VIE POLITIQUE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAIS AMIN KHAN- « NOUS
AUTRES.... »
Nous autres. Eléments pour un manifeste de l’Algérie heureuse. Essais
sous la direction de Amin Khan. Chihab
Editions, Alger 2016. 211 pages, 1 000 dinars.
Ce n’est ni un « Bilan/Perspectives », ni un ouvrage académique
(encore que....), ni un manifeste
politique (encore que...) mais un ensemble de textes « sans autre objectif
que de donner lieu à une réflexion rigoureuse et à une discussion sereine .. »
Voilà donc un nouvel espace éditorial de liberté qui souhaite réunir
« les réflexions de quelques Algériens libres » .
Avec , cependant , au départ, un constat
: Notre société est prise dans
l’étau de l’archaïsme et de la domination . Et, un espoir : Il
existe un chemin étroit et difficile pour sortir de cette situation
historique . Et, une condition :
Etre capables , en tant que
société, de faire preuve de raison et de volonté . Tout un programme bien chargé mais non irréalisable
venant de contributeurs expérimentés et connaissant les sujets abordés, et
intervenant de façon « libre et indépendante, en dehors de toute
conformité à des discours convenus »
Seize textes, quinze intervenants. Tous essayant de dégager des éléments de réponse ou des éclairages
–aussi faibles soient-ils - pouvant aider à mieux résoudre ,
aussi rapidement que possible, la problématique du développement de l’Algérie
et de l’épanouissement des Algériens .
Une problématique déjà posée par bien d’autres analystes et observateurs
sociaux, à travers des articles et études , des ouvrages
ou des think tanks (plutôt des cercles de
rencontres et de discussions), la continuité faisant, hélas , presque toujours
défaut (certainement en raison des « exploitations » politiques
) , sans parler de la sempiternelle question de la
non-publication et diffusion des résultats enregistrés.
Peut-être, le plus intéressant dans cette initiative, c’est le commencement
par la fin : l’édition et la diffusion......qui nous permettent donc
d’avoir tout de suite le contenu de la démarche de ces nouveaux
« moudjahidine de la pensée » qui abordent, pour certains, assez
crûment et souvent assez (trop ?) sévèrement , les questions. En sériant quatre domaines
essentiels ( la pensée, le travail, la lutte et
l’amour) de l’activité personnelle et sociale pouvant faire émerger une
nouvelle attitude, une nouvelle position, une nouvelle force .
Certainement en raison du début de l’opération « Manifeste de l’Algérie
heureuse », l’ouvrage, nous dit l’auteur de l’introduction, n’a pas eu
l’ampleur envisagée au départ. Bien des sujets, importants, n’ont pas été
abordés, d’où un sentiment d’incomplétude. De plus ,
certaines études sont bien plus monographiques que réflexives. De qualité
cependant !
Les Auteurs : Chawki Amari, Mouanis Bekari, Akram Belkaid,
Ahmed Ben Naoum, Slim Benyacoub, Mouloud Boumghar,
Farid Chaoui, Said Djaafer, Amin Khan, Zineb Kobbi, Nassima Metahri, Malika Rahal, Nedjib Sidi Moussa, Habib Tengour
Une bio-bibliographie des auteurs est présentée
(avec date et lieu de naissance....tous des 1954 et plus (avec une naissance en
82) en fin d’ouvrage....ce qui est assez nouveau ,
donc original et utile pour une meilleure compréhension des styles et des
contenus (assez « engagés »pour ne pas dire militants)
Extraits : « L’Histoire n’avance que par la
connaissance (....). Ce n’est qu’avec la connaissance que l’on peut inventer et produire les moyens de survivre,
de vivre, de créer , de lutter, de refuser le sort assigné aux faibles et aux
dominés » (Amin Khan, introduction,
p 10) , « Sous couvert de remise en cause de la doxa arabo-islamique, le
nationalisme kabyle reproduit toutes les tares de son pendant arabe, en
survalorisant par contraste son profil pro-occidental et pro-israélien, enrobé
dans une rhétorique anti-arabe et anti-palestineinne »
(Nedjib Sidi Moussa, p 73)
Avis : Textes
d’inégale valeur (quantitative et
qualitative) mais tous à lire. Sans exception.
Citations : «
La domination (quelle que soit sa forme, son espace et son temps) repose,
certes, sur la supériorité matérielle des dominants, mais plus fondamentalement
encore sur leur capacité de croire eux-mêmes, et de faire croire aux autres à
leur discours, à leur parole, à leurs concepts, à leurs vérités, à leurs mots
« (Amin Khan , p 18) , « Nous savons protester, nous ne cessons de
le faire, jusqu’à l’exténuement de nos forces, mais nous ne savons plus
lutter » (Saïd Djaafer, p 49), « La liberté
n’est pas forcément un acte, elle est d’abord une pensée » (Chawki Amari, p 112, « Il
n’est pas toujours simple de surmonter l’histoire quand elle écrit les
traumatismes de l’enfance » (Zineb Kobbi, p 198)