HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-
ESSAI FARID BITAT- « RABAH BITAT.UN HOMME,UNE
HISTOIRE »
Rabah Bitat. Un homme, une Histoire. Essai
de Farid Bitat. Chihab
Editions, Alger 2015, 138 pages, 700
dinars
Un petit ouvrage pour un si grand homme de la Révolution algérienne, Rabah Bitat. L’Histoire a, en fait ,
dans cette œuvre, méritoire à plus d’un titre, pris le pas sur l’itinéraire du
héros. Il est vrai que, modeste et discret , il s’est
rarement confié et encore moins « paradé » comme bien d’autres. Il
est vrai , aussi, que , certainement conscient du rôle
joué durant la guerre , il n’avait nul besoin d’actions démonstratives. Rares
sont les « pères fondateurs » de la Révolution algérienne qui ont
suivi ce chemin et ont vécu, le combat terminé , en
retrait . Ils se comptent sur le bout des doigts des deux mains.
Le livre raconte la vie de la famille Bitat durant
la période coloniale et les premiers pas dans la politique (
à l’âge de 16 ans, il adhère au Ppa puis au Mtld) et la résistance de Rabah Bitat
(en 1954, il avait à peine 29 ans….Larbi Ben M’hidi 25, Didouche 27, Krim 26….aux côtés de Benboulaid
37 ans et Boudiaf 35) . Tout le temps recherché, tout le temps dans la nature
et la clandestinité. Insaisissable ! Son père ne disaitt-il
pas de lui : « Je l’ai vu naître ; je l’ai vu un tout petit peu
grandir et c’est tout. Adolescent, il a disparu dans la nature » . Il arrive à déjouer tous les traquenards, d’autant que
les « mouchards » , dont beaucoup de
musulmans, ne manqueront pas, il faut le dire.
Rabah Bitat, dit Si Mohamed a fait partie des Cinq, des Six, des Neuf et
de Vingt-Deux. Il a participé à la création du Crua
et du Fln. Il a dirigé l’Algérois (IVè région) au déclenchement
de la guerre. Il mène la vie dure à l’armée française ,
notamment à Alger et dans la Mitidja ( avec Souidani Boudjemâa et Ahmed Bouchaib…) . Arrêté ,après cinq mois de lutte armée, dans des conditions suspectes et étranges,
dans un café de la Casbah (trahi par un certain Belhadj Abdelkader Djilali, un
ancien de l’Os devenu un agent infiltré des français) , torturé, il fera un
grand nombre de prisons. Membre du Cnra et du Cce, ministre d’Etat dans le premier Gpra
(en même temps que Boudiaf , Ait Ahmed et Khider ) ,
opposant à Ben Bella après l’Indépendance, rejoignant Khider
à l’étranger jusqu’à la destitution de Ben Bella , ministre d’Etat , puis ministre des Transports, Chef de l’Etat par
intérim durant 45 jours, au décès de Boumediène ( 28
Décembre 1978- 6 février 1979), président de l’Apn de
1977 à 1990 (dont il démissionnera le 3
octobre 1990, pour laisser place à….Abdelaziz Belkhadem),
il décèdera le 10 avril 2000 .
Certes , on aurait voulu qu’il laisse, derrière lui ,des mémoires . Hélas….
Malheureusement, l’ouvrage n’embrasse pas aasez la vie du héros. Il verse beaucoup dans
l’essai historique pour décrire , pour expliciter un contexte pourtant déjà connu…avec, souvent ,
des prises de position et des affirmations un peu trop péremptoires à mon
sens…toujours avec cette propension à présenter la religion (musulmane) comme
le moteur presque unique de la
Révolution armée. Ainsi qu’une tendance à « exclure » les
composantes progressistes (chrétiennes et/ou juives) de la population européenne .
L’Auteur : Neveu de Rabah Bitat
( et de Amar Bitat dit
Mahfoud, un martyr), Farid est un spécialiste des sciences du langage. Il
enseigne au département des lettres et de langue française à l’Université de
Constantine 1 (Faculté des lettres et des langues)
Avis : Pour connaître (un peu) Rabah Bitat.
Ouvrage quelque peu tendancieux ? non. Passionné
plutôt, donc assez engagé. Conclusion : on
reste sur notre faim.
Citations : « Le modèle basé sur une économie
sans intérêts n’a aucune chance de voir un jour la lumière. Une vie économique
souhaitée par les musulmans reste utopique » (p 108), « Le vrai Fln a
réussi sa mission, celle de combattre un vrai ennemi et de l’anéantir. Ce Fln
est né en 1954 pour mourir en 1962 » (p114).