FINANCES- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-
ESSAI NOUIOUA BADER EDDINE – « LE
DINAR ALGERIEN.... »
Le dinar algérien. Passé et présent. Essai de Bader Eddine Nouioua.
Casbah Editions, Alger 2017, 800 dinars, 198 pages
Comment est créé et géré le dinar ? Pourquoi se déprecie
t-il sur le plan interne et vis-à-vis des devises ? Comment sont gérées
les réserves de change ? Comment activer la Bourse ? Comment faire
face à la crise provoquée par l’effondrement du prix du pétrole ? Comment
se pose la question du Riba et du taux
d’intérêt ? Ce ne sont là que quelques questions et problématiques posées
par l’auteur et auxquelles il a tenté d’apporter des réponses pour
« éclairer notre lanterne »
un peu éteinte dans un champ hautement spécialisé et même difficile à
comprendre......Comme si les banquiers et les financiers ont tout fait (dans le
monde de l’argent et des affaires) pour le rendre incompréhensible aux
décideurs et encore plus au commun des
mortels..... afin de rester « maître du
jeu »....jusqu’au jour de la « catastrophe ». Qui sait ?
Un peu d’Histoire : La Banque Centrale (Bc)
devenue plus tard la Banque d’Algérie a commencé à exercer ses activités ele 2 janvier 1963.
Début 1963, Seghir Mostefai( vingt ans à la
tête de l’Intitution ) le gouverneur est chargé de
faire démarrer le nouvel Institut d’Emission dénommé Banque Centrale d’Algérie
(Bca)...se substituant donc à l’ancienne
« Banque de l’Algérie » qui exerçait le privilège de l’émission de la
monnaie, da,s le pays, depuis 1851 (elle continuera à
le faire , exceptionnellement, suite à un accord du 28 août 1962, jusqu’au 31
décembre 1962)
En avril 1964, le Dinar – dont la valeur avait été définie par un poids d’or
de 180 milligrammes ; une référence abandonnée par la suite (une partie des billets furent imprimés en
Algérie ...et les pièces de monnaie ne le furent ,
en Algérie, qu’à partir de 1988) – remplace le Franc qui avait toujours cours.
Il était resté convertible, d’où une fuite massive de capitaux.
Le reste est une très longue histoire quelque peu heurtée (et qui revient
sur le tapis en ces moments de « crise » de ressources financières) ,
intimement liée à l’état de l’économie nationale : Pour résumer cela, il
faut savoir que « la valeur du Dinar n’est pas garantie par le stock d’or
que possède notre pays, ni par le reste de nos réserves de change (devises) .
Elle dépend en fait de l’état de l’économie nationale. Le Dinar est fort
lorsque l’économie est solide et prospère, il est faible lorsque
l’économie stagne et périclite ».Un
situation bien délicate, sachant que l’économie algérienne est (et reste)
intimement liée, depuis 1962, à notre état de santé politique....un état
parsemé de « fièvres » et de changements multiples
, souvent brutaux, parfois externes, de « médecins » et de
médications. De quoi provoquer des
empoisonnements ou de rendre
« accrocs » !
L’auteur ne se contente pas d’établir un diagnostic d’une véritable jungle.
Il nous présente , aussi, quelques
« pistes » pour se sortir de la mal-aventure.
Certaines paraissent bien simples.....alors qu’ elles
sont les plus difficiles –et les plus risquées politiquement - à mettre en œuvre.Une impasse ?
L’ Auteur :Ancien
élève des lycées franco-musulmans, l’auteur est diplômé de la Faculté de Droit
et des Sciences économiques de Paris, et ancien élève de Sciences Po’ Paris.
Responsable d’abord de la Banque algérienne de développement (Bad) qui n’existe
plus, puis gouverneur de la Banque Centrale d’Algérie ,
puis ministre-délégué du Trésor, puis....
Extraits : « Les ressources importantes en
dinars et en devises dont a pu disposer le pays, pour la première fois dans son
histoire, sont restées, durant des années, en grande partie oisives et
lorsqu’elles ont été utilisées, elles ne l’ont pas été à bon escient et ont
donné lieu plutôt à du gaspillage et à la corruption qui s’est généralisée et a
gangréné toutes les activités » (p
36), « La monnaie peut être ainsi un facteur de prospérité comme elle peut
être à l’origine de catastrophes. Tout dépend de la manière dont elle est émise
et gérée » (p 50), « Lorsque l’endettement extérieur a été
dévoyé et a servi à financer , à des conditions très
onéreuses , des produits de consommation au lieu d’équipements, il a été à
l’origine de difficultés « (p 178)
Avis : Tout est abordé avec pédagogie, ce qui en fait
un instrument de formation et de documentation incontournable : pour les étudiants,
les employés de banque et des
institutions financières, les journalistes, les femmes et les hommes
politiques, les syndicalistes, et pourquoi pas les simples citoyens
Citations : «
La monnaie ne joue complètement son rôle que lorsqu’elle est totalement
convertible » (p 13) , « L’émission de la monnaie est un droit
régalien qui appartient donc à l’Etat, lequel le délègue à la Bc » (p 43), « Il est important d’avoir sa propre
monnaie, mais il est beaucoup plus important de veiller à ce que sa création et
sa gestion se fassent d’une manière rigoureuse » (p 48), « Ce n‘est
pas le crédit extérieur qui est dangereux mais c’est sa mauvaise utilisation
qui le rend dangereux » (p 187)