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Roman Salah Guemriche- "Un été sans juillet...."

Date de création: 28-01-2019 11:23
Dernière mise à jour: 28-01-2019 11:23
Lu: 1051 fois


HISTOIRE-BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN SALAH GUEMRICHE- « UN ETE SANS JUILLET.... »

Un été sans juillet. Algérie, 1962. Roman de Salah Guemriche.Editions Frantz Fanon, Alger 2017. 600 dinars, 244 pages.

Dans sa note aux lecteurs, l’auteur confie que son roman aurait pu être « le roman de l’indépendance ». Seulement, dit-il, au lexique de sa mémoire , ce mot –là ne figurait nulle part. Sévère, sévère.....Il n’a pas tort, car lorsqu’on termine la lecture , tout particulièrement pour ceux qui avaient vingt ans (l’âge de l’observation critique) en 1962 et cinquante ans en 1993 (l’âge de la réflexion critique et de la gestion de situations), on ne peut s’empêcher d’être bouleversé par la réalité décrite ou/et suggérée par l’auteur.

Avec un temps historique délibérément « contracté » et un va-et-vient dans sa description des ébullitions sociales,l’auteur nous conte    l’histoire d’un « jon’s » entrant dans un coma victime d’un attentat Oas     ......le 1er juillet 1962. Trente -trois jours plus tard , le « déplacé » (ainsi appelé par les psychanalystes), seize ans à peine,   souffre d’une « amnésie élective ». En fait, une cause-écran qui cachait la cause profonde liée à un mécanisme affectif : Larbi, notre jon’s, n’ a jamais supporté les injustices  commises par tous les autres « Larbi »

Entre ce qu’il avait vu,  connu et subi durant la situation issue des Accords dits d’Evian, en mars , annonçant un « cessez-le  feu » - avec son lot de combattants mais aussi de « marsiens » sortis d’on ne sait quel « trou » de la masse silencieuse et spécialistes de la surenchère  ( représailles anti-harkis, ruée sur les biens vacants, lynchage d’un militant pro-Aln  bien connu mais qui avait le malheur de porter le nom de Lévy) et avec les provocations des criminels de l’Oas – et la nouvelle situation dans  un pays indépendant (dont les privilèges exorbitants associés au titre de « fils de martyr », le favoritisme , les mises à l’écart , l’usurpation de droit venant supplanter l’usurpation de fait, un nouvel arbitraire).....que de traumatismes, que de nouveaux combats presque perdus d’avance, que de désillusions.....

Une histoire assez complexe, une écriture compliquée ....comme le pays .....comme l‘auteur.....comme tous les « Larbi ».....Pour certains, le cauchemar continue, pour d’autres, le coma aussi.

 

L’Auteur : Né en mai 1946 à Guelma. Etudes secondaires à Annaba. Université de Constantine. Ancien journaliste, essayiste, romancier, auteur de plusieurs ouvrages parus, pour la plupart, en France et un ouvrage , « Aujourd’hui, Meurseault est mort » paru aux éditions Frantz Fanon et déjà présenté in « Médiatic ».

Extraits « L’ « Attestation communale »....Que votre sésame portât la griffe du chef historique du moment, et vous voilà digne des « maquisards » du 19 mars », les « Marsiens », combattants de la 25è heure... » (p 25), « La caserne jouxte l’hôpital, l’hôpital fait face au tribunal et le tribunal jouxte la prison : idéale , pour le traitement des suspects, cette topographie militaro-juridico-pénitentiaire le fut sous l’Algérie française, et le restera après l’indépendance » (p 144),

Avis :  A lire lentement pour comprendre l’objectif de l’auteur.......mais, ouvrage à ne pas mettre entre les mains des moins 16-18 ans.....car quelques pages assez chaudes, très, très chaudes (pp 176 à192) décrivant – avec force détails -une « réunion à trois », une « p......ze » ! 

Citations : «  Les privilèges associés à ce titre de « fils de martyr » étaient exorbitants, au point que des enfants de chouhada, il en naissait partout.....Ce statut était devenu si convoité qu’un jour, un enfant, à qui son père demandait quel métier il rêvait de faire plus tard, répondit les yeux brûlants d’envie : « fils de chahid ! » (p 71), « Ben Bella s’était bien promis de « faire fondre leur graisse aux bourgeois », et le petit peuple avait applaudi à tout rompre. Quelques semaines plus tard, la bourgeoisie avait bien fondu, mais fondu dans l’anonymat des prête-noms » (p 151)