COMMUNICATION- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-
ETUDE ZAHIR IHADDADEN- « HISTOIRE DE LA PRESSE INDIGENE.... »
Histoire de la presse indigène en Algérie. Des origines jusqu’à 1930.
Etude historique de Zahir Ihadaden.
Anep Editions, Alger 2016 (1ère édition, Enal 1983, 2è édition, Edition Ihadaden
2003 et 3è édition ,Anep
2010) , 416 pages, 900 dinars.
Tous les historiens (avec tout le respect qui leur est dû) ont pu dire et
écrire bien des choses sur la naissance et le développement du nationalisme
algérien, mais les théories sont restées bien incomplètes lorsqu’elles n’ont
pas tenu compte du rôle important sinon majeur de la presse algérienne
« indigène » de langue arabe et de langue française.
Les historiens l’ont ignoré pour deux raisons : Ils ont surtout voulu
faire l’histoire de la colonisation, de son développement et de son déclin. Le
comportement des indigènes n’avait aucune importance pour eux quand il
présentait un caractère marginal et n’influait pas sur l’évolution immédiate de
la colonisation (ex : la période de 1870 à 1900, qui avait vu un
« repli » du peuple sur lui-même). D’autre part,il
y a le fait qu’une partie de cette presse était rédigée en langue arabe.Ainsi, « l’idée de l’existence d’une nation
algérienne n’est perceptible dans la « presse indigène » de langue
française qu’à partir de 1926, avec « L’Ikdam »
de Paris, alors que dans la presse
indigène de langue arabe, elle fut exprimée par Omar Ben Kadour et Omar Racim, dès
1907 »....la période de 1852 à 1881 présentant beaucoup de lacunes , les
« indigènes » n’ayant laissé aucun témoignage écrit.
Grâce au Pr Ihadaden,
on sait , désormais, avec précision et de manière
scientifique, le développement de la presse « indigène » ; un
développement qui s’est fait , durant toute l’occupation coloniale, à travers
trois régimes successifs :
Le régime de liberté surveillée de 1881 à 1925 (la période étudiée) et une
presse d’abord souhaitée, puis tolérée et enfin persécutée.
Le régime dualiste , fondé sur la discrimination à
l’égard de la presse en langue arabe de 1925 à 1947.
Le régime répressif, dont le souci était de supprimer toute propagande
nationaliste de 1947 à 1962.
Durant toutes ces périodes, la loi française du 29 juillet 1881 sur la
liberté de la presse était bien loin d’être appliquée à l’Algérie, pourtant
« Département français » . Elle ne profitait
qu’aux organes de presse appartenant (et destinés) aux colons.
Il faut cependant reconnaître que si,
à la fin du XIXè siècle, la presse indigène
paraissait encore incertaine , à la recherche d’une formule, et dépourvue de
tous les moyens techniques, financiers et humains, en 1930, elle se présentait
avec une tradition et des moyens qui allaient lui permettre de survivre aux
difficultés qu’elle allait connaître par la suite : une tradition
journalistique, une adaptation (un accomodement) aux
exigences du régime juridique en vigueur,et elle fit
prendre conscience de la nécessité de la renaissance nationale . Et, en 1926,
« L’ Ikdam »
était créé à Paris....très vite interdit parce qu’il réclamait l’indépendance .
En novembre 1930, « El Ouma »
naissait...toujours à Paris ,mais tranféré
par la suite à Alger. Sa diffusion en Algérie allait changer le carctère de la presse « indigène ». La presse
venait d’acquérir la dimension nationaliste.
L’Auteur : Né en 1929 à Sidi Aïch
(wilaya de Bejaïa), Zahir Ihaddaden milita au sein du Ppa
à partir de 1947 puis il rejoint le Fln dès 1954. Membre de la rédaction du
journal « Résistance algérienne » puis celle d’ « El
Moudjahid » (historique).
Il occupe de hautes fonctions dans différents ministères après
l’Indépendance. Docteur d’Etat en sciences politiques (Paris 2), ancien
directeur de l’Institut des Sciences de l’Information et et
de la Communication (Université d’Alger) , il a , à
son actif, plusieurs publications sur l’histoire du pays
Extrait : « La presse nationaliste a une
signification précise. Elle a existé en Algérie après 1930. Sa revendication
essentielle est l’affirmation de l’existence de la nation algérienne distincte
de la nation française et pouvant exister en dehors d’elle sous la forme d’un
Etat libre et indépendant. Or, cette revendication n’a jamais été exprimée par
la presse « indigène » avant 1930.....Le nationalisme s’est développé
après l’échec des revendications « indigènes » (pp 19- 20)
Avis : Très utile aux étudiants en journalisme et en
histoire ....mais pas seulement. En fait , utile à
tous les citoyens qui veulent conaître un pan méconnu
de notre histoire.Très accessible.
Citation : « La presse « indigène »
contribua dans une large mesure à rendre le problème indigène comme une donnée
familière de la vie politique en Algérie. Aux masses « indigènes » , elle fit prendre conscience de la nécessité d’une
renaissance nationale.......Elle réussit à donner à la lutte du peuple algérien
une formulation politique » (p 405)