HABITAT-BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI
N.CHERCHEM ET T. HAFSI- « LES HASNAOUI.... »
Les Hasnaoui ,une entreprise citoyenne. Essai de Naïma Cherchem et Taïeb Hafsi. Casbah Editions, Alger 2017. 1 000 dinars, 254
pages
Il ne milite plus –depuis 20 ans- dans les organisations patronales....car
estimant, quelque part, que les intérêts particuliers ne se sont pas assez (ou
pas du tout) effacés devant l’intérêt général.
Il est vrai que l’innovation entrepreneuriale tolère mal les embûches, tout
particulièrement celles administratives et bureaucratiques. D’où, assurément , le choix de Brahim Hasnaoui........Un
choix assez risqué mais qui , au fil du temps, a été assez payant. Aujourd’hui,
le groupe (Groupe des Sociétés Hasnaoui, Gsh),devenu une société par actions (Spa) en janvier 2008, est un véritable pôle d’excellence employant
près de 4 500 employés, et regroupant 18
filiales spécialisées par métier dont neuf sociétés mixtes, auréolé d’une
notoriété dépassant les limites de la région ouest du pays....
Promotion immobilière (activité de départ, avec une Sarl ) , exploitation de
carrières, fabrication du béton, chimie de la construction, mortiers prêts à
l’emploi, réhabilitation du vieux bâti, menuiserie bois et
aluminium......développement agricole, traitement de l’eau, aquaculture,
télécommunications...et un gros lot de certifications nationales et
internationales ainsi que des
partenaires de renommée internationale.
Le démarrage n’a pas été aisé à la fin des années 70. Un père (« modèle
moral » , d’autant qu’ « à cette époque, ce
n’était pas la pratique religieuse qui était importante , mais le comportement
moral ») décédé à l’âge de 60 ans (en 1975) alors que le fils n’avait que 26 ans. Seuls
legs : le caractère et la volonté...et une humilité quasi-religieuse. Un
exemple : « Ainsi, à l’indépendance, alors que tout le monde se précipitait
pour acheter à vil prix le patrimoine des pieds noirs, il considérait cela
comme une forme de vol et s’interdisait d’acheter la moindre chose... »
Originaire de Sidi Ali Benyoub....une vie de
famille marquée certes par la pauvreté mais heureuse, dans un environnement
produisant un certain bonheur : un environnement recréé grâce à une
passation de qualité entre les générations d’une même famille, certes plus large mais toujours aussi
soudée.....bien que « des sensibilités et des intérêts commencent à
diverger »....ce qui nécessite, pour faire face aux défis du futur, une « nouvelle gouvernance de
l’entreprise et de la famille » à travers « le développement d’une
charte familiale, des mécanismes de gouvernance formalisés, la
professionnalisation du management... » .
Donc , pour revenir à Brahim H, le
« patriarche » ,il y a d’abord l’école, puis le « probatoire
« (première partie du bac , à l’époque) , puis une formation (en 1969) de
deux ans en Génie rural, puis un emploi dans le secteur public...et , enfin,
face aux difficultés et aux « pressions » (et Dieu sait qu’on en
rencontre de toutes sortes surtout des proches de décideurs) , la grande
aventure du « privé » va commencer..., d’abord dans le bâtiment, avec
–malgré les difficultés et les embûches- des « success
stories » dont le « Quartier Ryad » (à Oran) est le joyau. Il y a ,
aussi, la cité « Maqam Chahid » à Sidi
Bel Abbès, l’hôpital anti-cancéreux
à Sidi Bel Abbès..... ... Des succès, car évitant tous les défauts des projets
officiels anciens avec leur « architecture du recul », leur « architectute inversée » ,
leur « architecture du prestige » ou leur « architecture sans
mémoire »., concepts qui, pour la
seule ville d’Oran, donnent l’ « image d’une ville entre son passé oublié
et un présent incertain »
Les Auteurs : Ils ne sont pas à présenter puisque
l’ouvrage comporte , ce qui est plus qu’original et
,en même temps , inhabituel,
dix-sept pages (p 237 à 254) concernant leurs parcours professionnels et
universitaires ...... faisant (un peu)
oublier leur sujet. Ajoutez-y la quatrième de couverture. L’art maîtrisé du
marketing éditorial !
Extraits : « Dans leur souci de justice, les
autorités algériennes ne se rendent pas compte des injustices qu’elles
génèrent » (p 36), « Quand on a la volonté et l’ambition, rien n’est impossible.Et, malheureusement, en Algérie, c’est les deux
valeurs qui manquent . Tout le monde ici veut vivre
comme un riche mais sans effort. S’il n’y a pas l’amour de l’effort, s’il n’y a
pas la volonté, s’il n’y a pas
l’ambition, on ne peut pas réussir. C’est des valeurs qu’on doit inculquer aux
jeunes depuis le jeune âge . Chez nous, arriver à
vivre sans efforts, par la Qafza, est devenu une
valeur » (Brahim Hasnaoui, p 201)
Avis :L’itinéraire
familial et professionnel d’un homme (et de sa famille) en phase avec les valeurs saines de sa société......et la description d’une
société réelle en grande partie en déphasage avec le modèle de gouvernance
institutionnel .
Citations : « Le social et la lutte pour le
pouvoir politique se mêlent alors dans des combats absurdes où tout le monde
lutte contre tout le monde,et où tout le monde , sauf
une infime minorité, finit par perdre » ( 46), « Le logement auquel
tout le monde aspire est, en fait, une épreuve nouvelle qui, souvent, se révèle
comme un nouveau cauchemar » (p 55), « Certains acteurs de l’Etat
utilisent la crise de logement pour tenir le peuple en laisse. Tant que l’Etat
promet, ça démontre au peuple qu’on s’occupe de lui. Créer de l’espoir permet
de maintenir le système en place » (Brahim Hasnaoui,
p 220) , « Un peu de désordre est une indication
de la qualité de l’activité économique. L’ordre total ou totalitaire
, pour être clair, est la première source de paralysie » (p
235)