FINANCES- MONNAIE- RAPPORT BA 2018
Les réserves de changes de l’Algérie ont
connu une érosion de 15,21 milliards de dollars entre fin 2017 à fin novembre
2018, passant de 97,33 à 82,12 milliards de dollars, a indiqué, en séance
plénière à l’APN, fin décmebre 2018, le gouverneur de
la Banque d’Algérie présentant le rapport de son institution.
Même si ces réserves se situaient à un niveau «relativement élevé», leur
baisse «ne pourra se poursuivre à moyen terme», met en garde Mohamed Loukal, préconisant une réelle diversification économique
ainsi qu’un meilleur développement des exportations hydrocarbures qui «ont
enregistré un recul de 8,7% durant les 9 premiers mois de 2018, contre 2,3%
pour la même période de 2017. Relevant également la poursuite de la hausse des
importations en marchandises, le premier responsable de la BA le lie, entre
autres, au niveau élevé des importations des produits alimentaires (6,29
milliards de dollars en 2018), ainsi que la baisse des importations en
équipements industriels (9,21 milliards USD). Abondant en chiffres, M. Loukal a indiqué que pour les trois premiers trimestres de
2018, la balance des paiements a connu un déficit de 10,42 milliards USD.
D’autre part, le gouverneur de la BA annonce que le montant des titres émis
dans le cadre du financement non conventionnel, lancé fin 2017
suite à l'amendement de la loi relative à la monnaie et au crédit, s'est établi
à 4.005 milliards DA à fin septembre 2018, précisant qu’une nouvelle demande de
financement de 1187,2 milliards DA, qu’il qualifie de «non exploités à ce
jour», a été inscrite en novembre dernier. Ce montant «sera destiné dans sa
totalité au Fonds national d’investissement (735,2 milliards DA), et à hauteur
de 452 milliards DA pour la Sonatrach». Le rachat,
par la BA, des dettes du Trésor à hauteur de 9,4 milliards DA, représente,
quant à lui, des compensations du différentiel sur les prix des carburants
cumulés entre 2012 et 2014 et contribuera au financement partiel du programme
d’investissement de Sonatrach. Dans la même optique,
M. Loukal relève que du total sus cité, une part de
1.470 milliards DA est destinée à couvrir le déficit du Trésor public, et 2.264
milliards DA aux fins de financer la dette publique. Enchaînant, il souligne
que le taux de financement non conventionnel par rapport au produit intérieur
brut (PIB) représente près de 28%. Sur sa lancée, il indique que le mois de
janvier à lui seul a connu une émission de 1.400 milliards DA, dont 900
milliards DA par la BA comme avance destinée à couvrir partiellement le déficit
du Trésor public et 500 mds de DA représentant une affectation octroyée à la
Caisse nationale des retraites (CNR) à l'effet de régler ses dettes envers la
Caisse nationale des assurances sociales.
Sur sa lancée, il passe en revue les différentes
étapes qu’a connues la valeur du dinar, relevant une «stabilité relative» entre
juillet et septembre, une période durant laquelle la monnaie nationale a connu
un recul de 0,08% par rapport à l’euro et 0,27% par rapport au dollar. Toujours
dans le volet monétaire, M. Loukal note la baisse de
part des billets passant de 32,9 % en décembre 2017 à 30,8% pour la même
période de 2018.
En dépit de cette baisse, ajoute-t-il, la part des billets dans la masse
monétaire reste importante, avec quelque 5.000 milliards de dinars. A ce sujet,
le premier responsable de la BA rebondit sur l’argent circulant hors circuit
bancaire. Pour lui, le système bancaire est interpellé à se déployer à
capter et canaliser toute épargne potentielle aux fins de réduire la liquidité
monétaire en circulation, notamment informelle, et d’instaurer la confiance
avec la clientèle épargnante dans un cadre d’une relation bancaire
professionnelle et sereine. Et M. Loukal de rappeler
que l’inclusion financière, à travers une bancarisation soutenue la plus large
possible appuyée par des politiques de collecte de la ressource auprès des
acteurs économiques et des ménages, a de tout temps été le principe directeur
soutenant les axes de modernisation et de développement du système bancaire et
de croissance de l’économie nationale. Sur le même sujet, le gouverneur de la
Banque d’Algérie a indiqué que le capital minimum requis des banques a été
doublé pour passer à vingt milliards de DA contre dix milliards de DA, tandis
que le capital minimum requis des établissements financiers passe à 6,5
milliards de DA contre 3,5 milliards de DA, sachant que la précédente décision
d’augmentation du capital minimum exigé date de décembre 2008. Cet ajustement
du capital minimum «ne préjuge en rien de la solidité du système bancaire
algérien, dans son ensemble, de ses capacités de résilience déjà éprouvées face
aux chocs externes, et de sa relative rentabilité», a relevé le gouverneur de
la Banque d’Algérie devant les dirigeants de la place bancaire et financière. A
cet égard, un délai de deux années est accordé aux institutions concernées pour
se conformer à cette exigence réglementaire. Bifurquant sur la finance
participative, M. Loukal a rebondi sur le règlement
relatif aux conditions d’exercice, par les banques et établissements
financiers, des opérations bancaires relevant de la finance participative
portant sur les produits financiers conformes à la charia, examiné et approuvé
par le Conseil de la monnaie et du crédit (CMC). Ces produits, dit-il, sont la
«Mourabaha», «Moucharaka»,
«Moudaraba», «Ijara», «Istisna’a», «Salam», ainsi que les dépôts en comptes
d’investissement. Et précise que la mise en place de guichets dédiés à la
finance participative devrait s’articuler autour de trois principes
fondamentaux : la graduation dans l’application, la consultation dans
l’élaboration et l’inclusion de l’ensemble des acteurs économiques et
sociaux.