CULTURE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-PAMPHLET RACHID BOUDJEDRA- « LES CONTREBANDIERS
DE L’HISTOIRE »
Les contrebandiers de l’Histoire. Pamphlet de Rachid Boudjedra,
Editions Frantz Fanon, Tizi Ouzou,
2017, 400 dinars, 91 pages.
Avec notre Rachid Boudjedra
national (et nationaliste devenu, avec un « âge n’aidant pas », de
plus en plus sourcilleux ), il faut s’attendre à tout
........ce qui peut « révolutionner » le paysage culturel algérien, à
tout moment et en tous lieux, durant ses brusques « montées » en
attaque ou après les « pièges et harcèlements » médiatiques.
Depuis quelque temps, il semble redoubler de « férocité » , se mettant à tirer dans tous les coins et sur tout ce
qui bouge.....surtout ailleurs (en France , tout particulièrement) et alentour
(ce qui vient de France, tout particulièrement) .Parfois , on le comprend......
sans l’approuver . Souvent , on s’en inquiète.
Donc, l’ouvrage est plus d’un simple pamphlet
. C’est un écrit –brulôt (et il le reconnait amplement , p 85), décidé, « pour ne pas mourir de ma
lâcheté » dit-il .... après la
publication , en 2007, du livre de Wassila Tamzali, « Une éducation algérienne », où « elle disculpait son père abattu à Bejaia,pendant
la guerre de libération......» ...et, après la réception en Algérie de Feriel Furon, arrière petite fille du dernier des Bengana, décédé en 1947 et qui a, « toute sa vie, et
avec toute sa tribu de féodaux sanguinaires , torturé, humilié, dilapidé et
assassiné le peuple algérien ». Venue (invitée ?) en Algérie, elle et
son livre « ont été encensés par certains parlementaires algériens, par la
presse....par la télévision de l’Etat algérien, par des libraires serviles
... »
Dans sa large « radiographie
clinique », il y a beaucoup d’ (im-)
patients : B.Sansal, K.Daoud,
S.Bachi, A.Djebar,
(égratignée !) W.Tamzali,
A.Boumehdi (Ali) , M. Zemmouri,
Y. Khadra, L. Salem,
certain(e)s professeur(e)s de français de l’Université d’Alger, Z. Benamadi (de
l’ARAV) , A. Ferhani (d’El Watan)
, H. Bendif (du Conseil national du livre) , A. Mihoubi (et
bien d’autres dans la littérature, la peinture, le théâtre ou le cinéma dont
les réalisateurs de « productions cinématographiques produits sur
commande », des « films-propagande à la guimauve » , et les
« dizaines de peudos « artistes »
algériens (qui) ont rejoint les Sas de l’armée française......Certains de ces
jeunes « jaunes » sont devenus des artistes importants et reconnus
par l’Algérie indépendante », voir 83 )
....... et ,dans le même sac , A. Camus, F. Furon, A. Arcady,M. Onfray........sans
oublier B.H.Lévy, Finkielkraut, E.Zemmour, Bruckner, Glucksmann, R. Menard, J.P Chevènement (et tant d’autres),
les « camarades socialistes français », à leur tête G. Mollet et F. Mitterand, L.
Visconti, Melina
Mercouri, Delacroix......Beaucoup de monde.
Trop de monde ?
Heureusement, il y a F. Yveton , A. Tebboune, S. Bencheikh (de l’Onda) , H’mida Ayachi, A. Fenni, A. Cherif, Omar Ourtilane
, L. Hamina et
bien des « chrétiens , juifs, athées mais algériens jusqu’au bout des
ongles », dont bien d’entre-eux « vivent en
Algérie et sont fiers d’être Algériens » et ..... J-P. Sartre, ,
J . Genêt,Mandouze,
Amos Giataï, Shlomo Sand, Jeanson,
Yves Lacoste,L . Mauvignier,
J. Ferrari, J. Andreas, , Picasso, J . Genêt, P. Guyotat ......Ahh, j’allaiss oubloier ....... S.
Bouteflika qui l’a soutenu publiquement lors de sa mésaventure médiatique avec
El Khabar.
L’Auteur : Né
en 1941 à Ain Beïda (Aurès), études en maths et en
philo. Enseignant universitaire puis, à partir de 1972, il se consacre à
l’écriture. Auteur d’une œuvre considérable , traduite
dans le monde entier.
Extraits : «
La très longue colonisation ottomane de l’Algérie qui dura des siècles a été
celle aussi d’une très grande cruauté, mais comme ces janissaires étaient des
musulmans, leurs crimes leur ont été pardonnés » (p 37) , « Le monde
occidental trop riche et trop pauvre à la fois, a tout empommadé,
tout traficoté, fait de la contrebande avec toutes les valeurs, y compris les
siennes propres que nous , progressistes et laïcs algériens , avions adoptées
avec enthousiame » (p 49) , « Ce qui nous manque
, à nous intellectuels et artistes, pour être efficaces, c’est, peut-être, un
niveau d’enracinement dans la propre conscience de l’individu écrivant ou
peignant , ou réalisant (dans le cinéma ou dans le théâtre), etc . » (p 68), « Si j’ai donc consacré ce
« brulôt »à des contrebandiers de
l’Histoire, c’est pour dire que l’Algérie va mal. Que les Algériens sont
malheureux. Fragiles. Désemparés. Humiliés dans leur fierté nationale par des
larbins et par les nouveaux harkis de l’ère moderne » (p 88)
Avis : C’est
un pamphlet comme annoncé en couverture . Pamphlet : « Petit écrit
satirique agressif dirigé contre quelqu’un , une institution....Libelle »
(Le grand Larouse illustré 2016, p 830). Donc , point d’étonnement connaissant le
« militantisme » et l’ « épidermisme »( sic !) de celui qui reste,
malgré tout, le plus grand de nos
écrivains contemporains de langue.... français...alors, et je l’ai déjà écrit,
« les meilleurs sont aujourd’hui ailleurs ».
Une remarque très personnelle : je ne
pense pas qu’il n’y ait pas d’écrits suffisants –édités en Algérie même- sur le
combat de l’Algérie pour se libérer de l’occupation coloniale ou pour décrire
(à travers des mémoires , des études et
des récits et aussi, des romans)
la vie quotidienne. Il y a en assez (en général en français mais traduits , pour beaucoup ,en arabe) pour occuper bien des
journées de lecture. Certes la qualité n’est pas toujours présente, mais en
attendant, on s’en contente. Mieux que rien ou peu et bien mieux que les ouvrages
édités à l’étranger
Et, des erreurs commises : Kamal
Daoud n’a jamais fait partie du GIA (voir p 86) et Wilfried Muller, dit Si
Mustapha n’a jamais été Secrétaire d’Etat aux Finances (voir p 33) et Amirouche
n’a jamais été cité dans l’affaire de Melouza
(survenue en 57 et non en 56). La rage ou la rancune ou l’amertume ou la
haine ou tout simplement la
précipitation qui transforme l’écrit en
cri, n’a jamais été bonne conseillère !
Citations : « La démocratie est le contraire du mensonge et
des petits arrangements » (p 19), « L’Algérie pour moi n’est pas
un Etat totalitaire mais un système autoritaire et vieillissant où la
corruption est un vrai désastre économique» (p 64) ,
« Notre production artistique manque de finesse, de métaphysique, de
passion et de ....folie » (p 69)