SOCIETE- BIBLOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN
DJAMEL EDDINE SELHAB- « MINI JUPE »
Mini-jupe. Roman de
Djamel Eddine Selhab. Edition à compte d’auteur,
Alger 2017, 167 pages, 600 dinars
L’ histoire assez banale d’une
famille algérienne (ou Algéroise) banale traversant l’histoire peu
banale du pays, celle de l’Indépendance
aux années 90.
Le père, chef d’entreprise publique (et rêvant même de voir son rejeton prendre
sa succession, ce qui est tout dire d’une certaine mentalité népotique –bien
réelle- chez certains dirigeants ) , la maman à la cuisine, les deux enfants,
un garçon et une fille aimés comme on aime (c’est-à-dire sans le montrer ou
alors le montrer de manière bien bourrue) dans une famille conservatrice petite
bourgeoise des années 60.....avec , bien sûr, une préférence pour le garçon. La
fille, elle, est laissée
(abandonnée ?) d’abord à ses rêves d’adolescente , style « Salut les copains » , mini-jupe
et cheveux au vent, et à ses premiers
émois assez vite retenus.
Une liberté qui ne la lâchera pas , plus tard,
enseignante toujours cheveux au vent et
jupe courte (pas une mini-jupe, celle-ci arrivant à mi-cuisse, mais tout
simplement une jupe laissant voir un peu de genou ou même pas . En ces
temps-ci, il faut ajouter que les
pantalons étaient « mal vus ») pourvue d’un mari libéral au départ (la
proie féminine vaut bien tous les détours !) puis ,
par la suite, assez vite macho pour ne pas déplaire aux « autres »
(dont les barbus des années 90) . La violence verbale, puis les coups puis
le divorce au bout de la route.... Le garçon , lui, pour sa part,
passera par toutes les étapes du développement de la nouvelle génération post –indépendance. Le lycée et
l’envie folle de partir terminer les études .....à Paris.
Le refus du père qui revient sur une promesse. Les cheveux longs et la
contestation politique et estudiantine des années 60 et 70. Puis,
l’installation en tant qu’avocat et la réussite professionnelle ...avec l’inévitable « affairisme »
qui commence à faire rage. La réussite avant tout, oublieuse de sa propre
famille et du militantisme de jeunesse. On dit qu’ « il n’y a que les
imbéciles qui ne changent pas ! »
Tout allait si bien.......puis ce sont les
années 90 ,
grises de menaces, puis noires d’interdits enfin rouges de crimes. Hamid, l’avocat, s’exile avec sa famille et Amina est
assassinée ...par un ancien terroriste (en fait, un ancien amoureux
éconduit) à la repentance illusoire .Ne
restent plus que des deux parents qui n’arrivent plus à comprendre une société
qu’ils ont en partie fabriquée et des petits-enfants, à la vie perturbée.
L’ Auteur: Chirurgien
dentiste durant une quinzaine d’années puis reconverti dans la promotion des
produits pharmaceutiques, né à El Biar (Alger) en mai
1953, il est auteur de deux autres romans, le premier en 2010 et le second en
2012
Extrait : « Les idéaux construits au gré des expériences vécues
symbolisaient au mieux le conflit de deux générations foncièrement différentes.
La première était imprégnée de l’esprit de Novembre encore vivace, tandis que
la seconde , qui avait subi le joug culturel de
l’oppresseur, au point de l’adopter comme un mode de pensée, ne voyait que les
travers de la politique prônée par l’Etat et l’arrogance affichée par ses
dirigeants qui la confortait dans cette thèse » (p 72)
Avis : Tentative de romancer l’histoire du pays depuis 62. Avec, un titre
accrocheur et un peu trompeur. Se lit en une-deux heures !
Citation : «La gouvernance appartient à ceux qui profitent de la crédulité de ceux
qui les écoutent » ( p 72)