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Enfance- Entretien El Moudjahid/Khiati (5/01/2019)

Date de création: 06-01-2019 10:58
Dernière mise à jour: 06-01-2019 10:58
Lu: 1521 fois


POPULATION- ENQUETES ET REPORTAGES- ENFANCE-  ENTRETIEN EL MOUDJAHID/KHIATI (5/01/2019)

 

En matière de santé, la baisse du taux de mortalité infantile pour les moins de 5 ans, et de plus en plus pour les moins  d’un an sont considérées comme des acquis importants. L’Algérie occupe la 69e place dans le classement par pays pour ce qui est du taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans ; ce taux est passé de 68 % en 1990 à 36 % en 2010. S’agissant des enfants âgés de moins d’un an, le taux reste à 25 pour 1000 classant l’Algérie à la 141e place avant l’Egypte, la Tunisie, la Syrie et l’Iran. On peut considérer que l’objectif du millénaire est atteint. La malnutrition diminue bien que lentement. Selon l’enquête MICS-OMD publiée en 2008, la situation nutritionnelle des enfants algériens révèle un taux de malnutrition de près de 18 % chez les enfants de moins de cinq ans, dont 106 000 connaissent une insuffisance pondérale, 320.000 souffrent d’un retard de croissance et 83.000 souffrent d’une insuffisance staturo-pondérale. Cette enquête montre une relative amélioration par rapport à une autre enquête réalisée en 2000 laquelle démontrait que le taux global de malnutrition était de 28 % chez les enfants de moins de 5 ans (soit près de 850.000). Troisième acquis pour les enfants : la loi 12-15 sur la protection des droits de l’enfant et l’organe de la protection et promotion des droits des enfants auprès du Premier ministère ; révision du code pénal (2014) , programme d’alerte, disparition , la mise en place du numéro vert 1111 relatif aux maltraitance des enfants…

Déséquilibre !

Néanmoins, ces avancées, aussi importantes soient-elles, ne correspondent pas aux efforts considérables déployés par l’Etat. Au plan de l’éducation, 15 % des enfants quittent l’école avant la fin du cycle primaire. L’Unicef estime même que 27,2 % des enfants de moins de 15 ans sont analphabètes.
Au plan santé, les ruptures fréquentes de vaccins et médicaments divers mettent en danger la santé de ces derniers et créent un dysfonctionnement dans le programme national de vaccination.
Au plan nutritionnel, l’absence d’une politique d’éducation sanitaire est derrière le recul constant de l’allaitement maternel : moins de 13 % des enfants de moins de 6 mois sont allaités au sein. À cela, il faut ajouter que 20 000 enfants décèdent avant leur naissance en Algérie et qu’environ 20 000 autres avant d’avoir atteint leur première année. La couverture sanitaire n’est pas équitable comme en témoigne le fort taux de décès de femmes en couche dans les zones excentrées, des Hauts Plateaux et du Sud. Sur les autres plans, on peut considérer qu’il y a peu d’efforts ou que la situation piétine faute d’une action efficiente. Par ailleurs, plus du quart de nos enfants sont victimes de maltraitance (enquête Forem 2003 : 27 % ; enquête Unicef 2009 : 22,5%).
Le nombre réel de maltraitance est difficile à calculer mais on peut arrêter un chiffre minimum de 50.000 cas/an. Dans ce cadre, les agressions sexuelles deviennent un véritable phénomène de société, leur nombre a été estimé à prés de 10.000 en 2010.
Les enfants victimes souffrent dans le silence. Les tabous empêchent leur dénonciation facile car 80 % des ces actes sont enregistrés dans le milieu familial. Le problème des enfants X dont le nombre est estimé entre 3000 et 5000/an fait toujours l’objet d’un traitement très discret de la part des pouvoirs publics, ce qui n’apporte aucune solution.

15 000 enfants présentés devant les tribunaux chaque année

Il est urgent pourtant de renforcer le traitement de ce problème à ses deux extrémités : éducation sexuelle en aval et assouplissement des procédures de Kafala ainsi que l’identification ADN systématique des géniteurs en amont. Le travail des enfants reste un des dossiers les plus lourds dans notre pays. Le nombre d’enfants qui travaillent de façon permanente et qui ont abandonné les bancs de l’école dépasse les 350 000.
Des cas de pires formes de travail, même s’ils ne sont pas nombreux, ont été enregistrés et nécessitent un dépistage systématique comme cela est le cas des enfants qui travaillent la nuit, qui travaillent dans les sablières, qui effectuent des travaux dangereux ou qui sont exploités dans les réseaux de prostitution. Plus de 25% des jeunes ont touché à la drogue et 3 % la consomment régulièrement.
La situation reste préoccupante, et les efforts déployés sont loin de correspondre à la gravité du phénomène. 20 000 enfants de la rue sont en rupture totale avec leur milieu familial devenant, de ce fait, des SDF et ne bénéficiant que de peu de sollicitude de la part de la société. Le temps libre des enfants algériens n’est pas pris en charge ce qui fait d’eux des oisifs et exposés donc aux nombreux dangers sociaux. La famille, l’école, les directions de la jeunesse et des sports (DJS) et les collectivités locales devraient s’impliquer davantage pour y remédier car aujourd’hui à peine 2 % d’enfants scolarisés pratiquent une activité sportive au sein d’un club ou d’une fédération. Les enfants sont dans la rue pendant une majeure partie de leur temps, sachant que beaucoup de parents travaillent donc. Les enfants plus grands suivent les plus téméraires mais aussi les plus déviants d’où leur implication de plus en plus fréquente dans des actes de violence. Plus de 15 000 enfants sont présentés devant les tribunaux chaque année, impliqués notamment dans des affaires de violence sur autrui et de vols. Ils sont en général âgés de 12 à 16 ans. Sur le plan des méfaits de internet, on notera la mise en place d’un organe de veille et d’alerte».