TOURISME- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- RECIT METREF AREZKI- « MES
COUSINS D’AMERIQUE »
Mes cousins des Amériques. Récit de Arezki Metref. Koukou Editions, Alger
2017, 214 pages, 800 dinars.
Les textes avaient été présentés en « morceaux » par « Le
Soir d’Algérie » . Hélas, c’est un phénomène lié
à la lecture –actuelle- dans notre pays : nous lisons mal notre presse,
nous contentant , la plupart du temps, soit d’un parcours très rapide, des titres (et, bien sûr, ce sont les plus
« accrocheurs » qui prennent le pas) et « en diagonale »
des textes , soit des informations sportives et/ou des mots croisés. D’où , peut-être, car je n’en suis pas sûr, l’ignorance
et /ou l’oubli rapide....sauf chez les amis et les mordus du journal ou de la
signature.
Heureusement, les
« morceaux » sont, aujourd’hui, recollés avec un résultat « magni-fake »., qui se lit d’un seul trait . L’histoire d’ un « road-trip » comme on en a vu rarement dans
notre édition (Peut-être Chawki Amari
avec « Nationale 1 », un carnet de route sur la légendaire route de
2400 km menant de Birmourad Rais à Ain Guezzam, Casbah éditions, 2007 ? Peut-être Reda Brixi avec ses grands
reportages publiés par Le Quotidien d’Oran ?) et qui devrait se multiplier pour faire
connaître certes nos journalistes-écrivains mais aussi et surtout pour mieux (faire) connaître notre
pays et le monde , et sortir nos concitoyens de
l’enfermement culturel .....et idéologique.Hélas, le
road –trip (comme le grand reportage) a un coût de plus en plus élevé, les
grands reporters de presse ont « vieilli », ...et le lecteur veut des
infos toujours plus chaudes et toujours plus proches (micros-trottoirs
, « radars », etc ) .
L’auteur, grand admirateur de Jack Kerouac (écrivain, poète et romancier américain ; un des chefs de
file de la « Beat génération » et des « beatniks », auteur
, entre autres, d’un ouvrage , en 1957, qui avait fait date :« Sur la
route ») , c’est-à-dire bouffé par la « démangeaison du
vagabondage » et élevé , fort heureusement , comme beaucoup d’entre-nous ,
au biberon des mythes de la
« culture de masse » des années 60- 70 , a
réalisé son rêve : partir à la recherche de l’Algérien en Amériques (Usa
et Canada). Il a donc rencontré bien des « cousins » pour la plupart
définitivement installés et , pour beaucoup, partis durant les années 90, les
uns menacés par le terrorisme islamiste, d’autres fuyant le chômage ou , tout
simplement , pour voir si l’herbe n’était pas plus verte ailleurs
.....(« En Algérie, makache the hope, no future ! »). Il a visité des lieux chargés d’histoire (s)
et de culture, racontés certes rapidement, mais avec tous les détails
nécessaires à leur compréhension . D’abord au States
(San Francisco, Bonanza, Silicon Valley,
Salinas, Hollywood, San Diego...) , ensuite au Canada
« Un berbère au pays des Iroquois » : Montréal, Ottawa...) ,
et une virée marathonienne à New York.
L’Auteur : Né en mai 1952 à Sour El –Ghozlane.
Sciences Po’ Alger. Journaliste (El Moudjahid, Algérie Actualité, Horizons,
Nouvel Hebdo, Le Soir d’Algérie...) , écrivain, poète,
auteur de plusieurs recueils de
poésie (4), de nouvelles et de romans (5)
, de pièces de théâtre (5), d’essais (3) ......
Extraits : « S’il y a une chose qui ne fait
pas peur aux habitants de ce pays continent (Usa), c’est bien la distance.
Marcher, rouler, se déplacer à n’importe quelle heure, de jour comme de nuit,
est comme inscrit dans l’Adn. Ils commencent une vie dans un Etat puis, du jour
au lendemain, plaquent tout et vont s’installer ailleurs, à des milliers de
kilomètres de là » (p 51), « L’Amérique m’a appris à ne pas juger
mais à essayer de comprendre » (Un « cousin » d’Amérique, p 62),
« Sans doute, y a –t-il un
savoir-faire américain, une sorte d’ingénierie dans l’art de créer une histoire
avec trois fois rien » (p 65) , « Marcher dans New-York la nuit,
c’est se sentir doublement petit , écrasé par les buildings et la débauche des
lumières » (p 197), « A New York, il faut tout le temps tout
nettoyer, et quand on a fini c’est juste « pas sale »( Andy
Warhol, p 199)
Avis : Du grand, du très grand « grand reportage » !
Citations : « Un
voyage se fait en trois fois. Et chacune de ces fois est différente :1-La première en est la conception. C’est la préparation et
la projection.........2- La seconde fois, c’est le voyage physique, autrement
dit le déplacement........3- Mais pour moi, le meilleur voyage
,c’est le troisième. Le moment où l’on écrit les deux premiers
.... » (p 11), « Où que tu ailles, un Algérien te précède » (p
26), « L’inconvénient concernant l’Algérie, c’est que chaque
interlocuteur (en Algérie) te somme de prendre position. Tu ressors de chaque
entretien avec une étiquette différente. Impossible de sauvegarder cette
distanciation scientifique indispensable à la recherche » (Une
« cousine » d’Amérique doctorante, p 210)