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Rétinoblastone

Date de création: 15-12-2018 18:19
Dernière mise à jour: 15-12-2018 18:19
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SANTE- MALADIE- RETINOBLASTOME

Exclusivement infantile, le rétinoblastome est en nette progression ces dernières années. C’est une tumeur maligne qui prend forme à l’intérieur de l’œil chez l’enfant âgé entre 0 à 3 ans. Elle survient à partir des tissus embryonnaires censés disparaître après la naissance. Autrement dit, les tissus vestiges donnent le cancer de la rétine. Selon le Pr Ouhadj Ourida, chef de service d’ophtalmologie au CHU Mustapha-Pacha (mi-décembre 2018)  il existe deux classes de rétinoblastome, l’unilatéral quand la tumeur affecte un seul œil et le bilatéral pour les deux yeux atteints. La prise en charge de ce cancer est à la fois spécifique et multidisciplinaire. Ce cancer est traité simultanément en oncologie pédiatrique et en ophtalmologie. La détection tardive de cette tumeur compromet le pronostic visuel. L’œil infecté est généralement retiré quand la taille de la lésion est égale ou supérieure au globe oculaire. L’ablation chirurgicale de la “vue” est préconisée, en fait, pour éviter les métastases vers d’autres organes. L’amputation de l’œil met l’enfant dans une posture des plus dramatiques et fait en même temps plonger sa famille dans une situation émotionnelle bouleversante. Ce constat affligeant est partagé aussi bien par les onco-pédiatres que par les ophtalmologistes. Jusqu’en juin 2016, les enfants souffrant de rétinoblastome sont transférés à l’étranger pour bénéficier d’un traitement conservateur pour le deuxième œil indemne. “Ces enfants ont été, au début, soignés en France, ensuite en Suisse et en Jordanie pour subir des soins pendant une longue période”, précisera Pr Ouhadj. Il faut savoir au passage que la prise en charge d’un enfant s’élève à plus de 150 000 euros. Ce montant couvre les frais d’un traitement lourd qui s’étale sur 6 mois, avec une moyenne d’une séance chaque mois. Mais depuis l’acquisition de l’équipement nécessaire et sa mise en marche dans le service du Pr Ouhadj, soit le 29 juin 2016, les malades sont pris en charge en Algérie, soit au niveau de Mustapha- Pacha ou au CHU Nafissa-Hamoud, ex-Parnet. “On reçoit des enfants de toutes les régions du pays. Ils bénéficient des cures spécifiques. Le malade subit d’abord sa chimiothérapie chez Pr Gachi au CMPC, ensuite il revient au service pour la suite de la cure”, expliquera encore Pr Ouhadj. Il faut savoir que les prédispositions génétiques influent sur la survenue du rétinoblastome. “Il a été prouvé génétiquement que le rétinoblastome qui touche les deux yeux (bilatéral) est héréditaire, mais les formes familiales sont rares. Autrement dit, la mutation n’est pas forcément confirmée chez la mère ou chez le père, elle peut être exprimée chez les grands- parents. C’est ce qu’on appelle des sauts de génération. Parfois, la mutation survient chez le père, mais elle ne s’exprime pas, la mutation s’est exprimée chez l’enfant”, expliquera Pr Gachi Bey, responsable de l’unité onco-pédiatrique au CPMC. Selon une étude rétrospective couvrant la période allant du 29 juin 2016 au 29 juin 2017 menée au service d’ophtalmologie du CHU Mustapha-Pacha, pas moins 136 enfants souffrant de rétinoblastome ont été pris en charge. Ce chiffre inclut aussi les 72 nouveaux cas enregistrés ainsi que les enfants qui ont déjà bénéficié des soins à l’étranger, en Jordanie notamment. L’étude a conclu que les cas unilatéraux représentent 60% des cas et les bilatéraux 40%. L’âge moyen des malades est de 24 mois pour l’unilatéral et de 12 mois pour le bilatéral. Selon la même étude, les rétinoblastomes bilatéraux qui ont subi une intervention chirurgicale d’ablation représentent 3% sur les 136 enfants, 5 enfants qui ont totalement perdu la vue. Le taux de prévalence de cette maladie est de 1 cas pour 17 000 naissances. “Le globe oculaire enlevé est remplacé par un implant intra-orbitaire qui permet l'adaptation d'une prothèse oculaire.” La prévention reste la clef de toute stratégie thérapeutique. Pr Ouhadj recommande ainsi aux parents d’être vigilants devant le moindre signe d’appel, notamment le strabisme ou le leucocorie (la pupille blanche), puisqu’un simple strabisme peut révéler un rétinoblastome. “Il ne faut jamais négliger un strabisme, il faut aller consulter un ophtalmologue. Le fond d’œil doit être systématique chez les enfants strabiques. Quand on ne diagnostique pas au stade de strabisme et de leucocorie (la pupille blanche), le mal sera difficile, voire impossible à juguler”, conclura Pr Ouhadj.