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Recueil Taos Amrouche- "Le grain magique..."

Date de création: 22-01-2019 17:18
Dernière mise à jour: 22-01-2019 17:18
Lu: 1247 fois


CULTURE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- RECUEIL TAOS AMROUCHE- « LE GRAIN MAGIQUE..... »

Le grain magique . Contes, poèmes et proverbes berbères de Kabylie. Recueil de Taos Amrouche. Hibr Editions, Alger 2017 (Librairie François Maspero, Paris 1966 / Editions le Découverte, Paris 1996, 2007), 253 pages, 500 dinars,

Des proverbes en quantité, vingt-trois contes,  des complaintes, des chants (d’amour , religieux, d’exil, satiriques, du berceau, de pèlerins, de méditation, de récoltes, des morts, de danse, des olives, de  noces, de progression, épiques...) , des rondes.Chaque chapitre du livre s’ordonne autour d’un conte, parfois bref mais le plus souvent long, précédé d’un certiain nombre de proverbes et d’un ou plusieurs poèmes, en général assez courts et de genres divers.

Tout est beau , écrit avec le réalisme le plus cru mais aussi avec de l’ humour, côtoyant le fantastique et le merveilleux , nous transportant, « magiquement », avec ou sans grain, dans un monde –certes , pour nous, assez lointain, mais pour notre âme , encore enfantine quelque part, si près -  à jamais perdu ? Un monde qui ne concerne pas la Kabylie seulement, mais toute la Berbérie, toute l’Algérie, celle des villes , mais surtout celle profonde, celle  des villages et des douars.....certes alors pliant et souffrant sous le joug de l’oppression d’envahisseurs venus d’ailleurs, mais ne se brisant jamais, se réfugiant dans une littérature orale –en apparence de rêve – mais la plupart du temps , en réalité, de résistance et d’espoir. Et, de  l’amour et de la foi en toutes circonstances !

Un exemple de chant épique (extraits) :

O toi, aigle à la tête bleue,

Déploie tes ailes dans les nuées

Et fonds sur le pénitencier

Salue pour nous les prisonniers

.......

Salue tous les prisonniers

Qui souffrent un exil sans fin.

La patience est l’amie de Dieu

 

L’ Auteure: Marie-Louise Taos Amrouche, fille de Fadhma Aïth Mansour Amrouche et sœur de El Mouhoub Jean Amrouche, est née à Tunis le 4 mars 1913, ville d’exil de sa famille (1910)et décédée le 2 avril 1976, en France  . Romancière, chanteuse de double culture française et berbère. Immense aède berbère ! . « Une petite bonne femme gigantesque » selon André Breton ! A publié quatre romans, des recueils de contes de la tradition orale et donné de nombreux concerts. Elle a produit pour la radio française, à partir de septembre 1961 une émission littéraire recevant Audisio, Mouloudji, Kateb Y, M. Dib, J. Pelegri, A. Césaire, F. Maspéro, M. Haddad, A ; Memmi, N ; Farès .....Décédée en France en 1976. Taos Amrouche a participé à la fondation de l'Académie berbère de Paris en 1966 (« qu’elle a quitté dès qu’elle s’est aperçue qu’elle prenait une tournure politique » selon sa fille ).. Elle fut l'épouse du peintre français André Bourdil, avec lequel elle eut une fille, Laurence, comédienne qui ajoué avec des metteurs en scène de renom tels Peter Brook ou Patrice Chéreau.

Pour mieux connaître Taos Amrouche, lire le témoignage de Laurence Bourdil recueilli par Marie Virolle (revue Algérie-Littérature-Action  ,n°3, septembre-octobre 1996, p 179-186 ou  www.devoirdemémoire.wordpress.com)

Extrait« Il m’était donné de contempler notre tradition comme un pur paysage à travers une vitre de cristal. J’avais affaire à une mémoire presque infaillible en Marguerite Fadhma Aïth Mansour. Il se peut qu’inconsciemment ma mère ait apporté sa contribution aux récits qu’elle m’a légués : elle n’aurait fait, en cela , que continuer la tradition.Car, j’ai voulu considérer ces contes et légendes de mon pays moins comme des documents que comme des œuvres d’art bien vivantes « ( Prologue, p 8)

Avis : Ouvrage majeur de la littérature algérienne francophone, sorte d’abrégé de la culture berbère .Il peut être lu comme une introduction à la culture populaire d’Afrique du Nord (soit en berbère , soit en arabe dialectal) même  s’il est très loin de présenter tous les aspects du répertoire local. Bien sûr, ce ne sont pas les anthologies de contes publiées en farnçais qui manquent, mais pour l’instant , on n’a pas fait beaucoup mieux et, surtout,  de plus émouvant.Un ouvrage qui donne ses lettres de noblesse à la littérature orale alors dénigrée et négligée.....et fi des esprits chagrins qui trouvent que la traduction française a fait perdre aux contes présentés, entre autres, leurs propriétés orales.

 Citation :  « Le choix du conteur est primordial dès qu’il s’agit d’une histoire :c’est la beauté , la composition et l’authenticité mêmes du récit qui sont en jeu, une légende pouvant être appauvrie ou enrichie selon la personne qui perpétue la tradition, une légende étant l’œuvre d’une chaîne ininterrompue de conteurs à travers le temps » (Prologue, p 8)