malraux et Michelet, pp 113-114................et d’autres , et d’autres....à découvrir . J’ai même croisé les noms de Bouchouareb , de D. Houhou , et de Ali Yahia Abdenour....) 

 

L’Auteur : Né en 1938 à Constantine. Moudjahid (Fédération de France), emprisonné et libéré le 8 avril 1962.Banquier, haut fonctionnaure .....Directeur du Psa (1971-1973) ,.......président de la Fahb de 1973 à 1975 puis de 2006 à 2009. Membre fondateur de la Confédération arabe de hand ball (1974)

Extraits « Depuis le 1er Novembre 1954, je ne végète plus. J’existe, je vis » (p 123) , « L’emprisonnement des militants a été une grande erreur dans l‘histoire de la colonisation, car il n’existe pas de meilleure école pour la formation des hommes qui prendront en charge l’Algérie indépenante » (p 136), « A la fin du mois de Juillet (1962), les choses changèrent brutalement. Notre ville (Constantine, après la « prise » de la ville par le commandant Berredjem El Mili)  allait connaître le pire ......Le peuple céda aux bruits des bottes. Le temps de la danse du peuple était fin. Place à la danse du roi du moment »   (p 165 et p 167)

Avis : La vie d’un jeune homme de trop « bonne famille » résolument engagé dans la lutte de libération nationale....suivie de la vie d’un « rescapé » confronté aux nouvelles réalités d’un pays indépendant . Un récit linéaire marqué par trop d’espoir et beaucoup de  désillutions. Représentatif de milliers de parcours quasi-identiques.

Des photos de famille, des annexes (dont le fameux Pv d’audition par la police en date du 12 mai 1950, de Ben Bella Mohamed (Ahmed Ben Bella) ben Embarek après son arrestation ...et un poème (pp 153-154 et 155) écrit le 22 avril 1962.

Sur le plan technique , beaucoup de « coquilles », mais couverture réussie avec un titre accrocheur !

Citations : « Dans la vie, il faut toujours opter pour le juste milieu, tu dépenses trop, c’est la ruine, tu ne dépenses rien c’est la famine » (p 44), « A chaque retournement de situation, Ben Bella, versatile, a su faire de nouvelles alliances, l’ennemi d’hier devenait l’ami d’aujourd’hui et vice-versa » (p 175) , « Notre mal n’est que le résultat de l’ignorance combinée au faux savoir semé par les nouveaux prophètes » (p 228)