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Essai Farid Bitat- "Rabah Bitat, un homme, une histoire"

Date de création: 01-02-2019 17:38
Dernière mise à jour: 01-02-2019 17:38
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HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI FARID BITAT- « RABAH BITAT.UN HOMME,UNE HISTOIRE »

Rabah Bitat. Un homme, une Histoire. Essai de Farid Bitat. Chihab Editions, Alger 2015, 138  pages, 700 dinars

Un petit ouvrage pour un si grand homme de la Révolution algérienne, Rabah Bitat. L’Histoire a, en fait , dans cette œuvre, méritoire à plus d’un titre, pris le pas sur l’itinéraire du héros. Il est vrai que, modeste et discret , il s’est rarement confié et encore moins « paradé » comme bien d’autres. Il est vrai , aussi, que , certainement conscient du rôle joué durant la guerre , il n’avait nul besoin d’actions démonstratives. Rares sont les « pères fondateurs » de la Révolution algérienne qui ont suivi ce chemin et ont vécu, le combat terminé , en retrait . Ils se comptent sur le bout des doigts des deux mains.

Le livre raconte la vie de la famille Bitat durant la période coloniale et les premiers pas dans la politique ( à l’âge de 16 ans, il adhère au Ppa puis au Mtld) et la résistance de Rabah Bitat  (en 1954, il avait à peine 29 ans….Larbi Ben M’hidi 25, Didouche 27, Krim 26….aux côtés de Benboulaid 37 ans et Boudiaf 35) . Tout le temps recherché, tout le temps dans la nature et la clandestinité. Insaisissable ! Son père ne disaitt-il pas de lui : « Je l’ai vu naître ; je l’ai vu un tout petit peu grandir et c’est tout. Adolescent, il a disparu dans la nature » . Il arrive à déjouer tous les traquenards, d’autant que les « mouchards » , dont beaucoup de musulmans, ne manqueront pas, il faut le dire.

Rabah Bitat, dit Si Mohamed   a fait partie des Cinq, des Six, des Neuf et de Vingt-Deux. Il a participé à la création du Crua et du Fln. Il a dirigé l’Algérois (IVè région) au déclenchement de la guerre. Il mène la vie dure à l’armée française , notamment à Alger et dans la Mitidja ( avec Souidani Boudjemâa et Ahmed Bouchaib…) . Arrêté ,après cinq mois de lutte armée,  dans des conditions suspectes et étranges, dans un café de la Casbah (trahi par un certain Belhadj Abdelkader Djilali, un ancien de l’Os devenu un agent infiltré des français) , torturé, il fera un grand nombre de prisons. Membre du Cnra et du Cce, ministre d’Etat dans le premier Gpra (en même temps que Boudiaf , Ait Ahmed et Khider ) , opposant à Ben Bella après l’Indépendance, rejoignant Khider à l’étranger jusqu’à la destitution de Ben Bella  , ministre d’Etat , puis  ministre des Transports, Chef de l’Etat par intérim durant 45 jours, au décès de Boumediène ( 28 Décembre 1978- 6 février 1979), président de l’Apn de 1977 à 1990  (dont il démissionnera le 3 octobre 1990, pour laisser place à….Abdelaziz Belkhadem), il décèdera  le 10 avril 2000 .

Certes , on aurait voulu qu’il laisse,  derrière lui ,des mémoires . Hélas….

Malheureusement, l’ouvrage n’embrasse pas aasez  la vie du héros. Il verse beaucoup dans l’essai historique pour décrire , pour expliciter un  contexte pourtant déjà connu…avec, souvent , des prises de position et des affirmations un peu trop péremptoires à mon sens…toujours avec cette propension à présenter la religion (musulmane) comme le moteur  presque unique de la Révolution armée.  Ainsi  qu’une tendance à « exclure » les composantes progressistes (chrétiennes et/ou juives)  de la population européenne .

 

L’Auteur : Neveu de Rabah Bitat ( et de Amar Bitat dit Mahfoud, un martyr), Farid est un spécialiste des sciences du langage. Il enseigne au département des lettres et de langue française à l’Université de Constantine 1 (Faculté des lettres et des langues)

Avis : Pour connaître (un peu) Rabah Bitat. Ouvrage quelque peu tendancieux ? non. Passionné plutôt, donc assez engagé. Conclusion : on  reste sur notre faim.

Citations : «  Le modèle basé sur une économie sans intérêts n’a aucune chance de voir un jour la lumière. Une vie économique souhaitée par les musulmans reste utopique » (p 108), « Le vrai Fln a réussi sa mission, celle de combattre un vrai ennemi et de l’anéantir. Ce Fln est né en 1954 pour mourir en 1962 » (p114).