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Roman Azzedine Mihoubi- "Irhabistan"

Date de création: 27-12-2018 11:10
Dernière mise à jour: 27-12-2018 11:10
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CULTURE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN AZZEDINE MIHOUBI - « IRHABISTAN »

Irhabistan. Roman de Azzedine Mihoubi (traduit de l’arabe par Ali Tahir) . Casbah Editions, Alger 2018, 800 dinars, 286 pages

 

Un thème (d) étonnant mais d’actualité. Un thème, avec ses démonstrations extérieures,  que le monde actuel , et ceci depuis un peu plus d’un siècle, vit et subit : les guerres, les violences, les révolutions, les dictatures, les massacres, les grands trafics d’armes et de drogue, les mafias, le racisme, le terrorisme et le contre-terrorisme, les intolérances........Une liste bien longue aux sujets (d)écrits maintes et maintes fois par les victimes (surtout) comme par les coupables (lorsqu’ils échappent à la fureur des peuples...et décèdent naturellement et tranquillement (c’est rare) dans leur lit)  ainsi que par les observateurs sociétaux que sont les journalistes , les analystes, les intellectuels et les philosophes.....Et, ça continue de plus belle !

L’auteur a, donc, face à tous ces échecs, voulu certainement apporter sa pierre à l’édifice réflexif en inventant une cité « idéale » (sic !) :Une île, « Irhabis », perdue quelque part dans l’océan Atlantique du côté des Amériques , regroupant quasiment tous les plus grands et les plus terribles « destructeurs de l’humanité » (je n’ai pas trouvé le terme idoine, celui qui pourrait contenter tout le monde ) que la terre ait jamais connus . Des bourreaux ,des tyrans et des terroristes pour certains,  des héros et des révolutionnaires pour d’autres parmi  les plus célèbres de l’(in- ?) humanité......vivant dans une « banlieue oubliée », un « Irhabistan » ....De tous les horizons, de tous les temps, de toutes les idéologies , de toutes les races, de toutes les couleurs  et de toutes les confessions. On y retrouve donc ,copains-coquins, Hitler, Staline, Pol Pot, Pinochet, Saddam, Franco, Mussolini, Ulrike Meinhoff, Al Capone, des kamikaze, des terroristes de toutes obédiences, le Che (et son assassin Mario Tiran) ,  Chamil Bassaiev, Batista, Idi Amine, Kadhafi, Ceausescu,  Salazar, Batista, Oncle K , Ben Laden, Pablo Escobar, Abou Qatada,  Bob Denard, les mercenaires, les Kmers rouges, Bokassa, Zawahiri, Imelda Marcos, Goebbels (qui dirige le journal de l’île...et dont la devise est : « lire une fois et croire mille fois » )........Manquent les Bush, Bigeard, Massu et leurs paras. Ouf ! aucun gouvernant algérien...sauf les gens ayant fait partie du Gia. La fête nationale : le 11 septembre. L’étendard : une pièce d’étoffe noire frappée de deux roses rouge et d’une épée blanche (à noter qu’il n’ y pas de vert, ni de croissant , ni d’étoile !) . Unité monétaire : le Douchka . L’hymne : « Le  crépuscule des Dieux » de Wagner  , l’air favori d’Hitler. Il y a , bien sûr, une Constitution. Globalement, tout ce qui était interdit ou inaccepté  ici- bas est permis là-bas, chacun dans sa spécialité et sans interférer dans les affaires des autres. Dans la cohabitation pacifique la plus totale.....Sans rancune. ......Tout cela avec une devise : « La force, jamais ». Une vie en concorde, et la tolérance  dans le respect mutuel, nul ne pouvant imposer quoi que ce soit à l’autre par la force. Et, pas  de prison car « les prisons sont les armes des faibles »

Bien sûr, l’île, bien qu’isolée et éloignée,  est assez demandée par les touristes.....comme si les « damnés » d’hier ont cette tendance maso qui leur fait « admirer » leurs bourreaux.    Cette fois-ci, c’est toute une délégation de journalistes venant de plusieurs pays (dont un Algérien spécialisé dans la biographie de personnalités politiques) qui débarque .....et, de visite en visite, de question en réponse lors des entretiens, c’est tout (ou presque tout) le côté obscur, sombre, tragique, douloureux de l’histoire « moderne » de l’homme qui est dévoilé .

Rêve, fiction et faits réels (vécus par tout ou parties de l’humanité)  se mêlent pour saisir le passé lointain ou récent , surtout celui amer et tragique. Cependant, on reste toujours sur sa faim......ne sachant pas où finit l’action révolutionnaire (ou démocratique) et où commence le terrorisme (ou la dictature)......L’auteur lui-même n’arrivant pas à se départager....Le poids encore pesant du « tiers-mondisme » et du « révolutionnarisme » !

 

L’Auteur : Né en 1959 à Ain Khadra, du côté de M‘sila. Diplômé de l’Ena........Journaliste (amoureux de football) , écrivain, poète , dramaturge ...... un certain moment directeur de l’Information à l’ENTV du temps de HHC,  député (Rnd) , secrétaire d’Etat à la Communication, directeur de la Bn, président du Haut Conseil de la langue arabe........ actuellement ministre de la Culture (depuis 2015). Son roman « Confessions d’Assekrem » (Un roman-fleuve de 545 pages , associant réalité et fiction.... Tamanrasset durant les années 2030-2040,  ) …….alors traduit de l’arabe par Mehenna Hamadouche,  paru en 2010 chez Casbah  éditions,  avait été présenté in « Mediatic » du  7 septembre 2012

 

Extraits : « Si vous pensez aux 3 034 victimes des tours jumelles du World Trade Center de New York, vous n’avez qu’à comparer le nombre des victimes de l’Amérique à travers le monde ; s’agirait-il de mouches pulvérisées par insecticide ou par les bombardiers B 52 ? » (p 42),  « Quant tu réfléchis seul à l’intérieur d’un bunker souterrain, tu n’entendras que toi-même, mais si tu réfléchis en présence d’autres sons, soit tu tires ton révolver et fais taire toutes les voix, soit tu laisses ces sonorités te traverser l’esprit et tu serais alors hanté par le dictateur, le terroriste, le tueur professionnel, le révolutionnaire imprenable, le conspirateur contre l’Etat et le trafiquant d’armes et de drogue » (p 193)

Avis : Etrange sujet, étrange livre.....Beaucoup de patience pour le lire ........et, surtout, comprendre sa philosophie. Mais n’oubliez pas que l’auteur est  (aussi et peut-être, surtout) un poète...à la vaste culture.

Citations : « Chaque peuple a une mémoire sanglante » (p 50), « Lorsqu’Eve demanda à Adam de manger du fruit interdit.....c’était le premier acte de suicide, parce qu’ils ont été chassés du Paradis » (p 51)  « Lorsque nous affrontons la mort, nous sommes des héros mais si nous l’ évitons nous resterons de simples politiciens  et combien ils sont nombreux les politiciens qui ne veulent pas être des héros sur leurs sièges cossus » (p 118), « Celui qui joue au ballon ne peut pas se mesurer à celui qui s’emploie à changer le globe terrestre » (p 127), »L’Histoire n’est pas une voiture que l’on pousse vers l’arrière » (p 129), « Lorsque nous gouvernons, nous commençons en anges et nous finissons en diables, nous promettons aux gens le Paradis et ils finissent en Enfer... » (p 180)

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Les transferts de fonds de la diaspora algérienne sont de loin inférieurs à ceux captés par de nombreux pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), selon la Banque mondiale.