FINANCES- ETRANGER- FMI- ENDETTEMENT MONDIAL
@Richard Hiault/Les Echos.fr,
dimanche 6 janvier 2019
En actualisant ses statistiques, le FMI révèle que l'endettement public
et privé a atteint 184.000 milliards de dollars en 2017, soit l'équivalent
de 225 % du PIB.
L'économie
mondiale n'a jamais enregistré autant de dettes depuis les années 1950. En
actualisant, jeudi, sa base de données statistique, le Fonds monétaire international (FMI) révèle que l'endettement global
(public et privé) des 190 pays qu'il observe a atteint la somme de
184.000 milliards de dollars à la fin de l'année 2017. C'est l'équivalent
de 225 % du Produit Intérieur Brut (PIB) de ces quelque 200 pays. En
moyenne, la dette mondiale dépasse maintenant 86.000 dollars par habitant,
soit plus de deux fois et demi le revenu moyen par habitant. Le secteur privé
dont l'endettement a triplé depuis 1950 constitue le moteur principal du
gonflement de la dette mondiale.
Trois pays
épinglés
Au total, les
trois principaux emprunteurs dans le monde - les Etats-Unis, la Chine et le
Japon - représentent plus de la moitié de la dette mondiale, dépassant leur
part de la production mondiale.
La dette publique et privée atteint des niveaux records
dans le monde - FMI
Par zone
géographique, les pays industrialisés constituent le gros de la troupe. Après
un déclin constant jusqu'au milieu des années soixante-dix, la dette publique y
a augmenté depuis. Signe encourageant, par rapport au pic enregistré en 2009,
leur dette globale a légèrement reflué. La dette privée a poursuivi son
mouvement ascendant. La dette publique a reculé de près de 2,5 % du PIB en
2017.
Les pays
émergents aussi en cause
En revanche, les pays émergents ont vu leur endettement s'accroître. La
Chine est largement à l'origine de ce gonflement. Dans les pays à faible
revenu, le FMI s'inquiète particulièrement de ce phénomène d'endettement. Dans
certains cas, il atteint des niveaux proches de ceux observés lorsque ces pays
demandaient un allégement de leur dette auprès des institutions
internationales. Tant au sein du Fonds que du forum du G20, les leaders politiques n'ont eu de cesse
d'alerter , depuis
plusieurs années, sur les risques de cette situation. Dans les coulisses,
certains ne manquent pas de montrer du doigt les pratiques chinoises dans
certains pays africains avec l'octroi de prêts peu compatible avec la situation
économique du pays.
D'où la demande
insistante des pays regroupés au sein du Club de Paris d'une intégration de la
Chine dans ce cénacle afin d'améliorer la discipline des prêts. « De
manière générale, la dette en Afrique est une problématique qui dure depuis longtemps
et est un produit de l'histoire », a estimé le ministre
chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, à son arrivée jeudi en
Ethiopie. « Elle n'est pas apparue aujourd'hui, et elle
encore moins provoquée par la Chine », a-t-il ajouté.
Risque de
hausse des taux
D'autant plus
qu'avec le resserrement des conditions financières dans de nombreux pays,
notamment la hausse des taux d'intérêt aux Etats-Unis, les perspectives de
désendettement restent incertaines. « Les niveaux élevés de dette des entreprises
et des gouvernements, accumulés au cours de nombreuses années de conditions
financières mondiales clémentes constituent une faille potentielle »,
alerte le FMI. Dix ans après la crise financière mondiale, l'héritage de la
dette excessive reste important souligne l'institution multilatérale.