CULTURE- SITES- ARCHEOLOGIE- AIN BOUCHERIT(SETIF)
La wilaya
de Sétif est devenue en 2018 le carrefour des paléoanthropologues, après avoir
inscrit la région d'Ain Boucherit dans la short-list des sites catalogués comme berceaux de l'humanité,
disputant la première place à la région éthiopienne de Gona,
vieille de 2,6 millions d'années. C'est à la faveur de la découverte d'outils
lithiques en pierre taillée et d'ossements fossiles d'animaux remontant à 2,4
millions d'années sur le site d'Ain Boucherit, dans
la commune de Guelta Zergua,
à une trentaine de kilomètres à l'est de la capitale des hauts plateaux, que
Sétif et par ricochet l'Algérie, ont suscité dernièrement l'intérêt des
scientifiques.
La publication des résultats de recherches dans la prestigieuse revue
américaine Science, éditée par l'Association américaine pour l'avancement de la
science (AAAS), le 29 novembre dernier, a non seulement fait d'Ain Boucherit (Sétif) et de l'Algérie le berceau de l'humanité
mais «contraint» également historiens et archéologues à revoir leur copie en ce
sens et à remettre en question le lieu d'origine de la plus ancienne occupation
humaine en Afrique du Nord. Selon une note de presse élaborée par Mohamed Sahnouni, directeur du projet de recherche
paléoanthropologique dans la région d'Ain Hanèche
(Sétif), menée à l'aide d'une équipe internationale et multidisciplinaire, le
site Ain Boucherit est désormais le deuxième site
archéologique le plus ancien d'Afrique et du monde après celui de Gona en Ethiopie, ce qui prouve que l'ancienneté du
peuplement préhistorique de l'Algérie remonte à l'aube de l'humanité. Tout en
contribuant à lever le voile sur les débuts de l'humanité toute entière, Ain Boucherit est ainsi devenu l'un des rares sites archéologiques
en Afrique à avoir livré un important échantillon de traces de boucherie grâce
à la découverte d'outils permettant de connaître les comportements
d'acquisition de subsistance animale par des hominidés il y a de cela 2,4
millions d'années. Ces découvertes ont également mis en exergue, selon cette
note de presse, que «l'utilisation efficace d'outils taillés, à bord tranchant
en forme de couteaux, suggèrent que nos ancêtres n'étaient pas de simples
charognards'', relevant que «les preuves d'Ain Boucherit
montrent sans ambiguïté que ces même humains concoururent les carnivores et ont
eux-même eu un premier accès aux carcasses animales
pour en extraire la viande ou la moelle''. Avant de procéder à ces découvertes,
peu de choses étaient connues sur la plus ancienne présence humaine en Algérie
et en Afrique du Nord, alors qu'aujourd'hui, «le site d'Ain Boucherit
suggère que des fossiles des premiers hommes et les témoignages de leur culture
matérielle, aussi vieux que ceux documentés en Afrique orientale, pourraient
être découverts en Algérie'', est-il précisé.
De son côté, la directrice du Musée national de Sétif, Chafia
Khalfallah, a fait savoir qu'avant ces découvertes
récentes, de nombreux sites et antiquités de la période préhistorique, répartis
dans la région de Sétif et ses environs avaient préalablement mis en exergue
des traces de la présence de l'homme dans la région datant d'il y a au moins
1,3 million d'années. La responsable a rappelé, à cet effet, la
découverte, par le passé, de restes d'ossements humains et d'animaux,
d'outils en silex, des inscriptions sur pierre et autres vestiges dans la
région d'Ain Hanèche et Ain Boucherit
à l'est de Sétif, à Medjez, Mezloug
et Kef Zimam au sud de Sétif.
Un gisement Oldowayen dans la région
d'Ain Hanèche
Révélé en 1947 par Camille Arambourg (1885-1969) aux
cours de recherches paléontologiques menées dans la région sétifienne,
le gisement Oldowayen (une industrie lithique du
paléolithique inférieur) d'Ain Hanèche, qui avait
permis de mettre en évidence que l'occupation humaine en Afrique du Nord
remontait à au moins 1,8 million d'années, était considéré comme le plus ancien
gisement archéologique d'Afrique du Nord.
C'était avant les fouilles d'Ain Boucherit menées par
Mohamed Sahnouni et son équipe, et dont les
découvertes ont repoussé d'environ 600.000 ans en arrière l'arrivée des
hominidés dans la région. A noter que cette découverte majeure est intervenue
dans le cadre du projet de recherche effectué, depuis 2006 par l'équipe de Sahnouni, sur le site paléontologique d'Ain Boucherit, associant des chercheurs du Centre national de
recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques d'Algérie (CNRPAH),
du Centro Nacional de Investigacion
sobre la Evolucion Humana
d'Espagne (CENIEH), avec la collaboration des chercheurs de Griffith University (Australie) et des Université Sétif 2 et Alger2
notamment.