SPORTS- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- RECIT
HAMID ZOUBA- « MA VIE,MA PASSION »
Ma vie , ma
passion. Récit de Hamid Zouba (Préface de Mustapha Dahleb).
Anep Editions, Alger 2018, 800 dinars, 203 pages
Le hameau natal de la famille est haut
perché au-dessus de la ville de Draâ El Mizan, connu sous le nom de Izouvaghen.
Un nom à l’origine du patronyme que la transcription coloniale a transformé en Zoubagh, puis, après de multiples démarches
administratives, en Zouba.
Hamid, lui, est né à Saint-Eugène
(aujourd’hui Bologhine) /Alger , alors fief de l’Asse (une
« Association sportive » composée surtout et très majoritairement de
joueurs d’origine européenne) et de l’Omse (« Olympique musulman... »).
D’abord, comme beaucoup, pas d’école mais
surtout du foot avec les copains du quartier .
Première licence à l’Omse (46/47)......en
cadets...et, rapidement surclassé, grande taille et talent certain
obligent.....se retrouvant ainsi aux
côtés de Mustapha Zitouni .Contacté par les
dirigeants de l’Asse, il refuse.
1956, départ en France, orienté par un
découvreur de talents pour les clubs « métropolitains ».
Arrivée à Marseille puis, tout de
suite, Nice où conseillé par Bentifour ,
alors joueur de l’AS Monaco. il ne tarde pas à rejoindre l’équipe de Niort, un club
amateur qui, en plus d’un bon contrat lui trouva un poste de travail dans une
librairie, lui qui aimait lire et voulait, à tout prix, acquérir ce qu’il
n’avait pu avoir à l’école.....Le jeune footballeur avait pris conscience de
l’importance des études (et de la lecture). Un souci qui ne le quittera plus,
dit-il. D’autant qu’il voulait, déjà, être entraîneur.
Juillet
1958, il fait partie du second groupe de footballeurs algériens professionnels
(dont les frères Soukhane, Maâzouza,
Chérif Bouchache, Omar Ibrir....)
rejoignant la Tunisie, en passant par la Belgique et l’Allemagne, pour renforcer la nouvelle équipe du Fln,
auparavant formé surtout d’amateurs.
1961, un troisième groupe rejoint
Tunis : A.Benfadah, M.Bouricha,
A.Defnoun, M.Maouche, A.Kerroum, S.Amara, H.Bourtal...
Ils étaient désormais 32 ! Des
« hommes ordinaires plongés dans des situations extraordinaires ».
Mais, des noms connus et tous flamboyants. Une équipe (généralement 17 joueurs
toujours prêts) – au comportement exemplaire- qui allait porter, à travers le
monde, la voix de la Révolution algérienne et du peuple insoumis. Avec des
résultats probants en plus du spectacle sportif de haut niveau provoquant,
partout, adhésion et plaisir chez les publics.
1962 : l’Indépendance. Mission bien
accomplie. Le 21 juillet, ,à 10 h du matin, il se
retrouve à Zurich...... « avec pour toute
fortune dix francs suisses en poche ».Une autre aventure allait commencer
le menant au Fc Granges (entraîneur-joueur grâce
à Snella), puis Nîmes entraînée par Kader Firoud...
1966, enfin, le retour en Algérie.....le
mariage, entraîneur de clubs (Bel Abbès,Boufarik,Mouloudia
d’Alger, le Nasr de Benghazi, Sour El Ghozlane ....de l’équipe nationale A...., l’aventure
africaine et des trophées .....mais aussi quelques déceptions.....dues bien plus à la
bureaucratie) .
Un riche parcours fait de travail et
d’engagement. Un repère bien visible pouvant aider à construire et à diriger
des carrières .......bien que le football, aujourd’hui , ait pris une tout
autre dimension que celle connue dans le
passé. Mais, comme il le dit si bien, « il n’y a pas de progrès sans
risque »
L’Auteur : Né
le 2 avril 1934 à Saint-Eugène (aujourd’hui Bologhine) . Footballeur professionnel en France, il rejoint , en
1958, l’équipe de football du Fln. Après l’indépendance du pays, il entraîne
l’équipe nationale de football puis le Mouloudia
d’Alger avec lequel il remporte plusieurs titres nationaux et internationaux.
Extraits : « Les
footballeurs algériens ont rejoint le camp de leur choix, c’était une évidence.
Leur départ n’avait surpris que ceux qui voulaient rester aveugles. Pour nous,
puisque la France menait à notre peuple une guerre terrible, nous refusâmes de
continuer à apporter de la joie au peuple français. Plaçant l’Algérie au-dessus
de tout, nous avons voulu donner à notre jeunesse une preuve de courage et de
sacrifice » (p 37), «Notre équipe devait créer un label de qualité et
en assurer la garantie par le jeu produit devant les différents publics, arabe,
européen et asiatique » (p 43), « Il faut apprendre aux jeunes à
avoir faim. Les jeunes reproduisent le comportement des séniors. Ils doivent
savoir qu’être dans un centre de formation ce n’est pas un sacrifice, mais
plutôt un privilège. L’humilité est la base de tout dans le centre de
formation » (p 77)
Avis :Une bio
sympathique, accompagnée d’une sorte de « manuel » de
l’entraîneur et d’un album de photographies.....Malheureusement un ouvrage
(en tout cas l’exemplaire acheté) truffé de pages blanches (entre p 3 à 36) .
Et le contrôle de qualité ?
Citations : « En
tout état de cause, l’essentiel n’était pas la compétition, mais la
démonstration que le combattant algérien jouait un football de qualité »
(p 45), « Un responsable ordinaire peut faire illusion sur ses
mérites ; par contre, un sportif est immédiatement sanctionné par ses
résultats, quels que soient ses efforts et ses connaissances » (p 53), « Qu’est-ce
que bien jouer ? C’est trouver une solution dans chaque action » (p
60) , « Le joueur qui n’a pas peur ne fera jamais
peur » (p 69), « L’objectif n’est jamais mieux atteint que dans la
certitude de l’échec. La beauté du sport, comme celle de la littérature, réside
peut-être dans cette fabrique du déséquilibre » (p 81) , « Un football qui se décompose à
la rencontre de la modernité consistant à chercher l’argent plutôt que de
penser à des projections d’avenir, cela renforce malheureusement la désunion.
De même qu’un football qui s’abandonne dans la régression perd son rôle de
sport-roi au profit de celui qui provoque des colères et des désordres »
(p 176)